C’est sans langue de bois que le Pr Amsatou Sow Sidibé a parlé à Rewmi Fm, lors de l’émission « Grand oral.» Interpellée sur les récentes nominations lors du Conseil supérieur de la magistrature, elle a fait un cours magistral sur la dignité à laquelle doit s’adosser le magistrat dans l’exercice de sa fonction. Par ailleurs, elle a plaidé pour la suspension de l’organisation de Miss Sénégal.
J’ai vu que la Constitution va être à nouveau réformée pour réintroduire le Premier ministre dans les Institutions de la République. Sans doute, il y a eu des problèmes car un Premier ministre pour le Sénégal est utile. Il sert de relais entre le Président et les membres du gouvernement. Nous avons senti que le Président, avec ses multiples tâches, n’était pas en mesure de coordonner l’activité du gouvernement. Il y a eu un déficit qui s’est ressenti au niveau de l’éducation, la santé, le transport avec ses projets qui ont tardé à émerger. Evidemment, il n’y a pas eu de Fast Track. C’est l’effet inverse qui s’est produit. Il y a eu énormément de retard, de cafouillages parce qu’il y avait absence de coordination pour la mise en œuvre des orientations faites par le président de la République.
Ce qui est sûr, c’est que beaucoup de ministres actuels n’ont pas la tête à l’œuvre. Et je me demande s’il est préférable de changer avant les Locales. Les populations sont fatiguées et donc il faut des actions directes : le transport, la santé, l’agriculture, la pêche, les jeunes reprennent la direction de « Barsa ou barsax. » Peut-être que quelque chose marche, mais il y a des urgences. Les violences faites aux femmes sont là et il faut se concentrer.
Cela ne devrait pas être. Parce que le Magistrat n’est pas n’importe qui. C’est quelqu’un qui doit juger en toute dignité et Dieu a son orbite. Il faut trembler en prenant une décision. On ne doit pas se faire de problème et un magistrat qui n’a pas été servi sur un plateau d’argent ne doit jamais accepter de brader sa dignité pour quelques raisons que ce soient. Jamais. Alors à partir de ce moment, le Ministre de la Justice doit se battre pour que cela règne. Il faut qu’il refuse de s’impliquer dans les décisions de justice. Tout le monde doit respecter les institutions, spécialement les acteurs politiques. Leurs missions est de diriger un jour ce pays. C’est fondamental car si nous ne ne les respectons pas, nous ne respecterons rien. Les fondements de la gouvernance et de la gestion de notre pays, ce sont les institutions. Sinon tout risque de s’écrouler.
C’est très sérieux cette situation et on ne sait pas où cela peut nous mener. Nous devons aujourd’hui repenser ce qui est en train de se passer. L’administration doit être neutre. Par exemple, dans le cadre des Locales, l’administration a outrepassé ses pouvoirs et s’est érigée en juge ou en observatoire. Du jamais vu. Quand l’administration dit cela à une coalition, ce n’est pas son rôle car il y a une commission au sein de la Direction générale des élections qui fait ces arbitrages. On ne rejette pas. C’est le cas des symboles. L’administration n’a pas le droit de dire « dégagez ». Elle doit être neutre et elle doit mettre à l’aise l’administré. Les relations doivent être des relations de convivialité, de neutralité et au service de l’administré afin qu’il soit dans son bon droit. L’administration ne doit pas s’ériger en censeur et montrer qu’elle est très proche de tel ou tel parti. En tout cas, ce n’est pas bien ?
A ce propos, avec Miss Sénégal 2020, l’organisatrice fait l’objet de plusieurs plaintes. Je crois qu’on doit au moins suspendre l’événement. Revoir, réfléchir pour pouvoir apprécier. Mettre fin ou alors converser, mais en réorganisant absolument. Il y a autant de drames racontés et par rapport à nos filles qui sont des victimes. Il y a quelque chose à faire dans la plus grande urgence. Cette élection, d’après ce que nous avons connu, livre nos filles à la débauche et cela doit prendre fin. Il faut un retour aux valeurs. Battons-nous pour que nos filles cherchent le savoir et soient compétentes. Mais cela ne peut se faire qu’avec la contribution des hommes. Les femmes ne peuvent rien sans les hommes. Il faut gérer cette situation et suspendre, pour le moment, tout en aidant les filles en général. Nos filles paraissent perdues. Nous sommes dans une société particulièrement déstabilisée.