Le gouvernement du Sénégal a affirmé jeudi sa détermination à réprimer toute tentative de troubles à l’ordre public alors que l’opposant Ousmane Sonko, menacé d’être inéligible à l’élection présidentielle de 2024, s’apprête à se rendre à Dakar à la tête d’un convoi populaire. « Nous maintiendrons l’ordre public quel qu’en soit le prix », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, lors d’une conférence de presse. « Nous n’autoriserons personne, absolument personne, à perturber l’ordre public et la tranquillité des Sénégalais », a-t-il ajouté.
Après son procès pour viol tenu en son absence mardi, Ousmane Sonko a annoncé mercredi à Ziguinchor son intention de rentrer à Dakar par la route et de transformer ce trajet d’environ 500 kilomètres en une « caravane de la liberté », afin de mener « le combat final » contre le président Macky Sall. « Même s’il souhaite se rendre à Dakar à pied, cela ne pose pas de problème tant qu’il respecte les lois et les règlements », a expliqué M. Fofana. Aucune demande de manifestation n’a été déposée « à notre connaissance », a-t-il précisé jeudi après-midi.
Le porte-parole du gouvernement s’est interrogé sur la possibilité que M. Sonko cherche à « se faire arrêter pour des raisons politiques » afin d’éviter la honte d’une condamnation pénale « pour des affaires sordides ».
Le convoi de Ousmane Sonko n’avait pas encore quitté Ziguinchor jeudi après-midi et aucun préparatif n’était visible sur place, ont constaté des journalistes de l’AFP. L’opposant a déclaré qu’il partirait jeudi ou au plus tard vendredi. Le leader du parti Pastef-les Patriotes, qui s’est classé troisième lors de l’élection présidentielle de 2019, était absent lors de son procès pour viol, affirmant craindre pour sa sécurité et remettant en question l’impartialité de la justice. Il a toujours nié les accusations et dénoncé un complot du pouvoir visant à l’écarter de la présidentielle.
Le maire de Ziguinchor risque maintenant son éligibilité, déjà compromise par une condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation à l’encontre d’un ministre. En 2021, son arrestation lors de son déplacement en cortège vers le tribunal où il était convoqué, peu après la révélation des présumés viols, a déclenché plusieurs jours d’émeutes qui ont fait au moins douze morts. La tension devrait de nouveau monter d’ici le 1er juin, date à laquelle le verdict est attendu.