Le ministère du commerce, de la consommation et des petites et moyennes entreprises a tenu hier la 2e Édition du mois du consommer local sous le thème: «La promotion du consommer local, un levier d’accroissement des investissements productifs du développement et d’intégration régionale». Occasion saisie par les entreprises locales de faire le plaidoyer pour l’accès à la commande publique.
La 2e Édition du « Mois du consommer local » a servi de tribune pour les petites et moyennes entreprises (PME) de faire le plaidoyer pour accéder à la commande publique. Selon le vice-président du conseil national du patronat (CNP), Cheikh Tidiane Sy, les Petites et moyennes entreprises n’ayant pas les capacités financières que les grandes entreprises font face à une crise exogène sans précédent. « Les conséquences de la pandémie à Covid 19, la hausse des cours mondiaux des denrées de première nécessité, le renchérissement du prix du fret, la gestion sécuritaire de la sous-région et les crises exogènes ont engendré un déficit de trésorerie ralentissant les activités économiques des PME. Ce qui fait qu’ils ont des problèmes pour respecter les engagements fiscaux et bancaires », dit-il. Et de poursuivre : « Il est important dans une perspective de relance économique d’examiner les recommandations issues de la concertation sur le financement des PME.
L’accès aux crédits pour les PME constitue un enjeu majeur de la croissance économique inclusive pour notre pays. Ces PME doivent être accompagnées par une gamme de produits diversifiés et répondant aux spécificités mais aussi de l’entreprise décente, de l’entreprise en quête de croissance, en difficulté sans oublier l’entreprise qui se positionne sur le marché ». A l’en croire, le savoir-faire des sénégalais qui disposent d’une capacité technique occupe une place dans le PSE. « Notre plaidoyer est de doter de capacité financière pour nous positionner sur le marché international. Le soutien de l’Etat est important pour le renforcement des structures financières, la promotion de l’inclusion financière. Le secteur bancaire et financier est en pleine mutation. Notre pays accueille de plus en plus de capitaux pour la création de nouveaux instituts bancaires assurance », fait-il savoir.
Pour le président du conseil national des employeurs du Sénégal (CNES), Abdou Lam, la pandémie a rappelé les difficultés du monde actuel de ne pas se replier sur soi-même. « Il s’agit d’accepter et de comprendre la nécessité de s’appuyer sur nos valeurs endogènes pour avancer. Notre pays a besoin de produire et le consommer local invite à faire plus d’actions pour éviter d’importer l’essentiel que nos populations ont besoin pour vivre décemment.
Le financement est un élément important mais c’est un processus de maturation de projets. Il faut que l’on soit beaucoup plus créatif, plus solidaire et uni », martèle-t-il. En ce sens, il préconise l’union du patronat pour que l’Etat ait des interlocuteurs responsables et efficaces aux politiques publiques. « Nous sommes le bras armé pour exécuter ces politiques pour être rentables et utiles pour nos populations. Beaucoup d’actions qui devaient être efficaces ne le sont pas en réalité. L’Etat fait face à plusieurs composantes et chacun cherche à tirer la couverture », indique-t-il. Et d’ajouter : « Il faut que l’informel que nous sommes, tend vers une formalisation de nos entreprises. Les banques sont des structures qui cherchent à produire une richesse, il faut que les dossiers que nous déposons soient bancables d’où la nécessité de se formaliser. Il faut que nous arrivions à être maîtres de chez nous dans les commandes publiques. Le fisc doit comprendre que les entreprises naissantes aient un répit pour s’en sortir. Beaucoup d’entreprises ont peur de se formaliser à cause de cette question fiscale », tonne-t-il.
« Il y a des projets où nous n’avons pas d’entreprises locales capables de les réaliser »
Pour le ministre du Commerce, de la consommation et des PME, Abdou Karin Fofana, l’accès au financement est une préoccupation aux autorités publiques. « Moins de 10% des financements sont captés par les PME alors qu’au niveau de l’UEMOA, il est de 14%. Cela montre que des efforts doivent être faits pour les PME pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans le processus économique de notre pays pour lutter contre le chômage des jeunes », dit-il.
De son avis, il faut renforcer leur inclusion financière et les compétences des structures et améliorer la vulgarisation et la communication pour le dispositif de financement des PME. En ce qui concerne la commande publique, le ministre indique que 67% des marchés sont exécutés par les entreprises locales et c’est 852 milliards de F Cfa qui vont dans des entreprises locales et communautaires. « Mais, il y a des projets ou nous n’avons pas de financement local pour le faire. Nous ne disposons pas d’entreprise qui peuvent le réaliser et le financement nécessaire », fait-il savoir. Il fait noter que sur le TER, 56% des travaux ont été réalisés par des entreprises locales. « 83% de nos dépenses viennent de nos ressources intérieures. Cette année, nous allons dépasser la barre des mille milliards de F Cfa.
Chaque année, c’est entre 800 et mille milliards FCFA qui vont dans la commande publique », renseigne-t-il. Il laisse entendre qu’il y a une question qui revient tout le temps à savoir est ce qu’il faut assouplir les entreprises ou les vacciner pour la fiscalité. « Nous voulons des entreprises fortes. 60% des mobiliers dans la commande publique ont été fabriqués au Sénégal. Le consommer local consiste en tous les produits fabriqués par les locaux. Il faut une discrimination positive pour les PME », soutient-il.
NGOYA NDIAYE