Le septième congrès du PIT-SÉNÉGAL est prévu les 29 et 30 avril 2023, un peu moins de sept ans, après le dernier, qui s’était tenu en juillet 2016. Nous nous inclinons pieusement devant la mémoire de figures de proue de notre organisation, disparues, dans l’intervalle, comme Amath Dansokho, Seydou Ndongo et tout récemment Ibrahima Sène, ainsi que de nombreux camarades et militants anonymes.
Cette période a également coïncidé avec une crise profonde du Parti, sur le triple plan de l’organisation, du leadership et des perspectives. C’est pour cette raison que nous avons, sur la base d’un mémorandum publié le 3 décembre 2020, mis sur pied, un cadre dénommé Comité pour la plate-forme de Réflexions « Dooleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi » ayant, entre autres, pour buts, de susciter un large débat interne et critique et de refonder le Parti en synergie avec l’ensemble des militants et compte tenu des évolutions et ruptures de notre époque.
Ce mémorandum fut distribué au Secrétaire Général et à toutes les instances du Parti. Malgré les rencontres avec la Commission Centrale de Contrôle et une délégation du secrétariat, les conditions d’un débat ouvert et fécond et d’une correction des graves lacunes organisationnelles n’ont pu être réunies. La raison principale réside dans l’impasse théorique et la crise d’orientation empêchant la direction d’impulser une dynamique salutaire pour sortir l’organisation de l’ornière.
C’est pourquoi, il saute aux yeux, à quelques jours du congrès, que sa tenue va pâtir considérablement de ces tares que traîne le Parti.
Cet affaiblissement organisationnel du PIT-SÉNÉGAL et des autres composantes de la gauche sénégalaise a laissé le champ libre aux tenants du néolibéralisme, qui ont procédé à la mise sous tutelle de toutes les institutions et au démantèlement de tous les contre- pouvoirs, se traduisant par un recul sans précédent de l’État de droit, par l’accroissement de la misère, par l’accentuation de la dévalorisation de la parole publique, et du non-respect par l’État de ses propres engagements.
Enfin, les effets de la crise se manifestent essentiellement sur le plan économique, par le bradage des intérêts stratégiques du pays à des puissances étrangères, par l’endettement inconsidéré pour des projets de prestige sans impact réel sur la structure économique du pays.
Le diagnostic posé par le CPR Dooleel PIT est partagé par de larges secteurs du Parti, comme on peut le constater dans les documents préparatoires au prochain congrès, qui reconnaît, du bout des lèvres, que la situation est grosse de dangers qui pourraient être annonciateurs d’une crise politique profonde coïncidant avec la fin du second mandat du Président Macky Sall. Mais la responsabilité politique de la coalition présidentielle est totalement occultée. Le groupe dirigeant actuel du Parti préfère évoquer les menaces induites par la restauration du capitalisme libéral.
Pire, au moment où on assiste dans notre pays à des atteintes graves aux libertés se traduisant par l’embastillement de centaines de militants de l’Opposition et de professionnels de la Presse, de même que la liquidation judiciaire d’adversaires politiques, l’équipe dirigeante du PIT épargne les principaux fauteurs de troubles que sont le président Macky Sall et ses thuriféraires. Elle rejette la responsabilité de la situation de tension, qui prévaut dans notre pays, sur les pauvres victimes, coupables d’instaurer un climat de violence pouvant déboucher sur une insurrection, qui pourrait abréger la durée du régime de Benno Bokk Yakaar et subséquemment celle du mandat du président Sall, ce qui représenterait, selon eux, une grave menace sur les acquis républicains et démocratiques du peuple sénégalais.
Le Comité pour la plate-forme de Réflexions « Dooleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi » s’inscrit en faux contre de pareilles allégations, qui ne cherchent qu’à cautionner la troisième candidature du Président Macky Sall, en le présentant sous les traits du garant de la stabilité́ du pays et de la cohésion de notre peuple, face aux adeptes de la déstabilisation pour l’accès au pouvoir que seraient les opposants.
Des dirigeants du PIT plaident également pour le maintien de la stratégie de large rassemblement des forces républicaines, démocratiques et laïques, qu’elles soient du pouvoir ou de l’opposition, de gauche ou de droite. N’est-ce pas là une stratégie de conservation du pouvoir au profit de la bourgeoisie politico-bureaucratique alliée du capital transnational ? En se promettant de mettre en échec de prétendus militants de l’opposition, qui seraient anti-patriotiques, anti-républicains, anti-laïcs, et anti-panafricanistes, dans l’intérêt des travailleurs, des couches populaires urbaines et rurales, le PIT est en train de baliser la voie au Président Sall pour un troisième mandat.
À Dooleel PIT , nous pensons, en ce qui nous concerne, que ce qui fonde la pratique de la stratégie de large rassemblement est son contenu de classe et son caractère populaire, et qu’elle doit avoir pour socle la gauche, d’abord, celle de l’Opposition mais aussi celle qui milite pour une CDS rénovée, avec ambition d’être un moment articulateur d’une gauche plurielle, décidée a peser dans la destinée du pays en offrant des perspectives d’avenir qui placent la justice sociale, le progrès et les valeurs axiologiques de la gauche au centre de son activité politique, éloignée de l’irénisme, voire d’une obsession de la convergence a l’extrême centre qui ne fait que brouiller les repères politiques. Notre volonté est d’amener le parti à s’allier aux véritables forces de progrès du pays qui sont celles qui s’approprient les pertinentes conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI.
Nous pensons qu’il est impératif que le septième Congrès désapprouve, sans équivoque, toute velléité du Président Macky Sall de postuler à un troisième mandat, sans attendre de savoir s’il a décidé de violer ou pas la Constitution, en droite ligne de la Plateforme des forces vives du Sénégal F24.
Nous sommes à la croisée des chemins, il nous faut statuer sur la place qui doit être celle du PIT dans le Sénégal d’aujourd’hui. Nous devons refuser d’être les supplétifs de la bourgeoisie politico-bureaucratique et de permettre que le formidable instrument de conquête démocratique, de progrès social que nous ont laissé nos ainés continue d’être dévoyé par ceux qui l’ont pris en otage.
Nous faisons le choix de la lutte, aux côtés des masses laborieuses, des travailleurs et des partis d’opposition, pour la ré-enchanter de l’espérance et rester fidèles à nos convictions.
Le Comité pour la Plate-forme de Réflexions
« Dooleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi »
Dakar, le 24 avril 2023