Au Sénégal, la tradition du <<Soukeurou Koor >>( ou <<Sucre de Ramadan ) fait peser une pression psychologique et financière sur les femmes mariées qui l’offrent à la belle famille à l’occasion du mois de Ramadan. D’acte de partage, cette coutume se transforme de plus en plus en charge.
Pendant le mois de Ramadan, les bonnes actions sont encouragées. Au Sénégal, il est de coutume d’appui le <<Soukeurou Koor >>( sucre de Ramadan ) pour aider ses proches. Cette habitude qui relève de la tradition plus que la religion ,est particulièrement l’affaire des femmes mariées, supposées offrir un panier à leur belle -mère, mais aussi aux belles sœurs et aux beaux-pères .
A l’origine ,le panier était composé d’aliments pour rompre le jeûne: sucre, lait, café, dattes , d’où son nom. Mais il est devenu ces dernières années beaucoup plus onéreux, riches tissus, vaisselle, bijou en or, parfum ou des enveloppes d’argent, le prix des paniers varie désormais entre 10 000 et 1 millions de Francs Cfa (entre 15 ET 152 euros) pour les ménages les plus riches.<<La nouvelle génération est très matérialiste, on est la surenchère >>,déplore Fatou Diop, mère de famille.
Basée dans le quartier Lougatois Grand-Louga, Rokhaya Fall confectionne depuis trois ans des paniers <<Soukeurou Koor>> pour une clientèle haut -de – gamme <<J’ai fait venir des coffrets de Turquie et des produits originaux. Le business autour du <<Soukeurou Koor>>se développe car il y a tendance aux cadeaux plus modernes et chics >>,détaille-t-elle le montant les chapelets, parfum et Djellabah qu’elle vend en ligne.
Si la pratique est très ancrée, une partie des femmes refuse désormais de s’en acquitter ,avec le souci de ne pas accentuer les différences entre elles .Dans la tradition musulmane,<<tu ne dois pas imposer à celui qui ne peut pas >>,rappellent -elles .<<Je préféré donner aux paniers de la nourriture que le donner à ma belle-famille qui n’en a pas besoin >>,tranche ainsi Aicha <<cette pratique n’est pas inscrite dans la région, mais malheureusement ici on est dominé par les traditions et coutumes >>.
Les belles-mères n’hésitent pas à réclamer leur panier, sous peine de critiquer, voire rejeter ,leur belle -fille ,voire d’encourager leur fils à prendre une deuxième épouse ou à divorcer. Pour alléger la pression pesant sur sa fille, Fatou Diop, bénévole dans un centre de santé et commerçante à Louga, avait pris l’habitude de <<mettre de l’argent de côté via des tontines >>,ces systèmes d’épargne communautaire.