Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a officiellement annoncé jeudi sa candidature pour un second mandat lors des élections prévues le 7 septembre, cinq ans après son accession au pouvoir en tant que candidat soutenu par l’armée et les institutions lors des larges manifestations pro-démocratie.
Agé de 78 ans, le vétéran politique Abdelmadjid Tebboune, a déclaré dans une interview diffusée sur la télévision algérienne que sa décision faisait suite au soutien des partis politiques et des jeunes. « Si le peuple algérien veut voter pour moi, tant mieux ; sinon, j’aurai accompli ma mission et celui qui me succédera sera le bienvenu », a-t-il déclaré, louant son bilan ainsi que la sécurité et la stabilité du pays riche en gaz.
Tebboune avait évité de déclarer ses intentions même après que la date de l’élection du 7 septembre a été fixée il y a près de quatre mois. Malgré ses réticences, ses intentions étaient un « secret de Polichinelle » et sa candidature un sous-produit des discussions parmi l’élite politique, selon le politologue Rachid Grime.
Outre Tebboune, 34 candidats ont annoncé leur intention de se présenter à l’élection.
Cependant, seuls trois candidats ont jusqu’à présent recueilli le nombre de signatures nécessaires pour figurer sur le bulletin de vote : Youcef Aouchiche du Front des Forces Socialistes, le plus grand parti d’opposition en Algérie ; Abdellah Hassan Cherif du parti islamiste Mouvement pour la Société et la Paix ; et Sadia Naghzi de la Confédération Générale des Entreprises Algériennes.
Notons que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), figure majeure de l’opposition, a décidé de boycotter les élections, dénonçant l’absence d’intérêt de la population et un processus électoral biaisé.
Les candidats ont jusqu’au 18 juillet pour recueillir les signatures.
La réélection de Tebboune pour un second mandat renforcerait le pouvoir de l’élite politique et militaire algérienne et éloignerait davantage le pays des aspirations exprimées par son mouvement « Hirak », qui a organisé des manifestations hebdomadaires ayant poussé le président octogénaire Abdelaziz Bouteflika à démissionner en avril 2019, après vingt ans au pouvoir.
Ancien Premier ministre sous Bouteflika, Tebboune, avait remporté l’élection de 2019 avec une faible participation. Les manifestants avaient boycotté le scrutin, le qualifiant de procédure précipitée destinée à maintenir l’emprise de l’ancien régime sur une nation de 45 millions d’habitants. Sous le leadership de Tebboune, l’Algérie, fournisseur clé de gaz pour l’Europe, se renforce comme acteur central sur la scène internationale. Le pays prévoit d’augmenter sa production de gaz à 200 milliards de mètres cubes par an dans les cinq mois à venir.
Dans ce contexte, le scrutin présidentiel s’annonce crucial pour définir la trajectoire future de la nation.