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A cœur ouvert avec El Hadj Keita

Dans cette interview exclusive, El Hadj Keïta, la nouvelle révélation de la musique sénégalaise nous parle de ses débuts dans la musique, ses relations avec la Médina, ce quartier qui l’a vu naître, mais aussi de ses succès qui ont accompagné son single «Wouyouma» et « Bine-Fall » en hommage à sa tante… Entretien !

PRESENTEZ-VOUS A NOS LECTEURS ?

J’ai toujours aimé la musique. Je suis issu d’une famille de musiciens ; mon père chantait. Ce n’était pas évident de devenir chanteur juste parce que mon père l’était. La musique était ancrée en moi, un jour j’ai participé à un concours de chant appelé « KASANGA » ici à Dakar. Il y avait des gens qui étaient venus du Mali pour l’occasion. Après le concours, j’ai été choisi avec certains participants pour me rendre au Mali et c’est l’une des choses qui m’a le plus poussé à faire de la musique. Au Mali, je représentais le Sénégal, j’ai finalement remporté le concours et c’est à mon retour que j’ai créé mon groupe.

QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSE A FAIRE DE LA MUSIQUE ? AVIEZ-VOUS UNE REFERENCE ?

Je suis issu d’une famille où tout le monde faisait de la musique ! D’ailleurs mon homonyme (Soriba Kouyaté) jouait la kora pour le président Senghor. Quand on aime quelque chose, on fonce vers cette chose et c’est ce qui m’est arrivé avec la musique. J’écoutais toute sorte de musique et à un moment donné, cette envie commençait à me dominer et du coup, il fallait que je fasse de la musique. Voilà pourquoi. Disons que c’est mon destin et quand j’ai chanté, ça c’est naturellement bien passé. La première fois que j’ai organisé un concert à la plage BECAO, j’avais fixé l’entrée à 1000 FCFA et c’était dans le but de me tester. Je n’étais pas encore bon chanteur je l’avoue, mais c’était plein à craquer et il y avait de la bonne ambiance. Apres ce concert, une connaissance à moi m’a appelé et m’a demandé d’arrêter de chanter car je ne le faisais pas bien et les autres jouaient mal. Dans le fond, il avait raison, mais je le faisais juste par amour. Par la suite, j’ai fait la connaissance d’un monsieur qui m’a beaucoup aidé dans ma carrière et qui m’a mis en rapport avec des virtuoses de la musique. Par la suite, je me suis rendu compte que j’avais vraiment évolué et que la musique que je faisais à mes débuts était différente de celle que je fais présentement.

COMMENT A REAGI VOTRE PERE FACE A L’ANNONCE QUE VOUS VOULIEZ FAIRE DE LA MUSIQUE ?

Non ! Il n’a jamais été contre l’idée que je fasse de la musique, bien au contraire. Pareil pour ma mère et les autres car ils étaient tous conscients qu’il y aurait quelqu’un dans la famille qui allait en faire. Ils m’ont tous soutenu. D’ailleurs ma première guitare m’a été offerte par mon père. Par la suite, un autre oncle à moi m’a offert ma deuxième guitare et m’a amené à prendre des cours de chant. Je rends grâce à Dieu d’avoir eu un père qui m’a soutenu dans ce que j’aime, parce que ce n’était pas évident que je dise que je voulais faire carrière dans la musique et qu’on m’y autorise.

QUEL EST VOTRE NIVEAU D’ETUDES ?

J’ai arrêté les études en classe de cinquième secondaire. Je préférais la musique aux études. Mais si j’avais la possibilité de refaire des études, je les ferais. A un moment donné, la musique été plus que présente dans ma vie et il fallait que je fasse un choix. Il m’arrivait de sécher les cours pour aller à des concerts (dit-il un peu gêné).

COMMENT ONT ETE VOS DEBUTS DANS LA MUSIQUE ?

Mes débuts n’étaient pas faciles. Il arrivait qu’il y eût des concerts à la Médina et que tu voulusses monter sur scène et que tu ne le pusses pas. Ce n’était pas donné à tout le monde. Je devais prouver aux gens que je méritais de monter sur scène. Je ne blâme pas ces gens qui m’interdisaient de prester par peur que je ne gâche la scène. La roue a tourné maintenant ! La preuve, les concerts qu’il y a la Médina, c’est moi qui les organise (dit-il fièrement) !

VOUS AVIEZ SORTI UN SINGLE INTITULE « WOUYOUMA ». VOUS ATTENDIEZ-VOUS A UN TEL SUCCES ?

Oui, bien sûr ! Car quand on travaille comme il le faut on ne peut s’attendre qu’à un tel succès. J’ai travaillé avec des professionnels donc c’est normal  que cela se passe comme ça. Moi-même je m’y attendais. Je savais que la chanson allait faire du bruit (rires). Sinon moi je suis un « Talibé », je ne prends pas la grosse tête juste parce que j’ai eu du succès par rapport à telle ou telle chose. Ce que je vise c’est le niveau international. Je chante dans tous les registres, fais de la variété et me documente. Il faut juste bien bosser et comme il faut !

QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSE A CHANTER « BINE-FALL » ?

Disons que Bine Fall, c’est une tante à moi, une femme battante qui se lève tôt le matin et qui se bat dur pour y arriver. Pour ma part, toutes les femmes qui font cela, je les considère comme des « Bine Fall ». C’est une femme qui croit en elle, on allait souvent chez elle pour y déguster du « firire » (poisson frit) sans payer quoi que ce soit. Et pour lui rendre hommage, j’ai fait ce single. Ça a fait beaucoup de bruit alors le but c’était juste une vidéo délire faite comme ça alors que j’étais en train de manger dans sa gargote. À mon réveil, ça avait fait le tour des réseaux sociaux. Je ne m’attendais pas à ce que cela prenne une telle ampleur et par la suite, je me suis dit pourquoi ne pas en faire un morceau et c’est comme ça que ça s’est fait.

QUELLE APPRECIATION FAITES-VOUS DE L’ANCIENNE GENERATION D’AVEC LA NOUVELLE?

Comme dit l’adage, la musique n’a pas de frontières. Au fur et à mesure que l’on avance, nous avons d’autres fans dans d’autres pays et régions. Et pour avancer, il ne faut pas seulement se limiter au Mbalakh. Pour les fans qui sont au niveau international, il ne faut pas que l’on se limite à ce que nous savons faire, si nous voulons qu’ils nous connaissent, qu’ils nous découvrent. Quand j’ai participé au concours « L’Afrique a un incroyable talent », j’ai appris beaucoup de choses concernant la musique. Et de là,j’ai compris qu’il ne fallait pas seulement se limiter au mbalakh mais aussi qu’il fallait faire des recherches et tout ce qui va avec. En participant à ce concours, j’ai été jusqu’en demi-finale et j’y ai tiré beaucoup d’expériences ; ça m’a fait voir les choses d’un autre angle. J’ai compris que la musique n’était pas un jeu et la preuve est que celle de nos ainés est toujours d’actualité. Si on fait les choses bien, on pourra y arriver.

COMMENT ONT REAGI VOS FANS APRES L’ANNONCE DE VOTRE MARIAGE ?

(Rire) Je suis un homme et c’est normal qu’à un moment donné que j’aie une femme à mes côtés. Nous rêvons tous de fonder une famille et le fait d’avoir une compagne nous apporte du positif mais aussi une autre vision des choses. Sinon, pour mes fans, ils l’ont très bien pris. A vrai dire, tout ce qui me plait leur plait.

QUELLE EST VOTRE RELATION AVEC LES HABITANTS DE LA MEDINA ?

Ma relation avec eux est très forte. Les vieux me considèrent comme leur fils, les autres comme leur frère, entre autres. Disons que nous sommes très proches. Les fans, eux, sont très attachés à moi. A vrai dire, cette casquette de chanteur, c’est juste un métier. Après les spectacles, je redeviens une personne normale comme tout le monde. Je traine avec eux, nous passons du bon temps ensemble. Je leur rends service et vice et versa. Nous nous soutenons mutuellement. Ils me rendent l’amour que je leur donne. Une personne ne doit pas oublier son passé encore moins oublier les gens qui l’ont propulsé vers le haut. C’est grâce à eux si je suis connu aujourd’hui. Je leur dois tout ce que j’ai.

QU’EN EST-IL DE VOTRE RELATION AVEC LE GROUPE SING-SING ?

Cette relation avec le groupe Sing-Sing dure depuis mon enfance. J’étais dans la même école de football qu’un membre de la famille Sing-Sing. Et à chaque fois qu’il me voyait, il me demandait de me mettre à la musique et je lui répondais sur le ton de la rigolade qu’il serait mon batteur. Et quand Dieu a décidé que je ferai de la musique, il a été le premier que j’ai appelé pour qu’il vienne m’assister. Il y a eu un morceau dans lequel j’ai chanté le groupe Sing-Sing.

POUVEZ-VOUS NOUS RACONTER UNE ANECDOTE QUI VOUS A MARQUE ?

La scène que je n’oublierai jamais c’est celle du 24 Décembre. Chaque année, à cette même date, j’organise un concert à la Medina. La fois que je l’ai organisé au Grand théâtre, la salle était pleine à craquer, même ma mère était présente. Quand elle m’a regardé, elle a souri, j’étais comme possédé sur scène. Elle m’a donné envie de faire les choses bien, de me surpasser. C’est une chose qui m’a vraiment marqué et que je n’oublierai jamais. Pourquoi ? Ma mère est de nature casanière, elle se couche très tôt et ce jour-là, elle avait cassé sa routine pour venir voir mon spectacle.

PARLONS DE CE CONTEXTE DE PANDEMIE DE COVID-19. QUELLE IMPACT A-T-ELLE EU DANS VOTRE CARRIERE ?

Cette pandémie a tout chamboulé. Mais nous rendons grâce à Dieu, c’est LUI qui veut que les choses se passent ainsi. Nous devons LUI rendre grâce car les dégâts que cette pandémie a causés dans les autres pays ne se sont pas reproduits ici. Sinon, c’est très difficile, tout est à l’arrêt, il n’y a plus de spectacle, il n’y a plus rien d’autant plus que nous sommes des soutiens de famille, il y a beaucoup de gens qui comptent sur nous. Tous les secteurs sont touchés. J’avoue qu’elle commence à durer et cela est un handicap pour nous. Si cette situation perdure, pourquoi ne pas reprendre les soirées mais différemment ? Des soirées avec masques et gels obligatoires, pourquoi pas (rire) ?

VIVEZ-VOUS DE VOTRE MUSIQUE ?

Oui, bien sûr et je rends vraiment grâce à Dieu ! Quand nous faisons des prestations, nous nous faisons payer, pareil pour nos soirées et rien que pour ça, je dis Alhamdoulilah. Quand on croit en ce que l’on fait, on finit toujours par y arriver. Je ne révèlerai jamais combien je gagne (rire). Mais la musique a vraiment changé ma vie.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À UN JEUNE QUI VOUDRAIT FAIRE DE LA MUSIQUE ?

Le conseil que je lui donnerai, c’est d’abord de bosser avant de se lancer car ce n’est pas facile. C’est très dur. Quand tu as quelqu’un qui peut t’aider, tu peux foncer, par contre quand tu n’as personne pour t’accompagner, il faut se plier en deux. Faire de la musique nécessite beaucoup de moyens, il y a beaucoup de dépenses à gérer, il faut payer les musiciens, le staff… A mes débuts, je me suis débrouillé tout seul et mes amis me servaient de musiciens. Après, on se partageait le peu qu’on avait récolté. Quand on fait de la musique, on doit être loyal envers ses musiciens parce que sans eux, rien ne marche.

QUELS SONT VOS PROJETS ?

Je prépare un album et quand il sera sur le marché, tout le monde saura qu’El Hadj Keïta fait de la bonne musique.


ANNA THIAW (STAGIAIRE)

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