Le procès de Sitor Ndour a repris ce lundi 20 mars devant la chambre criminelle de Dakar. Accusé de viol par sa domestique, le responsable de l’Alliance pour la République (APR) risque 10 ans de réclusion criminelle. Par la voix de ses avocats, la partie civile a réclamé 50 miliions francs, à titre de dédommages et intérêts.
Depuis sept mois, Sitor Ndour est dans la tourmente. Visé par une plainte pour viol, l’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) risque de passer 10 longues années derrière les barreaux s’il est condamné à l’issue de son procès. À la reprise de l’audience ce lundi 20 mars 2023 devant la chambre criminelle de Dakar, la parole a été donnée au Ministère public et aux avocats des différents parties. Tout au long de l’interrogatoire ce jeudi 15 mars, le responsable politique de la mouvance présidentielle avait balayé d’un revers de main les accusations de son ex-domestique, âgée de 17 ans au moment des faits. Et malgré les conclusions du rapport médical, la procureure a demandé une lourde sanction contre l’accusé. « La victime a été toujours constante face aux dénégations et tergiversations de l’accusé. Sa déclaration a été corroborée par Sitor qui a dit que tout ce que A. T. a dit est vrai sauf la pénétration.
Cela veut dire qu’elle ne ment pas. S’il ne s’était pas déshabillé devant elle, elle ne saurait pas que le caleçon a des rayures. Il y a une divergence sur la couleur. Lui parle de blanc et la fille de beige, mais c’est du blanc mal entretenu », a pesté la parquetière. D’après elle, les enquêteurs ont biaisé les techniques d’investigations. Pis, le certificat médical est suspect. « Le professeur Maguette Mbaye n’a jamais déféré à la convocation de la gendarmerie et de la sûreté urbaine et pourtant elle a apposé sa signature sur le certificat médical », s’est indignée l’avocate de la société qui reste persuadée que c’est Dr Nazir Syllla qui a examiné la victime présumée alors qu’il n’en avait pas la qualité. Étant donné que dit-elle, ce dernier n’est ni gynécologue ni sage-femme. « Depuis le début, la volonté manifeste de Sitor était d’étouffer l’affaire. Il dit que c’est un coup monté pour le nuire politiquement. Qu’il nous dise qui sont les commanditaires », a asséné le maître des poursuites qui a requis 10 ans de réclusion criminelle.
Le parquet et les avocats de la partie civile déchirent le rapport médical et le procès-verbal de la gendarmerie
Embouchant la même trompette, les trois avocats de la partie civile ont écarté le certificat médical et le procès-verbal de la gendarmerie. A en croire les robes noires ces deux documents ont été manipulés pour blanchir l’accusé. « Tout a été manigancé par les gendarmes. Certains documents ont disparu. Il y avait du sperme sur la petite. La première personne qui a consulté A. T. l’a constaté », a soutenu Me Théophile Cayossi. Parlant de l’attitude de l’accusé après les faits, la robe noire de poursuivre : « Lorsqu’on est innocent, on ne négocie pas. Sitor s’est présenté devant votre juridiction pour dire qu’une autorité m’a demandé de négocier. C’est un aveu. Il cite le ministre Mbaye Ndiaye, Mansour Faye et le président Macky Sall. À la gendarmerie aussi, il a dit au commandant, je suis dans de sales draps. Comment quelqu’un qui est innocent peut tenir de tels propos ? », s’est interrogé Me Cayossi. Selon lui, l’accusé ne cherchait pas une nounou. Il cherchait une épouse de substitution. « Il cherchait quelqu’un avec qui, il pouvait assouvir sa forte libido sans aucune contrepartie. Mais, il a eu affaire à une fille digne », a martelé le conseiller. Pour la réparation du préjudice de la victime présumée, Me Ndèye Fatou Touré et ses deux confrères ont réclamé 50 miliions francs.
Les sept conseils de la défense, ont de leur côté, clamé l’innocence de leur client. « On ne s’amuse pas avec la liberté d’un homme. On se permet d’anéantir une vie, une carrière pour rien du tout. C’est inacceptable. Pendant ce temps, on ne parle même pas de test Adn alors que dans certains dossiers on en a fait », a déploré Me El Hadji Diouf qui estime que le dossier méritait un classement sans suite. « J’étais scandalisé par l’attitude du parquet. L’accusé n’a jamais reconnu avoir violé dans l’enregistrement et tous les éléments du dossier militent pour son acquittement », a plaidé Me Boubacar Cissé. Le juge rendra sa décision le 19 avril prochain. Pour rappel, le viol se serait produit au lendemain de la Tabaski 2022 au domicile de Sitor Ndour. Alors que la partie civile était à son troisième jour de travail. Le rapport médical a fait état d’une défloration ancienne de l’hymen et une absence de lésion traumatique. Dr Nazir Syllla ajoutait n’avoir pas vu de rougeur dans les parties intimes ni de traces de sang encore moins de traces de sperme.