L’envoyée de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) a prévenu mercredi le Conseil de sécurité que la situation sécuritaire dans l’Est ce pays s’est « considérablement dégradée » ces derniers mois et que la situation humanitaire y est « de plus en plus dramatique ».
Conscient de la dégradation de la situation, une délégation du Conseil de sécurité a effectué une visite en RDC du 9 au 12 mars, pour marquer la solidarité et la mobilisation des Nations Unies face aux défis sécuritaires, électoraux et structurels dans ce pays.
Exactions des groupes armés
« L’intensification du conflit avec le M23 et l’activisme persistant d’autres groupes armés, notamment les ADF, Zaïre et la CODECO, pour ne citer qu’eux, continuent d’infliger des souffrances intolérables aux populations civiles », a observé mercredi la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la RDC, Bintou Keita, devant les quinze membres du Conseil.
Mme Keita, qui est également la cheffe de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO), a souligné que dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et d’Ituri, des centaines de milliers de personnes ont fui les exactions des groupes armés et les affrontements entre le M23 et les Forces armées de RDC (FARDC) mais aussi entre la CODECO et Zaïre.
« Au Nord-Kivu en particulier, les affrontements entre le M23 et les FARDC ont forcé 900.000 personnes à se déplacer. Les besoins humanitaires, déjà immenses en RDC, continuent d’augmenter. Cette crise humanitaire reste l’une des plus négligées au monde. Les populations déplacées, auprès desquelles je me suis rendue, vivent dans des conditions extrêmement précaires », a-t-elle déploré.
Dans ce contexte, Bintou Keita a plaidé pour la mobilisation des ressources nécessaires pour la mise en oeuvre du plan de réponse humanitaire 2023 porté à hauteur de 2,25 milliards de dollars.
Parmi les déplacés, la Représentante spéciale a insisté sur « la situation particulièrement précaire des femmes » et a jugé impératif de financer le Plan d’action national de prevention de l’exploitation et des abus sexuels pour leur assurer une protection adaptée. « Plus de 2 millions de dollars sont nécessaires pour soutenir ses activités, notamment dans les zones touchées par la crise du M23. Parmi les initiatives en cours, je salue la création d’un fond de soutien aux victimes et l’assistance psychologique aux femmes mise en place par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) », a-t-elle dit.