Président du Conseil d’administration du Train Express Régional (SN TER), Thierno Lô a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Devant les journalistes Fatou Thiam Ngom et Assane Samb, il est revenu sur plusieurs questions d’actualité. Morceaux choisis.
On a noté une tendance baissière de la Covid 19 depuis quelques jours. Est-ce que vous pensez que le Sénégal a ainsi réussi la lutte ?
Je ne dirai pas que nous avons réussi la lutte parce que tant que la pandémie est là nous ne pouvons pas dire que nous avons réussi. Car, l’ennemi est toujours présent parmi nous et tue. Mais ce que je peux dire, c’est que le Sénégal malgré ses ressources insuffisantes, malgré son état de pays sous développé a su à partir de la compétence des ressources humaines sénégalaises faire face. La pandémie nous a montré que nous sommes un petit pays mais, nous avons une richesse extraordinaire et ce sont les compétences. C’est pour moi l’occasion de saluer nos forces de défense et de sécurité, nos forces sanitaires parce qu’elles ont pu montrer que ce pays est une grande puissance en ressource humaine de qualité. Et que nous avons donc un levier essentiel sur lequel nous pouvons nous baser pour régler le problème du développement du Sénégal. Il faut faire confiance à ces fils de ce pays qui ont des compétences. Je pense que nous l’avons montré encore une fois de plus que nous sommes bien garnis dans ce domaine.
Cette pandémie a provoqué une crise économique partout dans le monde et le Sénégal n’est pas en reste. Le président Sall et son équipe se penche sur un plan de relance économique. A votre avis que devrait être ce plan pour aider le pays à se relever ?
Vous permettrez d’abord de faire une précision parce que je ne suis pas de ceux qui parlent de plan de relance. Je suis de ceux qui parlent de plan d’adaptation. Nous vivons une pandémie, nous ne connaissons pas sa séquence temporelle. Et, nous ne pouvons pas relancer tant que nous n’avons pas terminé un processus. A mon avis une relance s’appuie sur une évaluation, s’appuie sur un inventaire, s’appuie sur une maîtrise de situation pour se situer une objective pour relancer. Relancer c’est donner de la force à quelque chose qui était à l’arrêt. Nous ne sommes pas encore à l’arrêt. La preuve, nous avons signé une loi d’habilitation c’est-à-dire on laisse le soin au président de la République de prendre des fonds qui étaient destinés dans différents secteurs pour les mettre au profit du secteur sanitaire. Donc, nous nous adaptons pour essayer de subir la séquence temporelle du virus. Mais toujours est-il que dans le cadre d’une anticipation, il faudrait qu’on commence à en tirer les leçons. Ce, pour savoir est-ce que ce que nous faisions été prioritaire ? Est-ce que nous avions les bons objectifs ? Est-ce que nous avions le bon comportement pour que nous puissions en tirer les conséquences. Donc, ça nous amène toujours dans la nécessité et l’importance du suivi évaluation. Le malheur du Sénégal c’est qu’on n’évalue pas. Si nous faisions l’évaluation on aurait dû savoir quelles sont les choses à corriger pour que nous puissions prendre les meilleures décisions.
Ne pensez-vous que le retour à la terre pourrait nous aider à nous relancer ?
Le problème c’est un problème de volonté politique. J’ai toujours dit que ce que nous avons ça n’existe dans aucun pays. Les deux pouvoirs que nous avons collaborant nous relevons tous les défis. J’ai dit que nous ne pouvons pas avoir une confrérie telle que la confrérie Mouride dont la doctrine c’est le travail. Ici, les gens travaillent parce qu’ils ont une foi, ils ont de l’espoir par rapport à l’au-delà et ne demandent pas à être payés en espèce ou en quoi que ce soit. Et quand un mot d’ordre est donné, ils le relèvent. Nous avons des techniciens qui ont travaillé sur le canal du Kayor et la revitalisation des vallées fossiles. Ils ont travaillé même sur le drainage de Lompoul. Les ressources sont là et il reste de régler le problème avec nos voisins de la Mauritanie pour que nous puissions drainer l’eau et puis travailler. Aujourd’hui nous avons rétabli nos relations avec la Mauritanie, nous partageons une ressource minière. Donc tout est possible et l’agriculture du Sénégal profite aussi à la Mauritanie. Il nous faut régler la question de l’eau et avoir une volonté politique pour développer l’agriculture.
Parlons de l’industrie touristique. Le patronat a demandé une amnistie fiscale évoquant les pertes engendrées par la pandémie. 350 milliards de perte et est-ce normal qu’ils aient cette amnistie ?
Je vais commencer par saluer les efforts du président Sall. Je ne suis pas un laudateur mais quand je vois quelque chose je le dis. Quand j’étais ministre du tourisme et de l’artisanat et des relations avec le secteur privé et des secteurs informels, on peut considérer que c’était quatre ministères. Je n’ai jamais eu ce que le président Sall a mis au niveau d’une seule agence. Regardez le crédit hôtelier qu’il a mis en place. Si je ne me trompe pas ça fait 5 milliards et quelques. A l’époque où j’étais ministre le crédit hôtelier avait disparu. Macky a fait une relation entre le secteur du tourisme et le transport aérien. Il a fait de Ziguinchor une zone spéciale en mettant deux bâteaux (…). Il a mis ce qu’il faut et il faut que le team sache mettre en œuvre. Il a mis le centre Abdou Diouf pour développer le tourisme d’affaires. Si j’avais les conditions mises par le président Sall, j’allais lancer la destination Sénégal. Nous avons des merveilles au Sénégal que nous devons vendre. Concernant votre question, l’industrie du tourisme est au même niveau que tous les autres secteurs d’activités. Tous ceux qui des charges fixes ont les mêmes problèmes que le secteur du tourisme. Le tourisme doit être appuyé comme tous les autres secteurs. Mais l’Etat doit le faire de manière froide. Il faut donner de l’argent à ceux qui remplissent certaines conditions.
On parle toujours d’inondations au Sénégal alors que des milliards ont été investis. Pensez-vous que cela est logique ?
C’est encore le problème de suivi évaluation. C’est une déformation chez moi je suis formé comme ça. Si on avait fait le suivi évaluation on allait régler ce problème depuis longtemps. Vous savez que les catastrophes naturelles ça existent dans tous les pays du monde. Mais les catastrophes naturelles ça ne se créent pas tous les jours. Moi depuis 2005 alors que j’étais ministre et membre du plan Orsec, on avait tenu une réunion mais auparavant j’ai réuni tous les techniciens. On a constaté que les populations qui étaient inondées sont dans des zones non aedificandi et c’est des nappes d’eau. Vous ne pouvez jamais trouver une solution pour empêcher à ce que ces zones-là soient inondées. La seule solution c’est la délocalisation et de créer des infrastructures au niveau des zones qui sont récupérées et vous n’avez plus d’inondations à Dakar. Je l’ai dit mais les gens ne m’ont pas écouté parce qu’ils avaient des projets avec des motopompes etc. ils ont donné les bons de commande à leurs maîtresses. Ils ont créé un système d’enrichissement. C’est aussi malheureux d’entendre certaines personnes dirent que j’habite à la zone de captage alors que c’était destiné à capter l’eau. S’agissant de l’argent, je pense que 750 milliards pouvaient construire une ville. Et ça que je ne suis pas d’accord avec les chiffres.
Cheikh Moussa SARR