Des centaines de milliers de musulmans ont commencé à prier vendredi sur le mont Arafat, en Arabie saoudite, point culminant du hajj qui réunit sous une chaleur accablante le plus grand nombre de pèlerins depuis le Covid-19. Les fidèles ont convergé, en bus ou à pied, vers la montagne où le prophète Mahomet aurait prononcé son dernier sermon, appelé aussi mont de miséricorde (Rahma en arabe), en chantant « Dieu, je suis là ».
Les pèlerins ont passé la nuit dans des tentes installées dans la vallée de Mina, à sept kilomètres de la Grande Mosquée de La Mecque, la ville la plus sacrée de l’islam, avant d’entamer leur ascension à l’aube. En couple, en groupe ou seuls, ils se sont assis sur les rochers et passeront la journée à prier et à réciter le Coran, rituel le plus important du hajj.
Un million de fidèles, dont 850.000 étrangers tirés au sort, ont été autorisés à faire le pèlerinage cette année, alors qu’ils n’étaient que quelques milliers, tous résidents en Arabie saoudite, les deux dernières années. Le nombre de participants reste néanmoins deux fois moins important qu’en 2019, lorsque l’Arabie saoudite avait accueilli 2,5 millions de musulmans.
Le hajj, l’un des plus grands rassemblements religieux annuels au monde, fait partie des cinq piliers de l’islam et doit être entrepris par tous les musulmans qui en ont les moyens au moins une fois dans leur vie. Il se déroule dans un contexte de reprise épidémique dans plusieurs pays du Golfe, qui ont récemment remis en place des mesures barrières. Des sacs contenant des masques et du gel désinfectant ont été distribués aux pèlerins jeudi à Mina. Les autorités saoudiennes ont déployé d’importantes mesures de sécurité vendredi, délimitant les entrées et les sorties du site, tandis que des hélicoptères survolaient la zone.
Les autorités veulent prévenir tout débordement car l’histoire du hajj est émaillée de drames, notamment avec une attaque d’hommes armés dans la Grande Mosquée en 1979, qui a fait 153 morts et une bousculade à Mina en 2015, qui a couté la vie à 2.300 personnes. Aux abords de la route menant vers le mont Arafat, des volontaires distribuaient des bouteilles d’eau aux pèlerins tout de blanc vêtus, tandis que d’autres collectaient les déchets.
Le hajj se déroule cette année sous un soleil cuisant et des températures frôlant les 44 degrés Celsius. De nombreux fidèles se sont munis de parapluies en prévision de la journée de prières sous le soleil. Les autorités saoudiennes affirment avoir pris les précautions nécessaires pour faire face à ces fortes températures en réservant des centaines de lits d’hôpitaux et en installant « un grand nombre de ventilateurs brumisateurs ».
Des dizaines de camions distribuent des parapluies, des bouteilles d’eau et de petits ventilateurs. Le Centre national de météorologie envoie également des messages d’avertissement aux pèlerins sur leurs téléphones portables, les appelant à ne pas s’exposer durant les heures les plus chaudes de la journée.
Après le coucher du soleil, les pèlerins se rendront à Mouzdalifah, à mi-chemin entre Arafat et Mina, où ils dormiront à la belle étoile, avant de se préparer à l’Aid al-Adha (fête du sacrifice) samedi. Ce jour-là, les pèlerins accompliront la cérémonie symbolique de la « lapidation du diable ». Ce rituel a donné lieu à des bousculades meurtrières dans le passé, car des centaines de milliers de personnes convergent vers un espace restreint. Puis ils retourneront à la Grande Mosquée de La Mecque pour effectuer un dernier « tawaf » autour de la Kaaba, la structure cubique drapée d’un tissu noir brodé d’or vers laquelle tous les musulmans se tournent pour prier.