Alioune Top, directeur de publication de Sunugal24, a comparu ce mercredi 2 avril 2025, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour diffusion de fausses nouvelles, propos contraires aux bonnes mœurs et propos incitant à la discrimination ethnique. Placé sous mandat de dépôt depuis le 13 mars 2025, le prévenu a reconnu ses erreurs et présenté des excuses, mais le parquet a requis six mois de prison, dont trois ferme.
Le journaliste Alioune Top a une nouvelle fois présenté ses excuses pour se tirer d’affaire. Mais, les membres du collectif pour la défense de la cohésion nationale qui ont initié une plainte contre lui, ne digèrent toujours pas ses « propos ethniques ». Attrait hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, le patron de Sunugal24, incarcéré le 13 mars 2025, répondait des chefs de diffusion de fausses nouvelles, de propos contraires aux bonnes mœurs et propos incitant à la discrimination ethnique. Lors d’une émission diffusée en janvier 2025, Alioune Top avait affirmé qu’un projet sous-régional bien réfléchi, dirigé par des Hal Pulaars, visait à imposer des présidents de cette communauté dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et les deux Guinées. Il avait également accusé la France de financer la radio « Fulbé ».
Face au juge, le prévenu a admis s’être « trompé », expliquant avoir été « induit en erreur par une source » qu’il n’avait pas vérifiée. « J’ai conscience de mon erreur et je présente mes excuses aux parties civiles et à toute la communauté Hal Pulaar », a-t-il déclaré. Également, Alioune Top a reconnu s’être trompé en citant la radio « Fulbé ». Il a rectifié en évoquant plutôt « Fulfulde de RFI ». Les parties civiles dénoncent des excuses « de façade ».
Le professeur Ibrahima Ndiaye a soutenu que le prévenu avait « insulté tous les Hal Pulaars » et que ses excuses, diffusées en quelques secondes sur sa chaîne, étaient « pour la forme ». « Ses propos ont dérangé tout le monde. Des Peuls de Foirail l’avaient même menacé de mort »*, a-t-il témoigné, justifiant ainsi la plainte déposée contre lui. Me Thiam, avocat des parties civiles, a insisté sur la « gravité des propos », rappelant qu’Alioune Top est « directeur de publication et donc responsable du contenu » de Sunugal24. « Il n’a pas fait son travail de vérification. Ses allégations de complot peuvent créer des troubles graves », a-t-il asséné.
Le substitut du procureur a fermement condamné les propos du prévenu, soulignant qu’ils « appellent à la discrimination » et menacent la cohésion nationale. Sur ce, le représentant du Ministère public a requis six mois d’emprisonnement, dont trois ferme. Les avocats de la défense, dont Me Seyba Danfakha et Me Moussa Diop, ont plaidé la clémence, alléguant que leur client « n’a jamais eu l’intention de nuire » et qu’il s’est « déjà excusé à plusieurs reprises ». « C’est un dérapage malheureux, mais il s’est amendé. L’être humain est imparfait », ont-ils argumenté, demandant une « application bienveillante de la loi ». Le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le verdict sera rendu le 16 avril 2025.
KADY FATY