L’accueil est également source de préoccupation dans les structures sanitaires, constate le Conseiller référendaire à la Cour suprême, El Hadji Birame Faye. «Point n’est besoin de convaincre que c’est le talon d’Achille de nos hôpitaux publics qui, il faut s’en offusquer, sont des lieux austères et désorganisés, souvent insalubres, où l’on peine à trouver un contact empathique ou à identifier le personnel médical, paramédical, administratif ou d’appoint», fait-il remarquer, parlant de l’accueil dans les structures sanitaires publiques du Sénégal.
Selon lui, les établissements sanitaires ne donnent pas envie d’être fréquentés. «Les risques d’infections nosocomiales sont accrus par l’état des infrastructures, souvent très vétustes, et loin de respecter les normes d’hygiène et de sécurité, aussi élémentaires que la stérilisation, le changement de draps sales, le nettoyage des toilettes et des lits entre deux passages etc. Tout autant, l’impact des coupures d’électricité, du déficit d’équipements, de la non-disponibilité des médicaments ou autres produits essentiels est inquiétant», note-t-il. Les griefs de juge El Hadji Birame sont également que, «les hôpitaux, sans chercher à faire des bénéfices, doivent adopter une meilleure gestion, inspirée des méthodes des entreprises privées, c’est-à-dire produire le meilleur au meilleur coût.
Leurs ressources proviennent principalement des honoraires supportés par les malades et de la contribution étatique, sans aucun apport privé à leur fonds de dotation constitutifs. Néanmoins, les participations insuffisantes de l’Etat qui, de surcroit, n’honore pas régulièrement sa dette, constamment alimentée par le coût des programmes de gratuité, ne favorisent pas leur équilibre budgétaire».
Le principe d’égal accès à la santé inclut les médicaments qui sont indissociables des soins, constate-t-il. Et malheureusement, «les structures publiques comptent sur la disponibilité des médicaments et autres produits dérivés pour assurer leurs obligations de soins et approvisionner leurs usagers dans des conditions abordables. Hélas, les ruptures de stocks sont persistantes, en raison de carences dans l’évaluation et la planification des besoins, de la mauvaise répartition territoriale ou structurelle des produits et surtout de l’absence d’unités de production locales».
Birame Faye souligne aussi «la souveraineté pharmaceutique qui semble utopique face à la puissance des grandes firmes. Les officines privées constituent, certes, des alternatives, mais leurs tarifs ne sont pas toujours à la portée des populations. Par la force des choses, les plus démunis sont alors les plus exposés aux médicaments illicites dont le trafic se développe dangereusement. Ces produits, sans aucune garantie d’efficacité, d’innocuité et de conformité aux normes de qualité, sont un facteur non négligeable de dégradation de la santé».