Alors que le choléra continue de se propager en Haïti, un appel de fonds humanitaire de 145 millions de dollars pour soutenir la riposte n’est financé pour l’instant qu’à hauteur de 16%, a indiqué jeudi une haute responsable des Nations Unies. Ulrika Richardson, Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies et dans ce pays des Caraïbes, a informé les journalistes à New York de l’épidémie meurtrière, qui s’est déclarée le 2 octobre. Jusqu’à présent, 283 personnes sont décédées, près de 12.000 ont été hospitalisées et plus de 14.000 cas suspects ont été enregistrés.
« Ce que nous voyons en fait, ce n’est pas seulement l’augmentation continue des cas de choléra, mais aussi la propagation dans les régions », a déclaré Mme Richardson. « Dans huit des 10 départements, il y a des cas confirmés de choléra, et c’est une tendance inquiétante pour nous et pour le pays ». Mme Richardson est au siège de l’ONU pour une visite de trois jours afin de rencontrer des hauts fonctionnaires et des collègues sur l’épidémie, qui se déroule dans un contexte d’instabilité politique, de violence des gangs et de faim sans précédent.
L’appel éclair a été lancé le mois dernier pour soutenir la réponse d’urgence au choléra et fournir une assistance vitale à 1,4 million de personnes vivant dans les zones touchées. Quelque 23,5 millions de dollars ont été reçus à ce jour, a-t-elle déclaré.
Insécurité et violations des droits humains
Bien que reconnaissante pour le financement, Mme Richardson a souligné les immenses besoins à l’approche de la nouvelle année. « En fait, les besoins humanitaires continuent d’augmenter », a-t-elle dit, ajoutant que l’ONU prépare actuellement le Plan de réponse humanitaire 2023 pour Haïti, qui prévoit 719 millions de dollars, soit environ le double du montant demandé cette année. Pendant ce temps, « l’insécurité continue de sévir, avec des rapports vraiment effrayants sur les violations des droits de l’homme », a-t-elle rapporté.
Les gangs dominent près de 60% de la capitale, Port-au-Prince, et utilisent des moyens terrifiants pour contrôler la population, y compris la violence sexuelle. Les femmes et les filles sont touchées, mais les hommes et les garçons aussi, car les gangs se disputent le territoire. L’insécurité a également provoqué des déplacements massifs, en particulier dans la capitale. Quelque 155.000 personnes ont été déracinées, soit une augmentation de près de 80% depuis août.
Soutien de l’ONU
Mme Richardson a toutefois souligné une évolution positive, notant que plus de la moitié des écoles ont rouvert, malgré tous les défis. Les fermetures d’écoles ont touché quelque quatre millions d’enfants, dont beaucoup n’ont pas eu un accès adéquat à l’éducation depuis le début de la pandémie de COVID-19.
La Coordinatrice humanitaire en Haïti a souligné le soutien continu de l’ONU au pays, que ce soit dans la réponse au choléra, l’éducation ou la distribution de nourriture et d’autres articles aux familles vulnérables. « Nous avons des défis logistiques, vous pouvez l’imaginer, et le défi de la sécurité, mais nous sommes capables d’être présents et nous sommes capables d’aider les gens », a-t-elle dit aux journalistes. « Nous nous concentrons évidemment sur les plus vulnérables, mais nous essayons également de ne pas perdre de vue les véritables causes profondes structurelles. Il y a la corruption, il y a l’impunité, il y a la gouvernance, et tout cela doit vraiment être au centre de notre réflexion à mesure que nous avançons », a-t-elle ajouté.