Une équipe de cinéastes, chercheurs, archives et artistes met actuellement en œuvre un projet visant à interpréter, repenser et se réapproprier les archives matérielles et une multiplicité de formes immatérielles, parmi lesquelles l’oralité et la performance. Ce projet couvre la Mauritanie, le Sénégal et le Maroc. Ce projet considère que le chant, la poésie, la danse, les contes populaires… sont des archives à part entière.
Jihan El-Tahri explique l’objet de sa présence en Mauritanie, qui s’inscrit dans le cadre de «Dox Box», un programme qui vise à former les cinéastes africains dans le domaine des archives, un élément nécessaire pour comprendre le passé, déterminer les actions du présent et dégager les perspectives d’avenir. Cette démarche porte sur la question de l’appropriation de leur propre histoire par les peuples arabes et africains, dans un contexte marqué par des éléments éparpillés un peu partout à travers le monde, et auxquels ils ont difficilement accès à cause du lourd fardeau de l’héritage colonial.
Pire, même dans les cas où l’accès est physiquement possible, le manque de ressources financières rendent ses éléments inaccessibles du fait des exigences exorbitantes imposées par les détenteurs aux cinéastes africains. Elle cite les multiples sources au sein de la famille et de la société à partir desquelles il est possible de reconstituer l’histoire matérialisée par les archives sur la base de la mémoire. Macky Madiba Sylla, artiste et réalisateur cinéaste, est l’auteur du film «Laba Sosseh, El Maestro», dédié au célèbre musicien sénégalo-gambien des années 1970, décédé en 2007.
Le réalisateur explique avoir voulu à travers son film, fixer l’artiste dans la mémoire et l’histoire, après avoir constaté un énorme déficit d’images autour de sa carrière, malgré un statut de musicien d’une grande dimension nationale et internationale. Un déficit qu’il perçoit comme une espèce de complot organisé pour faire disparaître et rendre invisible le talent et l’œuvre de l’artiste. Il déplore la situation du Sénégal, pays dans lequel la mémoire fait défaut, en dehors de la religion et de la politique. Raison pour laquelle il a jugé nécessaire de rendre hommage à Laba Sosseh, pour tout ce qu’il a donné au Sénégal, à la Gambie et l’Afrique. Kati Lena NDiaye, cinéaste, annonce, quant à elle, être à Nouakchott pour présenter un film sous le titre «En attendant les hommes».
Une œuvre tournée en Mauritanie (dans la ville de Walata, dans l’Extrême Est), il y a quelques années, à travers laquelle la cinéaste sénégalaise dresse un portrait de femmes confrontées aux réalités quotidiennes.