Les prochains jours seront décisifs pour la coalition Yewwi Askan Wi qui reste dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel. Dans un contexte tendu où les deux grandes coalitions se regardent en chiens de faïence, Abdoulaye Seydou Sow ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’hygiène publique a mis en garde ceux de Yewwi. Il était l’invité du Grand oral sur Rewmi Fm.
Nous démarrons avec l’affaire Gana Gueye quelle est la position de la Fsf ?
Il faut se réjouir des fortes convictions de Gana car nous avons la responsabilité de rester à ses côtés. C’est un garçon qui a exprimé ses convictions religieuses. Je ne l’ai jamais vu rater une seule de ses prières. C’est important. La plus belle des expressions c’est qu’il est resté ce qu’il est. De même que tous les esprits épris de liberté. La plus belle des expressions aussi c’est celle du Président de la République qui soutient un de ses concitoyens. La Fédération aussi a communiqué et injonction a été faite aux autorités en charge du football français. La Commission de discipline a outrepassé ses attributions. Donc nous avons transmis le communiqué à la FIFA.
On peut parler d’un manque de tolérance des autorités françaises. Êtes-vous surpris de leur attitude?
Non, cela ne me surprend pas. L’Occident peut vouloir mettre ses convictions religieuses en les respectant mais ne doit pas nier aux autres leurs croyances culturelles. Le droit à la différence est inaliénable. Je suis content d’avoir vu un Gana porter ce substrat qui est le nôtre, malgré la pression. Nous sommes un grand peuple et cela est important. Donc il est nécessaire de se mobiliser tout de même. Gana doit se concentrer sur sa carrière. Et il faut que ce débat soit clos. Son pays l’a soutenu et il faut aller vers autre chose. J’ai échangé avec lui et je sens qu’il est déterminé et refuse d’être diverti par cet acte. Nous sommes en contact permanent avec nos joueurs et il vit cela avec beaucoup de sérénité. Je lui ai dit qu’il fait la fierté de tout un peuple et on sent un garçon honnête et le soutien de son peuple l’a aidé.
Vous vous attendez à des sanctions?
Son club, le PSG, n’a pas ouvert une procédure disciplinaire à son endroit. S’il l’aurait fait, il n’y aurait aucune base réglementaire ni dans l’arsenal juridique français ni international. La Commission d’éthique qui, à mon sens a outrepassé ses prérogatives.
Parlons urbanisation. Où en êtes-vous avec le projet des 100 miles logements ?
Il faut d’abord se réjouir de la volonté du Chef de l’État. Quand il est arrivé au pouvoir, nous étions sur une production de 5 000 unités d’habitation par an. Il fallait changer de paradigme avec 20 000 logements par an. Il faut des réformes avec le « Sénégal 0 bidonville. » D’où les 100 000 logements. Il fallait une loi et d’ailleurs, elle sera évaluée sous peu. Il faut des structures car l’accès au financement était extrêmement difficile. Il fallait une politique dans la garantie. La Sicap existait, mais il a créé une société nommée « Safru » qui va se charger de l’aménagement urbaine. Une première pour le Sénégal. Le nerf de la guerre était le foncier. Macky a demandé au ministère des Finances d’exonérer tous les produits intervenant dans la construction mais en mettant des garde-fous pour éviter que ce système conduise à des abus. La Banque mondiale est disposée à mettre 100 millions de dollars dans le démarrage du projet. Il faut que les sociétés, dont la Sicap et la Sn Hlm, soient restructurées. Il faut accompagner les promoteurs privés. Même l’International sera sollicité pour un appui. Il faut encadrer l’écosystème de la construction. Il faut stabiliser le secteur. Nous en sommes à 23 conventions signées avec ses promoteurs locaux qui doivent nous fournir 23 000 logements.
On se heurte à des difficultés liées au foncier et à l’aménagement. Pour la question foncière, on discute souvent avec des populations en conciliation et cela prend du temps. J’invite d’ailleurs les Sénégalais à plus de patience.
D’aucuns pensent qu’il y a plus de slogans que d’actions dans votre gouvernance?
Mais le projet de Baraka est visible. Bientôt nous le ferons à Grand-Dakar. La question des bidonvilles, on doit la régler à Dakar. On a trouvé une situation cocasse. C’est-à-dire que sur les 558 communes, 13% sont dotées d’instruments de planification urbaine. Comment peut-on envisager une politique urbaine sans planification ni outil d’instruments d’urbanisme. Macky nous demande d’ici à 10 ans d’avoir 90℅ de communes qui ont ces instruments. Le deuxième, ce sont les projets entamés dans ce cadre, ils ne sont pas des slogans. Et la plateforme qui a enregistré près de 272 000 inscrits est loin d’être un slogan. Il faut juste un temps de patience et c’est ce que nous demandons aux Sénégalais. Il faut négocier pour le foncier et trouver des solutions. Les logements sortent de terre mais l’objectif de 20 000 logements par an sera atteint sous peu. Nous sommes dans le fast-track. Dites-moi quel pays a réussi ses réformes en deux ans.
Vous avez initié des journées de « cleaning days » mais qui semblent être plombées. Pourquoi?
Les cleaning days ont été arrêtés par la Covid. Dès que la pandémie s’est installée, on a connu du surplace. Nous avons ensuite changé de slogan car l’appellation anglaise n’est pas notre culture. Nous avons dit « Bessup setal ». Depuis lors, nous en sommes à la 6ème édition. Nous avons fait le lancement à Dakar, sommes partis à Saint-Louis, à Sédhiou etc. Au mois de juin, nous serons à Dakar dans le cadre d’une semaine de désencombrement en relation avec le ministre de l’Environnement. Ce que nous avons voulu changer, c’est de faire de l’activité non pas en une journée mais qu’elle soit pérenne. Nous avons changé d’approche en impliquant les écoles, les daaras. Que les jeunes s’inculquent les valeurs de propreté. Les résultats obtenus nous encouragent car les collectivités locales se sont engagées de même que les préfets et les autorités locales. Il faut pérenniser ces actions. Le Président nous a demandé d’aller vers l’essentiel et d’éviter les aspects folkloriques. Macky a pensé qu’il faut réformer la gestion des déchets avec l’Ucg qui était juste à Dakar. L’État à décidé de démocratiser l’Ucg. Le Promoged aussi est là. L’Ucg sera transformée en société nationale. L’État ne peut pas regarder le Sénégal être aussi sale sans réagir. Ce que le Promoged a comme mission aussi c’est la démocratisation de la gestion des déchets mais avec une industrialisation. Il y a aussi la création d’emplois dont 17 000 en vue.
Est-ce que vous avez pensé au coût dans ce contexte économique tendu ?
Oui tous les instruments ont été créés afin de permettre aux populations d’en avoir et à des coûts moindres. Déjà sur les premiers logements, le Président de la République a demandé à ce que sur les 100 logements créés que les 50 soient des logements sociaux et ne dépassent pas les 12 millions comme coût. Ce qui est acceptable. De même que pour la diaspora. La question de la garantie est pertinente et le projet s’adresse à tous les ménages avec un revenu inférieur à 450 000 francs par mois. J’ai été interpellé sur la guerre en Ukraine qui risquerait d’avoir un impact sur le coût du matériau de construction. Mais il faut savoir que nous restons sur les mêmes chiffres. Il y a des actions de résilience certes, mais nous resterons sur les prix avancés.
Vous travaillez avec les ASC, pensez-vous faire une compétition du Bessup setal ?
Absolument. D’abord ce sont des écoles. Car après les cours, les élèves se retrouvent autour des activités d’éducation sur la propreté. L’enseignant parle de son importance et l’élève aussi va intégrer cette notion et l’appliquer dans son quartier. C’est le cas aussi pour les Bajenou gox. La culture de la propreté doit être au quotidien et pas l’affaire d’un mois. Le samedi de la manifestation n’est que la promotion. Mais il faut donc davantage sensibiliser. Nous sommes en train de penser à signer des conventions avec les imams. Car si ces derniers prenaient deux minutes de leur sermon pour rappeler les bienfaits de la propreté, ce serait un plus, de même que l’église. Il faut en faire une conscience.
On amènera les citoyens à ne plus jeter des choses par terre. La sanction n’est pas la solution certes. C’est le cas avec les toilettes publiques. Les besoins urgents ou est-ce qu’il faut les faire ? C’est un problème aussi. Donc prenez l’exemple du Rwanda. Nulle n’ose jeter un mégot de cigarette dans la rue. On ne peut pas avoir une hospitalité dans un pays sale, avec le slogan « le Sénégal pays de la Téranga. » La propreté est l’un des signes d’une hospitalité.
Kaffrine est confrontée à des inondations et on annonce de fortes pluies. Qu’avez-vous prévu à cet effet ?
Kaffrine est dans un bassin. Il faut un bassin de rétention. Mais il faut aussi curer les canaux. Toutes les dispositions sont prises. On aura un dispositif pour tout évacuer. Je suis convaincu que cela nous permettra aussi de faire face.
Nous en sommes au dépôt des listes. L’opposition réclame le rejet des vôtres…
On le constate pour s’en désoler. Beaucoup d’acteurs ne sont pas de bonne foi. Les gens ont convoqué cette jurisprudence Malick Gackou. Il faut se rappeler que c’était une élection présidentielle organisée par le Conseil constitutionnel et une élection législative organisée à travers un parrainage par le ministre de l’intérieur. On parle de l’arrêté « Malick Gackou », mais cela n’avait pas empêché au Conseil constitutionnel qui a dit que cela aurait dû suffire. Le Conseil ne s’est pas arrêté à ça. Nous avons contrôlé les parrains et on a vu des doublons. Quand on a fait le premier contrôle, il avait des difficultés. C’est là qu’il a voulu avoir un deuxième contrôle. C’est là où le Conseil constitutionnel a refusé. L’opposition a commis une bourde et veut créer un feu pour faire oublier sa case qui brûle. Mais plus grave, Sonko a dit que lundi à 20h, ils étaient dans la confection des listes alors que le dépôt doit s’arrêter le dimanche à minuit. C’est l’acte qui est précisé. Ce sont des faussaires car personne ne sait qui a signé les actes de candidature. Il y a des problèmes. La Dge a été indulgente. Nous sommes dans un pays de droit. Ils ont déposé un recours et nous attendons. Ousmane Sonko fait dans la menace, qu’il sache que l’affolement ne sert pas en politique où les plus bavards sont les tonneaux vides. Il faut être mature. Nous acceptons d’avoir perdu des zones lors des locales. Il faut aussi être réaliste. Nous apporterons une réponse politique sur le terrain. Il faut arrêter les menaces, nous ferons face sur le terrain.
MOMAR CISSE