Le nombre de femmes enceintes et de mères allaitantes souffrant de malnutrition aigüe a augmenté de 25% depuis 2020 dans 12 pays à l' »épicentre » de la crise alimentaire mondiale, alerte lundi l’Unicef, soulignant les conséquences délétères sur leurs enfants.
Le rapport, basé sur l’analyse de données relatives à l’insuffisance pondérale et à l’anémie dans presque tous les pays, estime que plus d’un milliard de femmes et d’adolescentes dans le monde souffrent de dénutrition entraînant insuffisance pondérale et petite taille , de carences en micronutriments essentiels et d’anémie. Dont une majorité dans les régions les plus pauvres.
Ainsi, l’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne concentrent 68% des femmes et adolescentes présentant un poids insuffisant et 60% de celles souffrant d’anémie. Ces carences alimentaires ont un impact sur le bien-être de ces femmes, mais se répercutent aussi sur leurs enfants, souligne l’Unicef, notant que « la mauvaise nutrition se transmet de génération en génération ».
La malnutrition augmente le risque de mortalité néonatale mais nuit également « au développement foetal, générant des effets durables sur la nutrition, la croissance et l’apprentissage des enfants, ainsi que sur leur future capacité à subvenir à leurs besoins ».
« A l’échelle mondiale, 51 millions d’enfants de moins de 2 ans présentent un retard de croissance. Nous estimons que dans près de la moitié des cas, celui-ci survient durant la grossesse et les six premiers mois de la vie, lorsque la nutrition d’un enfant dépend entièrement de sa mère », souligne le rapport, qui porte une attention particulière aux femmes enceintes et allaitantes. Il estime ainsi qu’entre 2020 et 2022, le nombre de femmes enceintes ou allaitantes souffrant de malnutrition aiguë a augmenté de 25%, passant de 5,5 à 6,9 millions, dans 12 pays en crise alimentaire (Afghanistan, Burkina Faso, Ethiopie, Kenya, Mali, Niger, Nigeria, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tchad et Yémen).
« Si la communauté internationale n’agit pas de toute urgence, cette crise pourrait avoir des conséquences durables sur les générations futures », a mis en garde dans un communiqué la directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell. « Pour prévenir la dénutrition chez les enfants, nous devons également lutter contre la malnutrition chez les adolescentes et les femmes. »
L’Unicef appelle ainsi à donner la priorité aux femmes et aux filles en matière d’accès à une alimentation nutritive, à mettre en place des mesures contraignantes pour « étendre à grande échelle l’enrichissement des aliments » courants comme farine, huile de cuisson ou sel, ou encore à éliminer certaines pratiques discriminatoires conduisant au partage inéquitable de la nourriture dans les ménages.