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Trafic de bois: 356 troncs d'arbre saisis ce weekend à Kédougou
Trafic de bois: 356 troncs d'arbre saisis ce weekend à Kédougou

Trafic de bois en Casamance: Un homme d’affaires suisse visé pour crime de guerre

Une demande d’entraide judiciaire a été adressée par la Suisse au ministère gambien de la Justice concernant un Suisse accusé de pillage de bois précieux en Casamance, au sud du Sénégal. Une dénonciation pénale de l’ONG TRIAL International se trouvait sur le bureau du Ministère public de la Confédération depuis juin 2019.

« Oui, nous avons reçu de la part des autorités suisses une demande d’entraide judiciaire internationale. » Cette confirmation provient du directeur adjoint au ministère gambien de la Justice pour les procédures civiles Tah Kimbeng. Elle a été transmise à l’émission Temps Présent vendredi, après la diffusion jeudi de son documentaire « Trafic de bois, les criminels de l’environnement ».

Ce documentaire revenait sur le commerce du bois de rose – aussi appelé bois de veine, une espèce tropicale protégée, car en voie de disparition – issu de la région sénégalaise de Casamance, à la frontière sud de la Gambie. De grandes portions de cette région sont aux mains d’un groupe armé, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui combat l’armée sénégalaise depuis près de 40 ans. Il s’agit donc d’une zone de conflit. Or, exploiter des ressources naturelles issues d’une zone de conflit s’apparente à du pillage et peut constituer un crime de guerre aux yeux du droit international humanitaire.

Cette information du ministère gambien de la Justice relance ainsi une dénonciation pénale déposée par l’ONG TRIAL International, qui accuse de pillage un homme d’affaires suisse d’origine roumaine. Le dossier se trouvait sur le bureau du Ministère public de la Confédération (MPC) depuis juin 2019, sans que la procédure n’ait été ouverte ou close depuis trois ans.

Benoit Meystre, conseiller juridique de TRIAL International, estime que cette demande d’entraide signifie que l’instruction est désormais ouverte. « Pour nous, c’est une immense avancée dans ce dossier qui a mis du temps à démarrer », déclare-t-il. Contacté, le MPC ne souhaite pas commenter.

Trafic illégal entre la Gambie et le Sénégal

La dénonciation pénale vise l’homme d’affaires pour s’être approprié le commerce d’exportation gambienne du précieux bois de rose. Allié à l’ancien président autocrate gambien Yahya Jammeh, il a développé un business extrêmement lucratif qui a duré de 2014 jusqu’à la chute du régime en 2017.

Le profit réalisé par la société sur cette période se monte à plus de 45 millions de dollars, selon une Commission d’enquête gambienne. Soit une somme colossale pour ce tout petit pays africain qui fait partie des plus pauvres du monde et où le salaire moyen ne dépasse pas 100 francs par mois.

Mais ce n’est pas tout. TRIAL International accuse ce Suisse de pillage de bois de conflit. En effet, comme les réserves de bois de rose sont presque épuisées en Gambie, cette essence était presque essentiellement abattue illégalement en Casamance. Elle était ensuite transportée clandestinement en Gambie avant d’être exportée vers la Chine pour en faire des meubles et des objets de luxe. L’enquête de Temps Présent a notamment démontré que ce trafic illégal a alimenté les caisses du MFDC.

Une procédure pionnière

La Suisse pourrait être la première à rendre justice et à briser l’impunité et le silence qui entourent les crimes environnementaux commis à l’étranger. « Cette affaire est historique, car elle figure parmi les rares instructions à l’encontre d’acteurs économiques pour des faits de pillage comme crime de guerre dans le monde. Si cette affaire devait aboutir à une condamnation, celle-ci constituerait un précédent unique depuis la Seconde Guerre mondiale », ajoute Benoit Meystre.


Il y a urgence. Les conséquences du trafic illégal de bois entre la Casamance et la Gambie sont dramatiques. Ces 15 dernières années, près de deux millions de ces arbres ont été abattus. La déforestation a provoqué un réel changement climatique qui a bouleversé la pluviométrie: il faut désormais creuser jusqu’à 20 mètres pour trouver de l’eau. Avec la déforestation, les villageois ont perdu les ressources de la forêt qui leur apportait des fruits et des zones de pâturages pour leur élevage.

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