Dans la perspective de la présidentielle de 2024, très convoitée et très incertaine, les états-majors politiques se retrouvent, comme poussés par une force supérieure, dans une situation de remous. Des départs intempestifs sont notés, des critiques acerbes y compris dans la coalition au pouvoir, la naissance d’autres coalitions, partis et mouvements sont aussi à l’ordre du jour.
Et là-dessus, aucune d’elle n’est épargnée. Au niveau de la coalition au pouvoir qui a tout de même battu un record de longévité, on sent une certaine tension avec des revendications de certains alliés et des récriminations des partisans du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr). Ces apéristes se précipitent pour dire, et ceci contrairement à la ligne de conduite tracée par leur leader, que c’est lui, Macky qui est leur candidat.
Des sorties dont l’objectif est justement de maintenir la cohésion des troupes qui s’agitent beaucoup du fait de l’incertitude qui entoure la candidature ou non de leur mentor. Et comme la nature a horreur du vide, au niveau du parti et même de la coalition, on ne souhaiterait pas voir certaines forces tenter de s’éloigner pour s’ériger en alternative au cas où Macky ne se représenterait pas. Car, c’est le rêve de tout leader de participer à des compétitions électorales importantes et d’y tenir les premiers rôles. Car, en l’absence d’une idéologie unificatrice, les alliés de Benno bokk yakaar se retrouvent subitement confrontés à un second défi qui est l’incertitude et le mystère qui entourent la candidature du leader seul capable de maintenir la cohésion du groupe. S’agissant de l’opposition, elle ne se porte pas mieux.
Yewwi Askan wi est d’autant plus en sursis que l’amnistie de Khalifa Sall est annoncée. Or, une fois libre de se présenter, le leader de Taxawu Sénégal n’hésitera pas à déposer sa candidature, ce qui, de facto, fera que Yewwi ne pourra plus fonctionner comme avant. A cette donne s’ajoute la candidature très probable de Karim Wade en faveur de la même loi d’amnistie. Ce qui en rajoute à la confusion générale dans les rangs d’une opposition déjà très divisée avec une kyrielle de candidatures. C’est ce qui fait que chaque leader politique réfléchit intensément pour revoir son positionnement en l’adaptant à la nouvelle donne. C’est ce qui explique ce départ de Khouraychi Thiam et de ses partisans de la coalition « Naatangué Askan Wi ».
L’ancien Ministre revendique, à juste titre d’ailleurs, une meilleure représentativité au niveau national, davantage de considération du fait de l’expérience capitalisée dans la gestion des affaires de l’Etat. Et il n’est pas le seul. Ils sont des dizaines de cadres à penser que partir très tôt à la retraite politique ne fera que davantage exposer le pays à des dangers qui sont imminents dans un contexte d’insécurité criarde dans la sous-région et d’exploitation dans quelque temps de nos ressources en pétrole et en gaz.
Et c’est justement pour cette raison qu’il est important pour les leaders politiques de bien choisir avec qui se coaliser afin de gagner plus facilement les batailles politiques futures.
Assane Samb