On n’a pas besoin d’indices ou d’instruments de mesure pour le savoir : Le degré de corruption au Sénégal est très élevé et cela crève les yeux. Qu’il y ait des divergences d’évaluations entre Mo Ibrahim et Transparency International n’y change rien.
Ce pays souffre de pratiques de corruption à tous les niveaux : publics et privés. Tenez, par exemple, le dernier rapport de la Cour des comptes sur la corruption des fonds publics a suscité tellement de débats et de passions que le fait que, quelques jours après, la page semble tournée, inquiète. Car, cette façon de banaliser des faits aussi graves et de promettre des sanctions sans lendemain n’aident pas à lutter contre le phénomène. Car, c’est un secret de polichinelle que les rapports des institutions de contrôle ne sont jamais suivis de poursuites judiciaires contre des prévaricateurs dont certains reçoivent même des promotions.
Or, s’il y a un phénomène qui accentue la pauvreté, annihile tous nos efforts de développement, c’est bien la corruption. Malheureusement, elle touche toutes les couches de la société, y compris dans la sphère privée, dans les rapports entre les gens. Ainsi, il est difficile de faire confiance à quelqu’un dans les rapports interpersonnels. Beaucoup ne pensent qu’à piéger leur prochain à travers des manœuvres dolosives. Peu de gens respectent leurs paroles, leurs engagements et ne se font pas un souci de les trahir. Alors si un leader grandit et évolue dans une société aussi polluée, il ne peut que perpétuer de pareils réflexes.
Le matérialisme ambiant fait qu’aujourd’hui, ce qui préoccupe, c’est le gain immédiat. Et tant pis pour ceux qui ne le comprennent pas. La preuve, même nos manières de faire la politique incitent à la corruption des acteurs chargés d’exécuter les politiques publiques. On exige par exemple des cadres, de gagner les élections dans leurs localités, s’ils veulent garder leurs postes. Or, pour gagner, il faut injecter de l’argent.
A défaut, personne ne vous écoute, personne ne vous suit. Conséquence, nos responsables se transforment en affairistes, versent une partie de l’argent détourné à des partisans ou sympathisants insatiables. Un cercle vicieux qui maintient et entretient le vice. C’est dire qu’à ce rythme, nous arriverons difficilement à lutter correctement contre la corruption, malgré les efforts consentis. Car, le mal est profond et couper sa racine semble être, aujourd’hui, hors de notre portée.
Assane Samb