Rarement une affaire n’aura suscitée tant de passions au Sénégal. L’affaire Adji Sarr-Sonko vieille de plus d’un an, fait encore parler d’elle. Alors que l’instruction traîne, les différents protagonistes de l’affaire ont choisi les médias pour des accusations et plaidoiries dont le but , naturellement est de se laver à grande eau.
Adji Sarr, l’accusatrice, a ouvert la boîte à pandore par une interview dans la presse internationale violant allègrement, le secret de l’instruction. C’est par la suite qu’Ousmane Sonko, leader politique et désormais Maire de Ziguinchor, a cru devoir répliquer par le même procédé. Tous les deux n’ont pas manqué cependant de clouer au pilori la Justice, devenue par là même, l’accusée.
Là où Adji accuse celle-ci de manquer de courage et d’avoir peur de Sonko, ce dernier parle de partialité de magistrats.
En clair, non contents de violer le secret de l’instruction, les protagonistes de l’affaire ne sont guère tendres avec Dame Justice qu’ils accusent de tous les noms d’oiseaux.
Et celle-ci, qui ne peut guère se défendre publiquement, plonge dans un silence qui suscite davantages de supputations au sein de l’opinion publique. Il va de soi que, dans cette affaire, la Justice a prêté le flan. Le très grand retard observé n’est pas souhaitable d’autant plus que tout le monde est justiciable et que n’importe quel citoyen a droit à demander et à bénéficier d’un procès digne de ce nom. C’est pourquoi l’instruction doit forcément aboutir à son terme pour finir soit par un non-lieu ou par un renvoi devant une juridiction pour jugement. Il y va de la crédibilité de la justice et de nos institutions démocratiques.
Car, il serait inadmissible que la Justice soit sensible à une quelconque pression d’où qu’elle vienne.
Pis, les batailles politiques ne sauraient avoir pour prolongement l’espace judiciaire qui doit rester au-dessus de la mêlée en travaillant en toute sérénité.
Nous sommes conscients du fait que ce n’est pas toujours le cas de par le passé. Mais, il est temps que la séparation des pouvoirs soit une réalité au Sénégal pour que tous les dossiers connaissent la même célérité du point de vue traitement.
La Justice est en principe générale et impersonnelle. Et tous les sénégalais, qu’ils soient du pouvoir ou non, ont l’impérieux devoir de faire en sorte qu’il en soit ainsi dans notre pays.
Le Sénégal est sans nulle doute une grande démocratie. Malheureusement, celle-ci souffre encore de dysfonctionnements liés à la toute puissance de l’Exécutif, à l’existence de lobbys de toutes sortes et de pressions de ces groupes d’intérêts.
Et c’est ce à quoi il faut mettre impérativement fin.
Assane Samb