En cette veille de fête, l’insécurité reste un problème pour les vendeurs de moutons. Ces derniers ont décidé de redoubler d’efforts afin de mettre hors d’État de nuire les malfaiteurs qui cherchent à faire main basse sur leurs bêtes.
Thiam ne dort plus. Il vit sous la hantise des vols, surtout la nuit. À Thiaroye, un vendeur en a fait les frais. « C’est tard dans la nuit que des malfaiteurs se sont introduits dans la bergerie pour subtiliser des béliers », confie-t-il. C’est le branle-bas de combat. Gourdins, objets contondants, sabres, tout y passe. De même, tout le monde fait des rondes. Chez les Faye, en provenance de Pambal dans le département de Tivaouane, tous se relaient la nuit. « Nous sommes obligés de le faire car les voleurs semblent avoir perdu le nord. Alors il faut être aux aguets. Les policiers aussi font des rondes », témoigne-t-il.
Les Tefanké se plaignent. Obligés de passer la nuit à la belle étoile, ils sont à la merci des bandes de voleurs. À Pikine comme à Guédiawaye.
Le Thiogal attire les gorgorlu
Les moutons appelés « thiogal » attirent beaucoup de pères de famille à faible bourse. Mais d’aucuns attendent la veille de l’événement pour en acheter. « Il se peut aussi que les prix baissent entre-temps. Ce que je vois dans les bergeries, un père de famille comme moi, qui n’a pas assez de moyens, ne peut pas en acheter », dixit Thiam. Au niveau des points de vente dans la banlieue, les moutons sont coûteux. Pour plus d’espoir, les gorgorlu ont décidé de jeter leur dévolu sur les moutons dits « thiogal », des moutons, très sales, dégageant une odeur pestilentielle. Selon Gora Diaw, un vendeur, cette année, les moutons sont hors de prix. « C’est pourquoi les pauvres gorgorlu (crève-la-faim) ont jeté leur dévolu sur les « thiogal ». Mais il y en a pour toutes les bourses. De 70 000 à 150 000 CFA. Les temps sont durs », dit-il.
Les peuls tentent de convaincre par tous les moyens la clientèle. En provenance de Matam et d’autres villages reculés, ils rivalisent d’ardeur. «Je n’arrive même pas à trouver un mouton avec ce que j’ai en poche», indique un vieux venu de Cambérène. Les bergers peuls arguent ne pas pouvoir brader leurs bêtes qu’ils ont beaucoup débourser à élever.
MOMAR CISSÉ