Le leader de Pastef a encore innové en matière de stratégie en envisageant de lancer un appel à la désobéissance civile et à la grève générale. Une nouvelle forme de lutte qui s’inscrit dans le cadre des actions légales, c’est-à-dire autorisées par la loi. A ce propos, il faut s’en féliciter que de telles initiatives de lutte ne soient pas de nature à porter une atteinte grave à la paix sociale et à la cohésion nationale.
Toutefois, il y a un souci majeur : le motif pour lequel l’appel est lancé. En effet, tout se passe aujourd’hui dans le cadre d’un procès en diffamation intenté contre le leader politique, incontestablement chef de l’opposition. A ce propos, est-ce qu’il est admissible qu’un citoyen attrait à la barre par un autre pour diffamation puisse réclamer une grève générale et une désobéissance civile, même si le soubassement politique du procès est évident ?
A ce rythme, la Justice aurait du mal à poursuivre toute personne qui aurait de l’influence. Imaginons si Cheikh Béthio Thioune, Serigne Moustapha Sy et autres avaient fait de même, quand ils avaient des ennuis judiciaires. Quelles seraient les conséquences ?
Tout pour dire que les actions de Sonko s’inscrivent dans un combat pour sa survie politique. Et que sans doute, ses appels à la résistance ressemblent fort à des appels au secours comme le disait le Doyen Pathé Mbodji. Il faut l’entendre de cette oreille. Aussi bien pour l’affaire Sweet-Beauty que pour le procès l’opposant à Mame Mbaye Niang, le leader de Pastef n’a jamais cessé de lancer un appel au peuple. Mais ces appels cachent mal celui d’une médiation de taille afin de lui permettre de sauver sa candidature et sa personne.
A ce propos, nous estimons que quelque chose peut être tenté, notamment de la part des guides religieux, y compris l’Eglise qui, en cette période de ramadan et de carême, doivent entendre les messages et intervenir. Cet appel s’adresse aussi à Macky et à ses ouailles. Il faut savoir desserrer l’étau, abaisser la tension au nom de l’intérêt supérieur des Sénégalais. On savait que 2024 serait une année électorale aux péripéties complexes mais s’il faut que des gens meurent et que d’autres soient à l’hôpital et en prison pour un simple renvoi, on peut imaginer la suite.
Loin de nous l’idée d’avaliser une quelconque pression sur la Justice. Mais à un certain stade de tension, il n’est pas superflu d’interroger le bon sens. Et de faire preuve de dépassement pour ne pas dire d’élégance. Comme quoi, comme dans toute guerre, il faut une trêve.
Assane Samb