Il n’aura pas dérogé à la règle. Le député de la Cedeao Guy Marius Sagna s’en est vivement pris aux Chefs d’Etat de l’institution ce 21 juillet au Nigéria lors de la session du Parlement de l’organisation sous-régionale. Sacré Guy. Il a usé d’un ton et de mots qui ont dérangé y compris parmi ses paires. D’où la vive réaction de la représentante de la Côte d’Ivoire qui n’a pas pu supporter la diatribe de Guy. S’en est suivie alors une vive altercation et une suspension de la séance.
Qui plus est, dans un communiqué, le Parlement a fustigé cette attitude du député sénégalais estimant qu’elle rompt d’avec les traditions de courtoisie et de respect qui ont toujours guidé l’institution. Le Bureau qui parle de « dérives » a ainsi lancé un appel à plus de considération et de retenue pour faire prévaloir l’esprit de l’organisation bâtie sur des valeurs d’entente cordiale et de courtoise dans l’intérêt supérieur des populations. Si nous comprenons ces réactions d’hostilité contre le député sénégalais, nous tenons à faire remarquer qu’un député n’a pas exactement les mêmes fonctions et responsabilités qu’un Chef d’Etat ou un ministre.
Il a un rôle de veille, de contrôle et de critique envers les dirigeants. Il n’est pas astreint à une obligation de soumission. Cependant, il doit rester toujours courtois et respectueux. Mais cette obligation ne doit pas l’obliger à être docile ou forcément coopératif là où il sait qu’il y a des choses à corriger. Malheureusement pour le Parlement de la Cedeao, Guy ne connaît que ce type de comportement. Il n’est pas irrespectueux mais il est très critique. C’est ce qui lui avait valu plus de trente arrestations dans son pays avant qu’il ne soit député. Or, beaucoup de ses homologues n’ont pas forcément cette culture de la dénonciation. Ils ne peuvent pas alors comprendre la nature du ton encore moins le contenu du discours.
Or, tant que Guy sera au Parlement de la Cedeo, son discours ne va pas varier. Il urge alors que la Cedeao le laisse dire ce qu’il pense et que lui aussi fasse l’effort de baisser davantage le ton et d’éviter certains mots crus. Toutefois, il n’est pas question, au nom de je ne sais quelle courtoisie, de museler un député en lui indiquant la direction où il doit regarder.
Assane Samb