Le député de la coalition Yewwi Askan Wi, Guy Marius Sagna, a souhaité savoir pourquoi le Sénégal se range du côté de la France, dans le différend qui l’oppose au Mali, alors que ce pays est notre voisin. Jusqu’au point d’y perdre des milliards avec la fermeture de notre frontière avec le Mali. Et qu’elle est la raison qui pousse le Sénégal à essayer de tenter une médiation pour que le Mali ne dénonce pas la France au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, alors qu’il dit détenir des preuves contre l’ancienne puissance colonialiste.
Sur ce point, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a tenu à rétablir sa vérité. ‘’Tout le monde a dit que Macky Sall a dit qu’il voulait être médiateur entre la France et le Mali. Ce n’est pas vrai. C’est un journaliste de RFI qui m’a demandé si on ne pouvait pas offrir une médiation. En tant que diplomate qui parle aux deux parties, j’ai répondu : pourquoi pas. Et le lendemain, on a titré dans la presse que Macky Sall offrait sa médiation’’.
Le Mali et la France traversent une crise diplomatique dans leurs relations, depuis quelques mois. L’intensité de leurs désaccords est montée d’un cran, suite à une nouvelle saisine du Conseil de sécurité de l’ONU par les autorités maliennes. Dans une lettre adressée, le 16 août 2022, à Zhang Jun, représentant permanent de la République populaire de Chine auprès des Nations Unies, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale accuse les forces françaises d’agression. Au président du Conseil de sécurité des Nations Unies, Abdoulaye Diop assure que ‘’le gouvernement du Mali dispose de plusieurs éléments de preuves que (des) violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions’’. La note appelle son destinataire à convoquer une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur ces questions.
Les échanges entre la ministre et l’activiste devenu député a rappelé à l’hémicycle les talents d’actrice de la première nommée. Beaucoup de Sénégalais ignorent sans doute ce talent caché de leur ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Mais Guy Marius Sagna a ramené le sujet à l’ordre du jour, évoquant le rôle joué par l’avocate dans le film ‘’Bamako’’, réalisé avec des acteurs qui sont de véritables professionnels de la justice. L’œuvre du Malien Abderamane Sissako fait le procès des institutions financières internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international) à travers les politiques d’ajustement structurel qu’ils ont instaurées dans les pays en développement. Aïssata Tall Sall y joue le même personnage d’une avocate qui défend les intérêts des pays africains.
Cette posture dans le film et dans la réalité, saluée par le député de la coalition Yewwi Askan Wi, a changé, selon Guy Marius Sagna. Car les mêmes pratiques des deux institutions financières vis-à-vis de l’Afrique n’ont guère évolué. Mais Aïssata Tall Sall ne les dénonce plus depuis qu’elle a intégré un gouvernement qui fait affaire avec elles. Choix qu’il a interrogé. Question à laquelle Aïssata Tall Sall a répondu : ‘’C’est la même qui est devant vous. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui, j’ai l’occasion de dire le plaidoyer que j’avais fait dans le film au FMI et à la Banque mondiale en face. Rien dans la volonté n’a changé.’’