Ce fut mouvementé hier avec l’audition d’Ousmane Sonko dans le cadre de l’affaire l’opposant à Adji Sarr. Un impressionnant dispositif sécuritaire piloté par la gendarmerie a été mis en branle. Des entrées filtrées. Des membres de l’opposition ont dénoncé cette approche. Pour d’autres du camp du pouvoir, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
L’accès chez Sonko refusé à Barthélémy Dias et Déthié Fall
Des leaders de Yewwi Askan Wi ont été bloqués hier par les limiers qui leur ont opposé un niet catégorique quand ces derniers ont voulu passer le cordon sécuritaire. Malgré le fait qu’il ait pris la décision de se rendre chez lui tôt le matin, à la cité Keur Gorgui, il sera bloqué. « Je dénonce fortement cette entrave aux libertés par Macky Sall et nous restons plus que jamais mobilisés pour la défense de notre démocratie », dit-il. Ils ont rebroussé chemin sans opposer de résistance. A 9h déjà, les avocats de Sonko ont rejoint leur client pour s’entretenir avec lui. Vers 10h, Ousmane Sonko sort de chez lui, accompagné par ses avocats, mais sans ses gardes du corps qui sont restés au domicile de leur leader comme il l’avait dit lors de sa déclaration. Sur le chemin du tribunal, une petite foule, faisant signe de la main en guise de solidarité, au niveau du rond-point de la cité Keur Gorgui au moment du passage de son véhicule. Le tout sous le regard vigilant des forces de l’ordre. Le cortège passe par la corniche à vive allure en évitant les points de rassemblements pour arriver au tribunal à l’heure indiquée par le juge d’instruction. Des journalistes ne pourront malheureusement pas suivre ledit cortège. Aux alentours du tribunal, aucun militant n’a été aperçu. Seuls des journalistes et les forces de l’ordre occupent les lieux. Ousmane Sonko venait de franchir le seuil de la porte du tribunal pour son audition.
Déthié Fall : « Je dénonce les méthodes de Macky Sall »
Déthié Fall, un des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, n’a pas caché son amertume. Selon lui, ces méthodes de Macky sont aux antipodes de la démocratie. « J’ai quitté l’étranger pour venir soutenir un camarade de coalition. L’accès nous a été refusé et nous nous sommes pliés à la décision des forces de l’ordre. Mais nous restons debout. Nous restons déterminés. »
Abdou Mbow : « La menace et l’intimidation ne passeront pas. »
Du côté de l’Alliance pour la République, d’aucuns n’ont pas manqué de jeter des pierres dans le jardin de l’opposition. C’est le cas d’Abdou Mbow. « Les forces de défense se sont mobilisées pour parer à toute éventualité. C’est la justice qui l’a convoqué et je ne vois pas pourquoi Yewwi monte au créneau. C’est une procédure normale. Il y a le temps de la justice et celui de la politique. La justice fait son travail », indique Abdou Mbow. Sur ce, note le député : « Khalifa Sall a été condamné de même que Karim Wade. Alors cette affaire est privée et personne n’est au-dessus des lois. Ce n’est pas parce qu’on est un leader qu’on n’est pas intouchable ! »
Alioune Tine : « Le Sénégal est dans une transition objective »
Faisant partie de ceux qui refusent le 3e mandat, Alioune Tine reste ferme. Membre de la société civile, ce dernier n’a pas perdu de temps pour livrer son point de vue relatif à l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. Longtemps pointée du doigt dans ce dossier, la justice a donc du pain sur la planche. « Nous devons donner l’exemple avec une justice indépendante, équitable et qui prend en compte l’environnement de vulnérabilité où nous sommes », avertit A. Tine. Au regard des transformations économiques et sociales, environnementales, géopolitiques, le Sénégal est dans une phase objective de transition, selon lui. « Une transition se négocie et se discute. Il nous faut une grande concertation, sortir de nos défis et se mettre ensemble », a lancé Alioune Tine.
MOMAR CISSE