Une alliance est annoncée entre Macky et Idy aux futures élections locales qui sont prévues, en principe, en janvier 2022 malgré les protestations de l’opposition qui les voulaient en décembre 2021.
Une alliance entre Macky et Idy, c’est en réalité l’intégration de Rewmi dans la majorité présidentielle élargie qui comprend Benno Bokk Yakaar et d’autres partis et mouvements politiques comme celui de Me Aïssata Tall Sall et de Cheikh Tidiane Gadio. Le contraire serait alors étonnant. Idy et Macky ne peuvent pas sceller un accord politique, travailler ensemble dans le même gouvernement à divers niveaux de responsabilité et ne pas s’entendre pour aller à des élections.
Nous allons même oser affirmer que l’objet premier de cette alliance stratégique, c’est de créer les conditions d’une force politique nouvelle entre les deux entités politiques pour gagner, ensemble, toutes les échéances électorales à venir. C’est dire que les locales seront alors un test grandeur nature dans cette nouvelle alliance afin d’apporter les rectificatifs nécessaires avant d’autres élections plus stratégiques en termes d’enjeux. La vérité est qu’Idy en Macky veulent aussi aller aux législatives et à la présidentielle, ensemble.
En clair, politiquement, tout se passe comme si Macky avait trouvé son vice-Président ; une sorte de dauphin qui pourrait, en cas de difficulté de pouvoir se représenter en 2024, porter tranquillement les espoirs de la coalition et assurer la victoire ainsi que la continuité du travail déjà entamé.
Maintenant, il faudra, à travers les locales et les législatives, bien huiler la machine et assoir les conditions d’une future victoire présidentielle de ce camp, la seule préoccupation de Macky. La démarche rappelle celle naguère en vogue en République démocratique du Congo (Rdc) où le ‘’deal’’ Kabila-Tishekedi n’a duré que quelques mois.
Ici, la situation semble être plus élaborée, plus verrouillée avec, naturellement la garantie d’un médiateur comme Serigne Mountakha Mbacké, le Khalife général des Mourides qui parle à tous les deux.
Donc, Macky pourrait, en cas de retrait du pouvoir en 2024, ne pas craindre le spectre Kabila qui était certes majoritaire à l’Assemblée de son pays mais qui vient de subir un revers politique qui ne semble être possible qu’en Rdc ou dans des systèmes politiques qui lui ressemblent. Il n’y a pas en effet de ‘’médiateur’’ possible dans notre institution parlementaire pour un quelconque renversement de majorité. Ici, ceux qui démissionnent de leurs partis, perdent leurs mandats.
Donc, Macky et Idy ont intérêt à éviter davantage de frustrations dans leurs rangs respectifs. Car, à la suite de l’alliance, certains cadres d’un côté comme de l’autre n’ont pas voulu bénir l’aventure.
Les cas de Déthié Fall et d’Aminata Touré illustrent, à loisir, le malaise créé ainsi. Et il n’y a pas de sondage pour connaitre le nombre de militants qui partagent ou qui ne partagent pas la démarche. Mais, les frustrations engendrées ne sont pas une vue de l’esprit. Du coup, la plus difficile étape pour les locales, c’est celle des investitures, source, souvent, de tension.
Donc, il appartiendra au chef de la coalition, de faire preuve de dextérité et surtout de courage politique en évitant de privilégier, systématiquement, ses proches de l’Alliance pour la République (Apr) comme c’est souvent le cas et de mettre en tête de liste ceux de la coalition qui ont les meilleurs profils politiques.
Car, contrairement au calcul mathématique qui est souvent fait, en politique, les réalités sont plus complexes. La combinaison des partis est certes positif, en soi, mais cela engendre des dynamiques de division qui suscitent la naissance d’autres mouvements et partis et enrichit aussi le camp adverse.
En clair, les deals entre leaders ne suffisent pas toujours pour verser tout l’appareil d’un parti et sa base politique dans un camp naguère adverse. D’autant plus qu’il n’y a jamais de concertation pour avoir l’avis des uns et des autres.