Elles sont lourdes les charges contre Ousmane Sonko. Le leader du Pastef qui aurait entamé une grève de la faim a été arrêté ce vendredi. Le Procureur de la République a organisé un point de presse pour s’expliquer sur les raisons de cette arrestation. Ainsi, de nombreux chefs d’inculpation ont été mis en avant notamment l’atteinte à la sûreté de l’Etat, le complot contre les institutions, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, etc. Sept chefs d’accusation présentés au public. L’homme sera présenté au juge d’instruction ce lundi. Et il risque le mandat de dépôt, l’ouverture certaine d’une information judiciaire, etc. Le pire est que le Parquet avance le fait que cette condamnation n’a rien à voir avec la condamnation par contumace. Et qu’il n’a pas été arrêté pour cela. Ce qui sous-entend que la condamnation par contumace serait toujours valable.
En tout état de cause, Sonko fait face actuellement à trois procédures de justice dont certainement la plus poignante vient d’être ouverte contre lui. Une entrave certaine à sa candidature pour 2024 et une réelle remise en question du projet Pastef. Tout indique en effet que c’est le projet Pastef lui-même qui fait peur. Car, dans sa réaction contre les autorités pour les deux premières affaires judiciaires, Ousmane Sonko a clairement opté pour la résistance, c’est à dire la bataille politique par la mobilisation de la rue.
Dans cette optique, on parle « Mortel Combat », de « Forces spéciales », de « Commandos », de « Combat final », toutes choses qui renvoient à des organisations criminelles subversives dont le but est de porter atteinte à la sécurité publique et la stabilité de l’Etat. Et toutes ses activités pour lesquelles des personnes ont déjà été arrêtées seraient liées au projet Pastef lui-même. C’est pour cela que le projet fait peur. Il a d’ailleurs jusqu’ici opté de ne pas faire travailler ses avocats dans ses procès. Or, une telle option a eu pour conséquence de le pousser dans une logique de violence qui n’a d’ailleurs pas été dissimulée. Loin s’en faut. Se faisant, il donne l’occasion à l’Etat de le poursuivre pour cela.
En clair, si la résistance échoue, Sonko et le projet Pastef vont lourdement en pâtir. Non seulement Sonko risque un long séjour en prison mais son parti déjà en proie à une réelle purge de ses éléments les irrédentistes, aura du mal à survivre à cette pression. Une situation de guerre politique sans précédent entre un pouvoir et son opposition dans notre pays.
Ce n’est pas d’ailleurs étonnant qu’au niveau du parti, l’organisation de la résistance est toujours d’actualité même si le bateau prend de l’eau de tous les côtés. Une situation regrettable qui aurait dû être évitée depuis longtemps si la politique se faisait toujours par des moyens conventionnels.
Malheureusement, sous nos cieux, les batailles politiques sont encore l’occasion d’un déferlement de passion dont les principales victimes sont surtout d’innocentes personnes.
Assane Samb