La Cour constitutionnelle sud-africaine a déclaré, lundi, l’ex-président Jacob Zuma inéligible en raison d’une condamnation à la prison en 2021, et a prononcé son exclusion des élections générales prévues dans neuf jours.
La justice sud-africaine a définitivement tranché : Jacob Zuma ne pourra se présenter lors des élections générales prévues le 29 mai. La Cour constitutionnelle, plus haute juridiction d’Afrique du Sud, a déclaré, lundi 20 mai, que l’ex-président Jacob Zuma était inéligible en raison d’une condamnation à la prison en 2021 et a prononcé son exclusion du scrutin à venir. « M. Zuma a été reconnu coupable d’une infraction et condamné à une peine d’emprisonnement de plus de 12 mois », a déclaré la juge Leona Theron à la lecture de la décision, qui peut faire l’objet d’un appel. « Par conséquent, il ne peut être membre de l’Assemblée nationale et ne peut se présenter aux élections », a-t-elle ajouté.
Lors des dix heures de débats plus tôt en mai, Me Dali Mpofu représentant Jacob Zuma avait tenté de faire valoir que l’ancien président ne pouvait être considéré inéligible puisque sa peine de prison a été écourtée. Incarcéré en juillet 2021, le sulfureux leader n’a passé qu’un peu plus de deux mois derrière les barreaux bénéficiant d’abord d’une libération conditionnelle pour raison de santé, puis d’une remise de peine. Mais la haute juridiction a estimé que seule la durée de la peine prononcée est pertinente et non la durée de la peine purgée.
L’ANC risque de perdre sa majorité absolue
La saga judiciaire autour de la participation ou non de Jacob Zuma au scrutin a monopolisé les débats en amont des élections qui s’annoncent comme les plus indécises de ces trente dernières années.
Fin mars, la commission électorale (IEC) avait exclu Jacob Zuma du scrutin. Mais cette décision avait été renversée en avril par un tribunal électoral. L’IEC a finalement saisi la Cour constitutionnelle le mois dernier pour qu’elle tranche sur l’éligibilité contestée de celui qui a maintes fois clamé « ne pas avoir peur de la justice ».
Plus de 27,5 millions de Sud-Africains sont appelés le 29 mai à élire leurs députés, qui désigneront ensuite le prochain président. Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, risque pour la première fois de perdre sa majorité absolue au Parlement et d’être contraint à former un gouvernement de coalition.
Des menaces de troubles lors du scrutin
Quelque 30 000 partisans sont venus samedi danser et chanter dans un stade de Soweto avec l’ancien chef d’État poussé à la démission en 2018 après une série de scandales et encore jugé pour corruption. Son incarcération en 2021 avait été suivie, dans un climat socio-économique morose, d’une vague de violences sans précédent dans le pays depuis la fin de l’apartheid, faisant plus de 350 morts.
Des membres du MK ont promis « l’anarchie » si les tribunaux tourmentaient leur formation avant les élections, suscitant l’inquiétude des autorités. Les forces de sécurité sud-africaines ont déclaré dimanche que « des menaces » ont été identifiées mais qu’une « tolérance zéro » sera appliquée contre toute tentative de troubles. L’armée sera déployée « si nécessaire », ont-elles ajouté.
Les sondages attribuent plus de 8 % des intentions de vote au MK, l’ANC tombant aux alentours des 40 % et le premier parti d’opposition (Alliance démocratique, DA) dépassant les 20 %.