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Aire Communautaire Protégée de BOMBOUNG: Un coin de l’histoire qui renferme des mystères 
Aire Communautaire Protégée de BOMBOUNG: Un coin de l’histoire qui renferme des mystères 

Aire Communautaire Protégée de BOMBOUNG: Un coin de l’histoire qui renferme des mystères 

Située dans la commune de Toubacouta, l’Aire marine communautaire protégée de Bomboung (AMPCB) reste un coin de l’histoire qui renferme des mystères. L’île de  Diorom Bou Mak est l’endroit le plus visité par  les touristes au  Delta du Saloum. Ledit site abrite un baobab où 128 tumulus ont été trouvés avec des corps, leurs bijoux et joyaux. La zone est réputée poissonneuse mais conservée. 

L’Aire marine communautaire protégée de Bomboung (AMPCB) est un site qui a été présélectionné sur la base de différents critères notamment la richesse des peuplements de poisson, l’abondance d’Epinephelus aeneus), espèce de mérou emblématique au Sénégal. Le site est marqué par une forte pression de pêche, la présence de lamantins, de  mangrove relativement bien conservée, riche en avifaune et faune terrestre, la facilité de contrôle du bolong et la valeur esthétique du site. L’on décompte une vingtaine d’amas coquilliers,  154 espèces de végétaux,  9 grands types d’habitats et de formations végétales et 77 espèces de poissons. 220 espèces d’oiseaux, 16 espèces de reptiles, 3 espèces d’amphibiens, 8 espèces de mollusques et 53 espèces d’insectes. L’écosystème mangrove couvre une superficie de 3506 ha.  Les tannes occupent les parties dégradées de la mangrove, étendue de 1238 ha.  Les bolongs constituent la zone fluviale de l’AMCP. Ils couvrent 350 ha.  La savane avec 433 ha est le lieu de refuge de plusieurs mammifères. Les forêts galeries s’entendent sur 38 ha.

 

Diorome Bou Mag, l’île où l’on enterrait les morts dans un baobab 

 

L’île de Diorome Bou Mag est un lieu intégrant l’Aire marine communautaire protégée de Bomboung. On s’y rend par pirogue. Dans cette île, les fouilles qui ont été faites, ont montré 128 tumulus identifiés. Parmi ces tumulus, des corps avec tous leurs bijoux, leurs joyaux ont été trouvés. Ces recherches se trouvent au niveau de l’IFAN et avec le projet AMP Mangrove Le conservateur dudit site, commandant, Lamine Kanté explique qu’on a commencé à faire les aménagements touristiques avec  l’ouverture de pistes (il y a eu environ 2 km de pistes qui ont été ouverts au niveau du site). Et cela va être amélioré, des aménagements par des espaces de repos, de bivouac, pour que tous les touristes puissent avoir un séjour idéal au niveau de Toubacouta. Ainsi, côté touristique, Diorom Bou Mak est l’endroit le plus visité. Donc, c’est le lieu le plus vendu pour les touristes qui viennent au niveau du Delta du Saloum.

 

Lieu de déportation d’esclaves 

Les amas coquilliers  étaient des îles habitées mais ce n’est pas cette génération qui y vit actuellement. Les chercheurs n’ont pas encore trouvé pourquoi des hommes se sont installés.  Ce sont des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses.  Selon Bacary Mané, il y a des moments de grande sécheresse et les gens se sont rabattus sur le delta du Saloum avec un environnement intact de  la biodiversité. « Il fallait trouver des moyens de substance et ils se sont installés sur des tannes, des coquillages et en consomment et finalement ils enterrent leurs morts au même lieu. On ne sait pas où est-ce qu’ils se sont installés. Les vestiges sont là et c’est un grand mystère, il y avait des calamités des maladies qui décimaient et peut être ils se sont redéployés sur autre lieu. Difficile de dire leur véritable ethnie. On a dit qu’ils viennent de la Sierra Léone mais la science ne l’a pas encore déterminée », renseigne-t-il. Les chercheurs soutiennent que c’est un lieu de déportation d’esclaves et la  population autochtone a préféré s’en aller pour échapper à la capture.

Pour le commandant Lamine Kanté, conservateur de l’Aire marine protégée de Bamboung, Djolome boum ak, les coquillages sont de 12 mètres de hauteur et 400 mètres de diamètre. « Donc c’est combien d’années qu’ils ont pu exploités pour avoir cette hauteur. Plusieurs fouilles ont été faites et des tumultes ont été trouvés. Depuis 1969 des fouilles ont été faites, on a arrêté à cause de l’érosion », dit-il.

Un lieu de culte pour les villageois

A l’intérieur de l’AMP, il y a des endroits qui sont sacrés pour les personnes. Les villageois sont originaires de là-bas et considèrent que ce sont leurs ancêtres qui étaient dans cette île, d’où leur motivation d’y aller de temps en temps pour se repentir ou pour prier. Ainsi, le ministère de la Culture, avec la Direction du patrimoine chargée de la gestion du site a mis en place une  case pour y stocker  une partie de ces recherches et des  objets trouvés, pour permettre aux visiteurs d’avoir une vue réelle du site.

 

Le Bolong de Bamboung, 78 espèces de poissons et 8 espèces de mollusques recensées avec une interdiction de pêche 

 Le Bolong de Bamboung est le cœur de l’AMP. C’est un bolong de 15 km, un endroit de reproduction et de frayère des poissons. Au démarrage de l’AMP, en 2004, 78 espèces de poissons y ont été recensées. Il y a aussi des fosses qui sont essentielles pour la reproduction des poissons. Ce Bolong est intégralement fermé à la pêche. Les populations bénéficient de l’effet de débordement. Si une fois les poissons arrivés à l’âge de maturité et peuvent sortir, ils peuvent être pêchés par les communautés. Mais,  il est formellement interdit de pratiquer la pêche à l’intérieur de l’AMP. Pas seulement la pêche, mais toutes les activités de collecte malacologiques étaient interdites. Mais en 2018, sur demande des communautés, on a autorisé l’exploitation de coquillages dans ce Bolong et c’est organisé. Pendant environ trois mois, avec l’appui du comité de gestion et des agents, les acteurs encadrent les communautés pour qu’elles puissent exploiter les coquillages au niveau de cette AMP. A l’intérieur de ce site, il a été installé le  mirador de surveillance. « Comme le bolong de Bamboung est intégralement protégé, c’est une zone de convoitise, parce que l’effort de pêche est réduit dans cette partie de l’AMP. Il suffit donc de mettre en place des filets, pour capturer assez de poissons. Donc c’est une zone à forte pression. C’est pourquoi on a mis en place ce mirador pour permettre aux surveillants communautaires d’être en permanence. Il y a trois binômes de surveillants qui se relaient toutes les 48 heures. Donc cet endroit est surveillé en permanence, pour éviter des incursions de pêcheurs qui voudraient exploiter illégalement la ressource », dit le conservateur. Pour les sanctions, il s’agit de  l’application de la loi dans toute sa rigueur. « Quand on appréhende un pêcheur, parfois, on donne des avertissements, parce qu’il ne sert à rien d’emprisonner des personnes ou  bien, il y a des sanctions dissuasives. Le fait de saisir les engins de pêche, sa pirogue, retarde le fraudeur dans ses activités. L’objectif est de dissuader au maximum des personnes mal intentionnées ou qui veulent la facilité, pour entrer dans l’AMP et pêcher », renseigne-t-il. C’est une zone à forte reproduction.

Par rapport à l’exploitation des coquillages, dans chaque village, le comité de gestion et l’AMP qui s’organisent avec les communautés, les chefs de village, pour mettre en place des équipes d’exploitation. Dans chaque village, deux dames qui maîtrisent bien les techniques d’exploitation sont recrutées. Cela fait un total de 26 personnes qui sont regroupées dans cette zone  pour un séjour de 10 jours. Une fois la campagne terminée, il leur revient de fixer le prix de vente. Le produit vendu, il y a une clé de répartition entre les femmes exploitantes, le comité de gestion et la mairie pour faire sentir l’impact de l’AMP au niveau des communautés.  Les poissons coûteux sont trouvés dans ce site comme le Thiof, les mammifères marins comme le dauphin, le lamantin entre autres. Il y a une partie terrestre qui dispose de  différents produits forestiers non-ligneux comme le pain de singe, le deutérium et d’autres espèces. Sur cette liste s’ajoutent aussi des animaux, la petite et moyenne faune terrestre comme l’hyène tachetée, le guib harnaché, les chacals, etc.

 

Zone de refuge pour les poissons 

Les Bolong sont des couloirs de migration. Les poissons, pour se cacher, s’y rendent  parce qu’il y a la sécurité. Mais une fois qu’ils sentent qu’ils sont en mesure de circuler, ils ressortent. Et là, c’est celui qui a la chance de mettre ses filets dans des endroits propices. L’essentiel, c’est que les poissons aient des endroits pour se reproduire tranquillement, sans être dérangés. Une fois arrivés à l’âge de maturité, ils peuvent aller en mer ou ailleurs. « Les poissons vivent et aux rythmes de la marée. En marée haute, c’est inondé, et en marée basse, il y a moins d’eau. Donc en marée haute, les poissons se remettent ; et en marée basse, ils profitent pour sortir et aller dans des endroits plus inondés. Et en ce moment, les gens peuvent en profiter », dit le conservateur.

 

Les astuces des pêcheurs pour tromper la vigilance des éco-gardes

Certains pêcheurs viennent à la limite directe prétextant l’embouchure du fleuve pour se stationner. « Nous faisons avec car ce sont des sensibilisations, pour leur dire de respecter la zone tampon. Mais ce sont les effets. La ressource devient rare et les gens se rapprochent des endroits où il y a le plus de ressource pour vivre. Parfois aussi, ce sont les types d’engins. Si ce ne sont pas des engins trop grands ou qui sont destructeurs, on peut laisser passer. Mais c’est à cause de la rareté de la ressource que les gens viennent à l’endroit où l’effort de pêche est moindre », laisse-t-il entendre.

 

NGOYA NDIAYE


 

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