La Guinée équatoriale et la Tanzanie font actuellement face à des épidémies du virus de Marburg. Un agent pathogène aussi mortel que son cousin Ebola, mais qui était jusqu’à présent très rare. Il n’y avait ainsi jamais eu deux épidémies simultanées.
Deux épidémies en à peine trois mois. La Guinée équatoriale et la Tanzanie sont actuellement confrontées au virus Marburg, un proche cousin d’Ebola, tout aussi mortel pour l’homme. La Tanzanie a annoncé faire face à une épidémie de virus Marburg le 21 mars. Sur huit malades confirmés au 6 avril, cinq ont perdu la vie, a affirmé le Center for Disease Control américain (CDC), qui a publié une alerte sanitaire pour mettre en garde les ressortissants américains présents dans ces deux pays africains.
La Tanzanie et la Guinée équatoriale touchées
C’est la situation en Guinée équatoriale qui semble actuellement la plus inquiétante. L’épidémie y a été déclarée le 25 février par l’Organisation mondiale de la Santé à la suite de la découverte de plusieurs décès suspects dans deux villages du nord du pays fin janvier. Depuis l’apparition des premiers cas, quatorze personnes ont été officiellement contaminées par ce virus. Dix d’entre elles sont décédées dans les jours suivant l’apparition des symptômes de la maladie vomissements, diarrhées, nausées et épisodes des très fortes fièvres.
Mais l’OMS soupçonne l’épidémie d’avoir fait plus de victimes. En effet, les cas confirmés proviennent de plusieurs régions éloignées les unes des autres, de quoi laisser penser qu’il « pourrait y avoir une propagation non détectée du virus dans le pays », note le CDC américain. L’Organisation mondiale a même estimé, fin mars, que la Guinée équatoriale « n’était pas totalement transparente dans sa communication sur les cas confirmés », souligne le New York Times.
Deux épidémies dans deux pays différents, c’est inédit pour le virus Marburg », constate Paul Hunter, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses à l’University of East Anglia, au Royaume-Uni. En fait, « on constate une accélération des épidémies de virus de Marburg ces dernières années », ajoute Cesar Munoz-Fontela, spécialiste des maladies infectieuses tropicales au Bernhard Nocht Institute for Tropical Medicine de Hambourg.
Ce virus, détecté pour la première fois chez l’homme en 1967 dans un laboratoire de la ville allemande de Marbourg, a été responsable d’une dizaine d’épidémies sur le continent africain depuis la fin des années 1970. Jusqu’au début des années 2020, il n’y avait pas plus d’une épidémie tous les trois à quatre ans. C’est une chauve-souris, la Roussette d’Égypte, qui est l’hôte naturel du virus et le transmet à l’homme, soit directement, soit via un hôte intermédiaire, comme les singes dans le cas des transmissions à Marbourg.
La plupart des épidémies passées ont été de petite ampleur puisqu’elles n’ont touché officiellement qu’une dizaine de personnes au maximum à chaque fois. Et c’est tant mieux, car le virus de Marburg est l’un des plus mortels, avec Ebola. Comme son cousin, ce filovirus une famille de virus qui ressemblant à des filaments – a un taux de létalité qui peut avoisiner les 90 %.
C’est ce qui s’est produit lors des deux plus importantes épidémies du virus de Marburg. Entre 1998 et 2000, 128 malades sont décédés sur un total de 154 cas confirmés en République démocratique du Congo. Quatre ans plus tard, c’est au tour de l’Angola d’être frappé par ce virus qui tue alors 227 personnes sur 252 malades contaminés.
Depuis lors, les spécialistes estiment que le taux de létalité peut être réduit grâce à une prise en charge médicale rapide. Mais même avec des soins, le risque de mourir reste très élevé et « avoisine les 50 % », souligne l’OMS.
Pas de vaccin ou de traitement
Le danger est d’autant plus grand que, contrairement à Ebola, « il n’existe ni vaccin ni traitement spécifique post-exposition », souligne Cesar Munoz-Fontela. Cette absence de solution vaccinale, alors que ce filovirus a été détectée il y a plus de 50 ans, tient essentiellement au fait « qu’il n’y a pas de marché pour ce vaccin », estime ce chercheur.