Alors que les rapports des médias font état de la poursuite des combats à l’arme lourde au Soudan entre l’armée régulière et les paramilitaires, les Nations Unies se sont inquiétées lundi de l’intensification des affrontements dans la capitale soudanaise, Khartoum.
« L’ONU est extrêmement déçue que la cessation humanitaire des hostilités à laquelle s’étaient engagées les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) n’ait été que partiellement honorée hier », a déclaré dans un communiqué, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Volker Perthes, relevant que « les affrontements se sont également intensifiés ce matin (lundi) ».
L’armée et les paramilitaires qui s’affrontent depuis samedi au Soudan ont annoncé ouvrir dimanche des « couloirs humanitaires » pour évacuer les blessés « pendant trois heures», se gardant des deux côtés un « droit de riposte en cas de violation » de l’accord. Volker Perthes, qui est aussi le Chef de la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations Unies au Soudan (UNITAMS), continue d’exhorter toutes les parties à respecter leurs obligations internationales, et notamment à assurer la protection de tous les civils.
Protéger le personnel de santé et les patients
Alors que les combats se poursuivent à Khartoum et dans d’autres régions du Soudan, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) exhorte, pour sa part, toutes les parties au conflit à respecter la neutralité des soins de santé et à garantir un accès illimité aux établissements de santé pour les personnes blessées par les hostilités.
Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, les déplacements dans la ville sont limités en raison de l’insécurité. Cela complique la tâche des médecins, des infirmières, des patients et des ambulances qui doivent se rendre dans les établissements de santé, et met en danger la vie des personnes qui ont besoin de soins médicaux d’urgence. L’OMS rappelle à toutes les parties leur obligation « de protéger les blessés et les malades, les civils, les travailleurs de la santé, les ambulances et les établissements de santé ».
Depuis le 13 avril, plus de 83 personnes ont été tuées et plus de 1.126 autres blessées à Khartoum, au Kordofan-Sud, au Darfour-Nord, dans l’État du Nord et dans d’autres régions, les combats les plus intenses se déroulant actuellement à Khartoum, selon un décompte effectué dimanche soir par l’OMS. Mais les rapports des médias ont fait état d’un nouveau bilan communiqué lundi matin par le Syndicat des médecins, avec au moins 97 morts parmi les civils.
Des pénuries de sang, d’équipement de transfusion
Alors que les blessés sont de plus de 1.100 depuis le début des combats samedi, l’OMS annonce que « plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n’ont plus de sang, d’équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d’autres matériels vitaux ». « Les fournitures distribuées par l’OMS aux établissements de santé avant cette récente escalade du conflit sont maintenant épuisées ».
L’agence onusienne signale également des pénuries de personnel médical spécialisé, notamment d’anesthésistes. Les coupures d’eau et d’électricité affectent le fonctionnement des établissements sanitaires, et des pénuries de carburant pour les générateurs des hôpitaux sont également signalées. Selon l’OMS, l’hôpital Bahri de Khartoum Nord a reçu plus de 40 civils blessés et demande des fournitures chirurgicales supplémentaires.
Face à ces manques, l’OMS surveille les besoins et les ressources sanitaires à Khartoum et dans les autres villes touchées afin de s’assurer que les fournitures limitées sont acheminées là où elles sont le plus nécessaires. L’OMS collabore avec le ministère de la Santé de Khartoum pour aider les hôpitaux qui traitent les blessés en leur fournissant du carburant pour les générateurs et des poches de sang supplémentaires.