Pour avoir acquis à 900.000 francs, les bijoux en or de l’expert-comptable, Ibrahima Guèye, Ibra Guèye risque une peine ferme d’un an. Attrait hier, devant le tribunal d’Instance de Dakar, pour recel, le bijoutier sera fixé le 29 juillet prochain.
Âgé de 18 ans et élève en classe de Terminale, M. Guèye est tombé dans la consommation de stupéfiants. Le 22 mars 2022, le jeune garçon a disparu avec un bracelet et une montre en or et en acier de sa mère, laquelle a rendu l’âme le 16 février 2022. Après avoir cédé le butin au bijoutier, Ibra Guèye, le drogué est revenu chez lui à l’insu de tous les membres de sa famille le 28 mars, emportant avec lui quatre montres et sept boutons de manchette en or appartenant à son père, Ibrahima Guèye.
Retrouvé à hauteur des deux voies de Liberté 6 extension le 2 avril, vers 15h30mn, M. Guèye a confié à son père avoir cédé tous les objets volés à Ibra Guèye à 850.000 francs. Établi au marché « Lalou Ourous » de Sandaga, le bijoutier a joué au gendarme et au voleur avec les éléments du commissariat central lorsqu’il a su que ceux-ci étaient à ses trousses. Il éteignait ses deux portables par intermittence pour éviter qu’on le géolocalise. Les flics ont installé un dispositif de planque et de surveillance près de son lieu de travail, avant de le neutraliser le 5 juillet 2022.
Interrogé sur les faits, Ibra Guèye confirme son comparse, en reconnaissant avoir acquis tous les biens à 900.000 francs. La partie civile qui s’est désistée de sa plainte à l’encontre de son fils, a entrepris une médiation pénale avec Ibra Guèye, lequel n’a pas pu lui verser les 20 millions francs réclamés qui représentent la moitié du montant du préjudice. Condamné par le passé pour homicide involontaire et coups et blessures volontaires, le prévenu a été présenté hier, au juge du tribunal d’Instance de Dakar, pour recel.
A l’en croire, il a acheté de bonne foi. Car, jure-t-il, le voleur lui avait dit que les bijoux étaient issus de l’héritage de sa maman. « Je l’ai connu via son ami Fabrice. Il m’a vendu des boutons de manchette et des montres en cuir serties d’or. J’ai fondu l’or, avant de le vendre à 1,4 million francs », fait-il savoir. Le quadragénaire a renseigné que le potache a révélé aux enquêteurs s’être procuré de la drogue après la vente des bijoux. « Il a plus de 18 ans. Son père veut me faire condamner. C’est la première fois que je comparais pour recel », s’est défendu le bijoutier.
Expert-comptable, Ibrahima Guèye a informé avoir acquis les boutons de manchette à 500.000 francs l’unité. S’agissant des montres, il a confessé avoir offert les deux à sa femme. « Les autres sont des montres pour homme. J’ai acheté la première montre en 1997. J’ai toutes les factures d’entretien. Le prévenu a été déféré à plusieurs reprises pour recel », a souligné la partie civile qui a réclamé 20 millions francs, en guise de réparation. Étant donné que, dit-il, que c’est son fils qui est à l’origine du vol.
Pour l’avocate de la société, le prévenu ne pouvait pas ignorer l’origine frauduleuse des biens. « Il a fréquenté le marché Sandaga au moins 15 ans. Il ressort du procès-verbal qu’il a comparu à plusieurs reprises même si on n’a pas pris le soin de demander la production de son relevé d’écrou », a relevé la représentante du Ministère public qui a requis une peine ferme d’un an.
Mes Abdoulaye Tall et Ndiack Bâ ont estimé que le comparant n’est pas un élément à abattre. Il s’est toujours battu pour subvenir aux besoins de son fils « C’est un gars honnête et sérieux. Il a été interpellé quatre jours après la naissance de son enfant. Il a perdu son grand frère et sa veuve est sous sa responsabilité. Sa place n’est pas en prison », a jugé Me Tall. Mise en délibéré, l’affaire sera vidée le 29 juillet prochain.