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Magistrature, Armée, Presse… Les mythes s’effondrent !

L’année 2020 n’aura pas été seulement celle de la Covid-19 avec ses milliers de morts, mais également celle du parachèvement de l’effondrement de mythes qui entouraient des services névralgiques de notre nation en l’occurrence la Magistrature, l’Armée et même la Presse, souvent estampillée quatrième pouvoir.

Le processus avait commencé bien avant mais, depuis quelques jours, il a connu un coup d’accélérateur  important avec des faits d’une gravité suffisante pour écorner l’image de ses institutions.

Naguère, les magistrats du siège, on ne les entendait et ne voyait qu’au tribunal. Leur statut était entouré d’une telle solennité qu’ils inspiraient la crainte et forgeaient le respect.

Aujourd’hui, les choses sont en train de changer. Le juge Téliko qui dirige l’Union des magistrats du Sénégal ne me démentira pas lui qui fait actuellement l’objet d’une procédure devant la Commission de discipline de son Ministère de tutelle après un passage à l’Inspection générale de l’Administration judiciaire. La raison ? ll a donné un avis technique (judiciaire) sur l’affaire Khalifa Sall.

D’ailleurs, l’UMS a décidé d’internationaliser son combat pour sauver la tête de son Président. Et au niveau de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, on parle de volonté de restreindre les libertés des magistrats.

Mais, il y a eu plus grave. Avant l’affaire Téliko, deux magistrats se sont épanchés dans la presse dans des diatribes aux allures de règlement de compte.

Le juge Yayah Dia s’en est pris à son collègue Ousmane Kane, Président du Tribunal de grande instance de Kaolack, en l’accusant de fautes graves ou même lourdes dans l’exercice de ses fonctions avec des insinuations certaines sur des faits de corruption sous-jacents. Là aussi, la hiérarchie s’en est saisie aux fins de remettre de l’ordre dans les rangs.

Bien sûr, il y avait eu aussi des démissions notamment celle du juge Dème, accompagnées de dénonciations. Tout pour dire que la magistrature est brusquement sortie du silence pour être au-devant de l’actualité. Et de quelle manière.

Malheureusement, les magistrats ne sont pas les seuls.

L’Armée, la grande muette, celle dont le respect qu’il jouit est presque sacré, est elle aussi, au-devant de l’actualité.

L’expulsion des 79 familles d’anciens soldats à Ouakam, un village traditionnel de Dakar, a fini de jeter l’émoi au niveau de l’opinion publique même s’il s’agit là de l’aboutissement d’une longue procédure judiciaire. 40 ans d’occupation d’un espace donne une forme de ‘’droit acquis’’ qui rend l’expulsion violente et agressive. Ce qui impose, de la part de l’Etat, qui est la tutelle, des mesures alternatives humanitaires d’urgence. Ces familles en ont besoin.

Une situation qui a été l’occasion, de s’attaquer à la haute hiérarchie de l’Armée pour l’accuser de boulimie foncière.  Aïe !

Mais, ce n’est pas tout. La Direction de l’information et des relations publiques de l’Armée a dû, pour la première fois, répondre, la semaine dernière, dans une radio de la place aux attaques d’un ancien militaire blessé au Mali mais en dehors des champs de bataille.

Les propos tenus par la personne aujourd’hui handicapée et par les animateurs peuvent dangereusement saper le moral des troupes, ce qui a nécessité une opération d’urgence de communication de la Dirpa.

Tout pour dire qu’aujourd’hui, si l’on n’y prend garde, l’Armée va être installée au cœur de polémiques contre lesquelles elle était jusqu’ici protégée.

La preuve, le chanteur Mame Gor Jazaaka a osé l’attaquer publiquement en des termes peu élogieux il y a de cela seulement quelques semaines, ce qui n’avait pas du tout plu aux soldats et aux gradés.

Il s’en est excusé mais le mal est fait.

Bref, un mythe est en train de s’effondre. Et cette réalité a aussi éclaboussé la presse.

La camarawoman violentée par la Police a été la dernière victime d’une longue série d’atteintes aux libertés des journalistes donc au droit du public d’être informé.

Naguère, on ne s’en prenait pas aux journalistes et aux techniciens de l’information de cette manière. On les respectait et s’il y avait un problème, les éléments sur le terrain faisaient appel à la hiérarchie.

Mais, aujourd’hui, les manœuvres opérées visent manifestement à banaliser la Presse et à la domestiquer par l’intimidation.

La preuve, la carte de presse ne suffit plus à protéger le porteur et la violence publique illégale, cette force de coercition illégitime, s’abat aussi sur la presse.

En clair, 2020 amorce aussi un tournant. Il s’agit de la désacralisation de toutes les institutions publiques et privées, de tous les piliers de la Nation. Une opération qui va aboutir à leur banalisation ce qui va les rendre moins efficaces.

C’est pourquoi, il urge d’agir et vite. Nous ne pouvons pas croiser les bras et laisser ces piliers s’effondre. Il faudrait que l’Armée, la Magistrature et bien d’autres institutions soient au-dessus de la mêlée.

Et la presse, libre, doit servir de sentinelle. Mais, malheureusement, les choses sont tellement bien enchevêtrées que chacune de ses structures travaillent parfois à banaliser l’autre.

Une seule question : Qui en tire profit ?


Assane Samb

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