Le juge d’instruction, dans notre système judiciaire, est sans doute un homme puissant. Dans notre volonté d’administrer un bon service de justice, nous avions séparé les fonctions de poursuite dévolues au Parquet, des fonctions d’instruction dévolues au juge d’instruction et des fonctions de jugement dévolues aux juges du siège. Ainsi, si une affaire mérite l’ouverture d’une information judiciaire dans le dossier Adji Sarr-Sonko, le juge d’instruction est saisi par le Procureur. C’est un super enquêteur dont la fonction n’est pas de juger mais de tirer au clair une affaire pour savoir si elle mérite d’être jugée ou pas.
Dans le premier cas, il signe une ordonnance de renvoi devant une juridiction et dans le second cas, il prononce le non-lieu, toujours par ordonnance. Toujours est-il qu’il instruit à charge et à décharge. Et il ne reçoit d’instruction de personne. Car, il ne dépend pas du Parquet ou du Ministère de la Justice. C’est un homme libre. En plus, il n’est pas tenu par l’enquête préliminaire faite à la Gendarmerie ou à la Police. Il peut décider d’ignorer tout élément déjà concocté et tout reprendre à zéro. De la même façon, il reçoit les procès-verbaux d’enquête seulement à titre d’éléments de preuve et n’est nullement tenu.
Ainsi, il peut s’attacher les services de la police Judiciaire (Gendarmerie ou Police) et décider, par lui-même, de mener sa propre enquête. Il juge également, en toute souveraineté, de mener l’enquête à sa façon pour se faire une religion par rapport aux faits. Qui plus est, il est couvert par le principe de l’irresponsabilité pénale dans le cadre de ses fonctions. C’est-à-dire que l’on ne saurait l’attaquer pour les actes posés dans le cadre de son travail. Cela dit, la confrontation organisée hier entre Ousmane Sonko et Adji Sarr, est tout à fait dans ses prérogatives. Ce dont il faut se rendre compte, c’est qu’il instruit à charge et à décharge.
Donc, il est intolérable que des citoyens, du fait de leur appartenance à tel ou tel autre camp politique, se mettent à dire la manière dont le juge d’instruction doit travailler. On ne peut pas en effet apprendre à ce juge son métier. Et personne ne peut dire quels sont les éléments de preuve en sa possession et quelle sera le type d’ordonnance qu’il va signer. Il n’est pas superflu également de rappeler que l’instruction est couverte par le secret. Et qu’il est utile que les différentes personnes impliquées dans le dossier et leurs conseils s’y conforment. Et ceci pour le grand bien de l’administration de la Justice.
Assane Samb