En réaction aux 22 mesures de lutte contre l’insécurité routière et les accidents de la route, des transporteurs menacent à nouveau de paralyser le système de transport, à partir de ce mardi 17 janvier 2023 à minuit. Des transporteurs annoncent une grève illimitée, en représailles contre les directives du Conseil interministériel, du lundi 9 janvier 2023, pour lutter contre les accidents de la route. Ils ne sont pas à leur coup d’essai. Mieux, ils ont réussi, à plusieurs occasions, à amener l’Etat à revoir ses décisions.
En réaction aux 22 mesures de lutte contre l’insécurité routière et les accidents de la route, des transporteurs menacent à nouveau de paralyser le système de transport, à partir de ce mardi 17 janvier 2023 à minuit. Gora Khouma, Alassane Ndoye et leurs collègues déplorent certaines des mesures prises lors du Conseil interministériel du 9 janvier dernier. Cette volonté de défier l’autorité de l’Etat n’est pas une première. Le président Macky Sall a toujours prôné la «tolérance zéro» contre les mauvais comportements sur les routes. Depuis 2012, il s’est engagé à faire appliquer le retrait du permis du conduire du chauffeur fautif. D’où l’initiative en veilleuses de la mise en place du système des permis à points.
Rappelons que cette volonté manifestée de Macky Sall date du temps où il était ministre de l’Intérieur, sous le régime du président Abdoulaye Wade. L’opposition des transporteurs et la volonté de l’Etat d’arrondir les angles avec eux, avant l’application de cette directive, retarde encore l’effectivité de l’application des permis à points. Les accidents impliquent beaucoup souvent les gros porteurs. Dans ces moyens de locomotion aussi, le respect des règles n’y est toujours pas. En septembre dernier, lors d’une rencontre sur la charge à l’essieu, le Directeur des Routes disait que 50% des camions ne sont pas en règle avec cette directive sous régionale.
Contrairement aux autres pays de l’Union économique et monétaire ouest africaines (Uemoa), qui appliquent des amendes, le Sénégal opère un délestage de la charge. Une option motivée par la vétusté du parc automobile ; mais elle ne saurait être une éternité. «Le Sénégal a fait le choix du délestage à cause de la vétusté du parc. Cela fait 10 ans que cela dure, il faut donc prendre les mesures idoines pour amener les acteurs à respecter le règlement», avait dit Mamadou Alassane Camara.
En attendant, pour le moment, l’Etat laisse libre court à ces gros porteurs. Ils opèrent dans une opacité qui favorise l’insécurité routière, accentue la dégradation rapides des infrastructures construites à coût de plusieurs milliards de F CFA. A plusieurs occasions, ils dérapent et emporte des vies. Mais à chaque fois que le gouvernement, qui malheureusement est toujours dans une posture de réaction, prend des décisions allant dans le sens de protéger les usagers (les personnes et leurs biens) et les routes, ces opérateurs économiques que sont des transporteurs activent le levier de la grève, pour faire reculer l’autorité. Au grand dam des populations qui continuent de payer le plus lourd tribut des défaillances humaines et techniques à l’origines des milliers d’accidents – plus de 4000 par an, selon l’Etat – de la circulations causant désormais plus de 750 morts par an et des milliers de blessés.
FACE AU «CHANTAGE» DES TRANSPORTEURS, QUAND «FORCE RESTERA-T-ELLE A LA LOI» ?
A titre d’exemple, en décembre 2021, les transporteurs avaient décrété plusieurs jours de grève, protestant notamment contre la concurrence jugée déloyale et les contrôles qu’ils qualifient de «tracasseries» des agents de circulation sur les routes. Après plusieurs jours ponctués parfois par un boycott des rencontres avec les autorités, ils ont obtenu gain de cause, l’Etat ayant fini par céder à leur «manœuvres», à cause d’énormes problèmes de mobilités engendrés par ce mouvement qui a entrainé la paralysie de plusieurs secteurs d’activité, y compris l’évacuation des malades vers des structures sanitaires. Au finish, ils ont réussi la signature d’un décret réajustant le contrôle sur les corridors.
Autre chose ! Depuis quelques années, on évoque un parc vétuste qui ne devrait plus servir au transport de voyageurs; rien ne change ou du moins les vieux cars destinés à la casse continuent toujours d’assurer le transport public de personnes. Pourtant, un programme de renouvellement a été enclenché depuis 2005 à cet effet. Par exemple, les «Ndiaga Ndiaye» qui, à l’origine, n’étaient pas destinés au transport public de voyageurs, parce qu’étant conçus pour le transport de bagages et sont modifiés dans des garages de mécaniciens, continuent à opérer dans les grands centres urbains, assurant parfois le voyages entre des villes. Ils ont pu s’imposer dans le secteur des transports en commun, dans le contexte urbain, du fait d’un certain nombre de modifications opérées sur ces véhicules destinés, au préalable, au transport et aux livraisons de marchandises.
Dans le contexte des manifestations de la société civile, des activistes et autres acteurs politiques de l’opposition, le gouvernement a toujours scandé, après notification de l’interdiction, que «force restera à la loi». Pour cette question de l’insécurité routière qui intéresse tout le peuple Sénégalais meurtri, face au «chantage» de ces opérateurs économiques du secteur des transports publics de voyageurs, quand «force restera-t-elle à la loi» ?