L’eau est source de vie. Personne ne peut vivre sans eau. Il est dit d’ailleurs que les trois quarts du corps de l’homme sont constitués d’eau. Ce liquide précieux, qui n’a pas révélé tous les mystères qui l’entourent ne sert pas seulement à boire, mais aussi à se laver, à faire la cuisine, à laver les habits, à nettoyer, etc.
En somme, l’eau, c’est la vie et la vie ne saurait exister sans eau. Malheureusement, au Sénégal comme ailleurs, ce liquide précieux n’est pas accessible à de nombreuses personnes, des hommes et des femmes contraints à faire des kilomètres pour s’en procurer. D’autres paient beaucoup plus que les autres car la valeur est liée à la rareté. Et dans les zones où il n’y en a pas, les prix sont évidemment exorbitants sans que la qualité soit des meilleures. Qui plus est, la consommation de l’eau en bouteille est réservée à une certaine classe de la population alors qu’elle s’est généralisée dans d’autres pays, ne serait-ce que pour l’eau à boire.
Aujourd’hui, au Sénégal par exemple, il existe encore des émeutes de l’eau. Pas plus tard que ce jeudi, des jeunes ont été interpellés et traduits en justice parce qu’ils ont saccagé un forage dans le Diender (Thiès) pour protester par rapport au fait que leur village dont le forage est en panne depuis trois ans, est privé de ce liquide précieux.
Même dans les zones urbaines, l’eau se fait rare. En banlieue de Dakar par exemple, tout le monde n’a pas accès à l’eau. Certains sont obligés d’attendre tard dans la nuit pour voir leurs robinets fonctionner. D’autres sont contraints, pendant parfois des jours, à se débrouiller pour se ravitailler en eau. Qui plus est, le changement de société, la SDE étant devenue Sen’Eau, ne semble pas avoir amélioré le sort des populations. Le problème reste récurrent. Mais, c’est surtout la dichotomie observée dans la gestion de ce liquide qui semble avoir creusé les contradictions entre monde rural et monde urbain où la situation est meilleure.
Dans le monde rural, certains forages sont gérés par les populations elles-mêmes avec les problèmes que cela pose. La société Office des forages ruraux (Ofor) y officie aussi alors qu’en ville, c’est la Sones et Sen Eau qui s’en chargent. Le paradoxe, c’est dans le monde rural où il y a plus de pauvreté, donc d’insolvabilité que l’eau coûte le plus souvent plus cher. Il s’y ajoute la qualité douteuse de l’eau consommée expose les couches les plus vulnérables, jeunes et vieux, à des maladies fréquentes. Il est désormais important que l’accès à l’eau portable soit porté au rang de priorité nationale dans notre pays et dans tous les autres où les populations ont notamment des revenus faibles. Car, la rareté de l’eau est souvent la cause de nombreuses maladies du fait des problèmes d’hygiène, de la qualité défectueuse de l’alimentation, des boissons, etc.
Si nous réglons nos problèmes d’eau, les autres soucis de santé, de malnutrition, d’hygiène, d’environnement, etc. seront résolus à moitié. Alors, il n’est pas admissible que la gestion de l’eau, dans un pays qui se respecte, soit confiée à des villageois qui n’en ont pas la compétence ou à des sociétés étrangères. Il faut travailler à confier cette gestion à l’Etat lequel doit tout faire pour que toutes les populations soient correctement servies, sauf exception liée, parfois, à d’inévitables pannes d’appareils.
C’est bien beau d’organiser des forums d’eau, mais, si pendant ce temps, la discrimination qui est opérée fait que seules les populations des grandes villes sont favorisées et que les autres souffrent, l’Etat devrait avoir la décence de reconnaître l’échec de ses politiques à ce niveau et de rectifier le tir. Car, au moment où le Ter roule et que le Brt est en chantier, il est inconcevable qu’une bonne partie de la population sénégalaise soit sans eau potable alors que certaines vivent à côté de forages qui alimentent la capitale. Les populations vivent très mal ce paradoxe.
Assane Samb