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Doudou Wade propose une reforme de taille « Il faut permettre à l’Assemblée nationale de prononcer la déchéance du Chef de l’Etat »

Connu pour son franc parler, Doudou Wade membre du Parti démocratique sénégalais (Pds), a révélé qu’il n’existe aucun rapprochement entre le Pds et Benno. Par ailleurs, il est revenu sur la situation politique actuelle du pays, leur compagnonnage avec Yewwi entre autres. Il a profité de l’occasion pour proposer qu’il y ait une réforme allant dans le sens de permettre à l’Assemblée nationale de prononcer la déchéance du Chef de l’Etat, en cas de nécessité. Il était l’invité du Grand oral sur Rewmi Fm.

En votre qualité d’ancien parlementaire que pensez- vous de la proposition de résolution de vote pour la poursuite de 10 ministres de la république et émise par 26 députés de Yewwi ?

Votre question, la réponse se trouve dans la constitution du pays qui prévoit en son article 100 que la Haute Cour de justice puisse juger le Président de la République qui ne peut être poursuivi par les actes qu’il commet pendant l’exercice de ses fonctions sauf pour haute trahison. Par contre, les autres membres du gouvernement, dont les ministres, peuvent être jugés par la Haute cour de justice. L’Assemblée est saisie par quatre moyens. Le projet de loi, la proposition, la résolution et la question. Ces députés ont raison de saisir ce que leur offre la constitution. Ce débat a eu lieu quand Pape Diop a été convoqué dans le cadre de l’enrichissement illicite. Karim Wade a répondu à la Crei et aujourd’hui le droit international et les groupes de travail ont reconnu qu’il ne pouvait exiger que la Haute cour de justice et les députés ont eu raison de choisir cette voie.

D’aucuns estiment qu’il faut les 3/5 des députés pour un aboutissement. S’agit-il d’une pétition de principe ?

Mamadou Lamine Thiam a avisé lors du dépôt de la motion de censure et il a dit à Amadou Mame Diop qu’il faut hâter la mise en place de la Haute cour de justice. L’Assemblée a été avertie par deux fois mais les gens ont fait fi et pour aller saisir une Cour qui n’a pas été installée. Parmi ceux qui ont saisi le bureau de l’assemblée, certains pouvaient être jugés et choisis dans cette cour et pouvaient être membres. L’assemblée avec ces députés c’est du tâtonnement et la cour n’avait pas été installée. Si tel était le cas, la situation ne serait pas compliquée parce que nous sommes dans une majorité étriquée où on est 83 contre 80. Dans ce cas de figure, il faut discuter avec les autres collègues.

D’abord ceux de l’opposition car en principe, ils peuvent raccorder leurs cordes pour trouver une solution. Quand on n’a pas les moyens de soulever un poids qui est là, il faut des outils. Ni l’opposition ni Yewwi ni Wallu n’ont les moyens humains ou les suffrages à l’assemblée pour le faire. Mais c’est possible car on peut aller les chercher car il est arrivé que les gens du pouvoir aient des personnes pour voter. On pensait qu’il fallait voter l’acte d’accusation. Cela n’a pas été fait. Ils ont saisi le bureau de l’Assemblée nationale mais je ne sais pas comment faire pour aboutir à quelque chose. Les Sénégalais ont rêvé d’une assemblée de rupture.

Mais malgré tout, on note des échauffourées. Sommes-nous sur le bon chemin ?

L’essentiel est de comparer le travail sur plusieurs choses. D’abord, le nombre de lois voté, la perspicacité des lois et les actions prises pour le contrôler l’action du gouvernement et les résultats escomptés. Mettons de la 11e et la 10e par rapport à la 9e. Pendant la 10 et la 11e législatures, vous avez eu à couvrir à l’assemblée des séances de contrôle de l’action avec des questions orales. Depuis lors, entre 2012 et 2022, il devait en dix ans y avoir 256 ou 560 séances de contrôle de l’action du Gouvernement. Mais cela n’a pas eu lieu. Le seul Pm qui a osé c’est Boun Dione qui a fait cet exercice avec l’affaire Mittal et Petro Tim. Il y a eu des contrôles. Non seulement cela n’existe pas aujourd’hui, mais dans les dispositions de la Constitution en son article 85, il y est apporté deux mots qui vont rendre cette organisation d’accord partis. Or, il y a un rapport sur la Cour des comptes avec la Covid. Au moins, nous l’avons fait. Sur l’évaluation des politiques publiques depuis 2016, il n’y a aucune séance et je ne pense pas que sur les procédures parlementaires et sur les règlements administratifs cela n’a pas été défini. La 11e et la 9e sont différentes. C’est le régime qui ne veut pas d’un député qui travaille. Il y a eu des députés avertis de ces questions. L’exemple le plus visible est le remplacement de Sokhna Dieng à l’assemblée nationale. Elle a eu dans la 12e et 13e législature des interventions et un passage remarquable. Elle aurait pu apporter beaucoup de choses car il y a l’expérience des choses. On dit qu’il y a un deal pour introduire cette militante des Usa dont la mission est spécifique, selon des informations et pour contrer Mame Diarra Fam et on voit les résultats car elle avait dit je suis venu avec un Gun (pistolet). Alors c’est parce que l’élément fondamental ce sont les bagarres, les injures etc. Mais il y a des possibilités pour s’en sortir.

Comment ?

Nous avons un président de l’Assemblée pondéré et je crois que la perception que j’ai c’est qu’il peut trouver un consensus fort. Nos femmes parlementaires ont eu à faire une résolution pour soutenir Aïssatou Niang Ndiaye. Cela nous manque et Mame Diop peut rectifier les choses en donnant à l’opposition ses droits.

On reproche à Wallu de se rapprocher de Bby surtout avec le cas Mimi Touré

C’est faux et on n’a aucun rapport d’approche politique avec Benno. Ni à l’extérieur dans le parti ni dans le groupe parlementaire. Mais nous sommes dans une assemblée et notre groupe est dirigé par Lamine Thiam qui est à sa 5e législature. Il n’est ni Doudou Wade, ni Famara Senghor. Sa stature, le sens d’approche sur les questions c’est normal et nous avons fait ce que nous devons faire sur toutes les questions. Contrairement à ce que les gens disent, nous n’avons pas signé avec Yewwi. C’est après qu’ils ont su qu’il fallait rattraper les choses pour aller de l’avant. Ils ne peuvent pas créer cette situation. On a formé les groupes avant l’ouverture de la législature. Comme nous avons deux groupes différents nous ne pouvions pas avoir les mêmes positions sur les questions. Cela coule de source. Nous sommes séparés et nous sommes à égalité et l’assemblée a une loi organique à présenter. Les problèmes posés à l’assemblée c’est d’abord quoi ? C’est la motion de censure. Mais avant, avez-vous vu les résultats des votes des lois de finance Ministère par Ministère ? Pour le ministère de la Justice, c’était 80 contre 82. La justice dans ce cadre avait une importance pour nous. Avec cette déclaration du haut de la tribune de Nafissatou Diallo. C’est extraordinaire. Pour le ministère de l’intérieur, nous avons eu 83 contre 79. Nous avons juste la photographie des effectifs. Le reste, nous ne sommes pas dans le buzz. Le Pds ne peut pas à chaque fois qu’on l’interpelle sur une question, sans se préparer, venir se jeter comme ça. Non ! Nous avons une responsabilité qui n’est pas celle de Bby ni celle du Ps, entre autres. C’est pourquoi à chaque problème on a le droit d’en parler et d’en discuter. On pouvait trouver un consensus sur la motion de censure, si on avait préparé pendant trois semaines en travaillant avec Yewwi, puis avec Wallu et travailler à avec les non-inscrits. On aurait pu avoir quelque chose. Dans la résolution d’acte d’accusation d’Idrissa Seck, nous avons pu engranger cinq députés de plus. Il y a des questions qu’on traite avec dextérité. Nous ne sommes pas avec Bby c’est clair et dans le cadre de l’assemblée, on peut s’entendre. En guise d’exemple, il y a la Haute cour de justice. A quoi ça sert d’avoir ces articles ? Pourquoi ne pas parler de déchéance du Président de la République où depuis 59 les choses ne changent pas ? Les parlementaires peuvent s’organiser sur des questions d’intérêt national. Avec ce qui se passe aux USA, quand le Président trahit son pays, il est déchu. Quand le Président prend des engagements sur des questions d’intérêt national, s’il trahit, il est déchu. Dans certains pays, comme en France qui est notre sœur sur ces questions, tout est réglé par les deux chambres réunies. On peut discuter sur les questions de transparence sur les fonds politiques par rapport aux fonds spéciaux. Il est temps, sur ces questions, de procéder à des réformes de la loi pour permettre, par exemple, à l’Assemblée de prononcer la déchéance du Président de la République. J’en appelle à cette réforme qui me semble importante, car, à l’heure actuelle, la Haute cour de Justice, dans sa configuration, ne sert pas, en réalité à poursuivre le Président de la République, mais de hauts dignitaires du régime.

La question de la candidature de Karim revient souvent sur la table ; il est question d’amnistie et des pas sont en train d’être faits pour Karim et Khalifa. En clair, quelles sont les ambitions du Pds 2024 ?

Les ambitions du Pds sont des ambitions qui ont été déclarées depuis longtemps. Macky n’ose pas dire qu’il est candidat. Mais les gens ont décidé que c’est Karim qui sera notre candidat en 2024. Le 3e mandat, le Pds ne s’y intéresse pas. Il s’intéresse à l’application des dispositions prises par des organisations internationales auxquelles le Sénégal a adhéré. Ce que ne veut pas Karim c’est l’amnistie. Depuis 2012, on refuse et malgré tout, Macky Sall le dit.

 A quand le retour de Karim ?

Il faut s’en tenir à ce qu’a dit récemment Nafi Diallo : il sera là bientôt. Il faut se préparer donc et on sera là pour l’accueil.

 Wade qui appelle à hâter le pas et pour remobiliser les troupes ?

Oui il est actif. Hors du pouvoir, il l’a dit. C’est dans la tradition mouride qu’il puise ses forces. Donc tant qu’il lui reste un souffle, il va en user et travailler. Tout dépend de Dieu. Il y a une confusion profonde pour quelqu’un qui travaille pour ce pays. En outre, le Pds sort du pouvoir et va aux élections et obtient un groupe parlementaire. Dans ce groupe parlementaire, des gens sont sortis pour le pouvoir. En 2017, nous revenons avec un groupe parlementaire dans des conditions où sa composition est différente. On repart aux élections avec 10 députés. Nous sommes la deuxième force à l’Assemblée. Par conséquent, le Pds est vivant. Wade est sorti pour indiquer aux militants qu’il est encore membre du Pds. On lui demande 100 frs pour la carte et pour lui cela peut valoir un million. Il pouvait en acheter une pour tout le monde, mais c’est une attitude comprise et bien accueillie. L’appel du Président est un appel sans faille. Mais il faut contenir la marée avec des gens sérieux et soucieux seulement de la construction de notre parti pour la présidentielle. Il faut être sérieux.

A propos de cette instabilité, il y a une sorte de tension. On parle de testament, de mort, de tuer ou de se faire tuer, etc. Qu’est-ce que ce que cela vous inspire cette nouvelle forme de faire de la politique?

Il est difficile de prendre des arguments et de les consolider par les faits. J’ai entendu Moustapha Diakhaté dire que les Sénégalais ne veulent pas de quelqu’un qui leur dise la vérité mais de quelqu’un qui les trompe. La vie politique de notre pays a été traversée par des incidents mortels. Sois Senghor, Lamine Gueye, le Pds etc. C’est la vie de notre nation. Mais je ne pense pas que la situation telle qu’elle se dessine toutes les autorités en ont parlé. Religieuses, coutumières etc. Tous se sont prononcés sur cette situation compliquée et difficile. Car le sentiment d’appartenance à un parti est de dire que je suis prêt à mourir. Ce n’est pas la casquette ou l’identité, mais pour déterminer votre appartenance c’est de dire que je suis prêt à mourir et de choisir le lieu de son enterrement. Alors c’est la responsabilité de tous. La situation et le devenir de la paix pour demain, avec les évènements de mars et les 14 morts, il faut le dire et prévenir sur ce qui va se passer. En cas de pépin, le seul responsable sera le président de la République qui est responsable de vos vies, de nos biens et de notre sens de vie. Tout est entre ses mains. Au plus haut degré de la tension politique, Macky se rappellera d’avoir dit ici, en France, aux USA, en Italie, en Alger, qu’il ne fera que deux mandats. Le président a une maladie localisée et en fin de règne. C’est la maladie de fin. Dans cette maladie, vous ne savez écouter que ceux qui vous disent oui. C’est du très bon. Vous avez la majorité. Dans une lettre adressée à Macky, Wade lui disait Monsieur le Président écoutez tout le monde. Mais ne faites pas ce que certains veulent vous faire faire. Il y a 5 actes à poser pour que la paix soit préservée. Je ne sais pas si Macky les connaît mais il s’agit d’une responsabilité importante. Je dis qu’il ne faut pas sous-estimer la déclaration d’Alioune Tine. Si c’était une dissertation, on aurait pu apporter des arguments pour dire que c’est possible. Des gens ont parlé du Rwanda qui a payé un lourd tribut entre les Houthis et les Tutsi. Mais tous savent que mieux vaut respecter les dispositions prises par les résultats des élections et l’assemblée peut à partir de là, trouver des convergences pour aboutir à une situation meilleure et une paix. Car il faut de bonnes lois et converger vers la paix souhaitée car la situation est explosive en ce moment. Il faut qu’on réfléchisse pour savoir que la situation est compliquée et dire à Macky de se souvenir des différentes déclarations qu’il a faites pour verrouiller la Constitution.


MOMAR CISSE

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