Le procureur de la République a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour déterminer les causes de la mort de François Mancabou. Ce dernier est décédé alors qu’il était en détention dans le cadre de l’enquête sur la «Force spéciale».
Dans quelles conditions ce grave incident, qui lui a coûté la vie, était-il survenu ? Ses proches et ses avocats avaient fait diverses sorties médiatiques pour alerter sur son état de santé critique, en alléguant des actes de torture qu’il aurait subis. Ces questions vont-elles rester sans réponses? En tout cela ne va pas tarder à être élucider car le procureur a demande la relance du dossier. Selon notre source, le chef du parquet a confié le dossier au juge du deuxième cabinet. Le journal les Echos précise que le ministère public a entrepris cette démarche après que la police, qui était chargée de faire la lumière sur le décès de François Mancabou, a déposé son rapport en août dernier.
Dans le document de l’autopsie, le médecin légiste avait conclu que la victime est décédée d’une «fracture du rachis cervical ayant entraîné des complications neurologiques». Mais le procureur veut manifestement en savoir plus. Pourtant a l’issue de l’enquête de police, François Mancabou n’avait pu être déféré avec ses autres compagnons arrêtés, car il était interné en urgence à l’hôpital pour cause de graves blessures subies pendant son séjour dans les locaux de la police.
Le Procureur de Dakar, Hamady Diouf, avait déclaré à la presse, le 14 juillet 2022, que François Mancabou se serait fait mal lui-même en cognant les grilles et murs de sa cellule et qu’une enquête est ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire. De même, la compassion de l’Etat envers la famille du défunt aurait pu être plus manifeste au cas où le procureur, après avoir parlé en langue nationale wolof, eût pensé faire traduire séance tenante son intervention en langue mancagne. En tout état de cause, la responsabilité de la police est engagée dans cette affaire car, même s’il s’avérait que François Mancabou se serait infligé lui-même ses blessures, la police a l’obligation d’assurer la sécurité absolue de toute personne placée sous son autorité.
Si la thèse selon laquelle François Mancabou s’est lui-même blessé prospère, il restera à s’interroger sur l’état du lieu où il avait été gardé pour savoir s’il répondait à toutes les normes sécuritaires.