Même si elle a reconnu avoir enroulé un morceau de tissu au cou de son nouveau-né, Nicole Faye a contesté le crime d’infanticide pour lequel elle a été attraite hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar. Malgré cela, le substitut du procureur a sollicité cinq ans ferme contre l’accusée qui sera édifiée le 6 décembre prochain.
Étudiante en master 2 à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad au moment des faits, Nicole Faye a eu la malchance d’avoir rencontré un homme qui l’a trompée sur ses sentiments. Au bout de 21 mois de relation amoureuse avec un certain Bass, la jeune dame découvre qu’elle est enceinte. Depuis, elle est plongée dans un véritable cauchemar. Car le père de son enfant a préféré se retirer au lieu de prendre ses responsabilités. Gagnée par la honte, la brillante juriste décide de ne rien dire à sa famille, plus particulièrement à sa mère qui avait placé en elle beaucoup d’espoir. La douleur de Nicole s’est accentuée alors qu’elle était à quatre mois de grossesse.
La future maman venait d’apprendre à travers le réseau social facebook que son amant avait convolé en secondes noces avec une autre femme. Malgré tout, elle décide de tenir le coup. C’est sur ces entrefaites que Nicole a accouché dans les toilettes le 25 avril 2020. Très mal en point, elle se rend au Samu municipal le lendemain en compagnie de sa mère. C’est là que la blouse blanche a révélé à cette dernière que sa fille venait d’accoucher, avant d’intimer l’ordre à sa patiente d’amener le bébé de sexe féminin. Alertés, les enquêteurs du commissariat de Grand-Yoff organisent une perquisition au domicile de la mise en cause à Ouest Foire. Ils découvrent que cette dernière a caché son nouveau-né dans un seau qu’elle avait placé sous son lit. Envoyée en prison le 6 juillet 2020, Nicole Faye, 32 ans, comparaissait hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour infanticide.
« Je ne voulais pas toucher mon enfant ; elle avait la peau.… »
Tout de blanc vêtue, l’accusée a soutenu avoir accouché par surprise d’un mort-né dans sa balle de bain. « J’ai senti des contractions durant toute la journée, mais je ne savais pas que l’heure de la délivrance avait sonné. Parce que j’étais à huit mois de grossesse. J’étais agrippée au lavabo au moment où le bébé tombait sur les carreaux. Elle avait la peau noirâtre, la tête lacérée. Au moment de la soulever, j’ai enroulé un morceau de tissu à son cou. Car je ne voulais pas la toucher. Elle avait la peau très foncée » , a-t-elle lancé. Revenant sur le comportement indigne de son petit ami, la militante des droits humains explique : « Il m’avait menti sur sa situation matrimoniale. Je ne savais pas qu’il était marié. Au moment où j’apprenais que j’étais enceinte, il était injoignable. Je lui ai envoyé un message pour lui annoncer la nouvelle. Mais, il n’a pas réagi.
Quelque temps après, il a pris une seconde femme ». Interrogée sur les raisons qui l’ont poussée à garder son secret, la native de Kaolack a laissé entendre que sa famille misait sur elle. En outre, sa maman vivait dans un ménage polygame. « J’étais la jeune fille parfaite. J’étais très studieuse. Mon père vivait en France. Il a rendu l’âme le 1er décembre 2021 » , soupire-t-elle. Dans ses observations, le maître des poursuites a souligné que l’accusée a éliminé son bébé par strangulation. « L’enfant avait le corps entièrement cyanosé. Cela veut dire que sa peau a viré vers le bleu. Au plan médical, la culpabilité de l’accusée ne souffre d’aucune contestation » , a estimé le substitut du procureur qui a tout de même demandé à la juridiction d’appliquer des circonstances atténuantes à l’accusée. Ainsi, il a sollicité cinq ans de réclusion criminelle. À défaut d’un acquittement, la défense a plaidé la clémence. Délibéré le 6 décembre prochain.