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(FILES) This file photo taken on September 19, 2017 shows a view of the United Nations headquarters during the 72nd session of the United Nations General Assembly in New York. Two members of Cuba's UN mission have been ordered to leave the United States after engaging in activities harmful to US national security, State Department spokeswoman Morgan Ortagus said Thursday. / AFP / Brendan Smialowski

Sécurité dans les zones de conflit : L’Onu peut-elle faire la guerre ?

La politique de maintien de la paix onusienne « n’est pas en adéquation avec les enjeux », a déclaré, hier à Dakar, le nouveau Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, au sixième Forum sur la paix et la sécurité dont il était l’invité d’honneur.

Auparavant, le Président Macky Sall, dont le pays accueille le Forum, avait aussi plaidé pour que l’ONU voie son mandat rendu plus fort. Même son de cloche du côté de l’homme fort de Nouakchott.

En clair, ces Chefs d’Etats plaident pour une transformation substantielle du rôle des Nations-unies pour, d’une force de maintien de la paix, qu’elle soit une force qui fasse la guerre.

Macky a d’ailleurs lancé un appel à la Russie et à la Chine pour qu’elles permettent un renforcement de ces missions onusiennes.

Le Président sénégalais n’a pas compris que les 3000 hommes présents dans les différentes forces d’intervention au Mali, la Minusma, y compris Barkane, ne permettent pas de lutter efficacement contre les Jihadistes.

D’ailleurs, le débat des réformes des missions de l’ONU ne se posent pas seulement au Sahel.

En République centrafricaine (RCA) où son mandat vient d’être prorogé d’un an, l’Onu réfléchit aussi à adapter son mode d’intervention dans un pays où les groupes armés contrôlent presque 80% du territoire.

Il en était ainsi des crises au Congo, au Guatemala, au Pakistan, au Bangladesh et au Soudan.

En somme, une question simple se pose aujourd’hui à l’ONU : peut-elle se substituer aux forces armées nationales pour faire la guerre ?

C’est en tout cas ce à quoi les Présidents Sall et Ghazouani semblent l’inviter.

Il nous semble qu’il y a une nette différence entre la mission de maintien de la paix et celle de faire la guerre. Dans les mandats que reçoivent les forces onusiennes dans les différents théâtres d’opération, l’accent est mis sur le maintien de la paix. Elles sont souvent des forces d’interposition, conformément aux mandats du Conseil de sécurité.

Depuis sa création en 1945, la mission principale de l’Onu est la prévention des conflits, le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix et de la prise de mesures coercitives.

Dans ce cadre, le Conseil de sécurité peut, dans certains cas, autoriser l’usage de la force pour imposer ou maintenir la paix et la sécurité.

Donc, on peut tenter de répondre par ‘’oui’’ à cette question. Mais l’usage de la force par les Nations-unies est exceptionnel.

Il en a été ainsi dans les années 50 dans la guerre de Corée, dans les conflits en Irak, au Kosovo, en Afghanistan, en Libye ou contre l’État islamique.

On a vu des coalitions militaires, sous la bannière de l’Onu, être mises en place, surtout en Irak contre Saddam Hussein et en Afghanistan.

Mais dans la plupart des cas, il s’agit de forces d’interposition dont la mission première et de maintenir la paix et la sécurité. C’est le cas de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la Stabilisation au Mali). Ces unités n’utilisent la forces, en principe, qu’en cas de légitime défense ou d’attaques contre des civiles.

Malheureusement, au Mali, l’inefficacité des forces en présence (Minusma et Barkane) a été rendue criarde par le nombre d’attaques terroristes dans ce pays, et qui visent frontalement des forces de défense et de sécurité visiblement dépassées.

En effet, nous assistons dans ce pays, et au Burkina Faso, à une situation qui ne saurait perdurer. Ou l’Onu se charge de prendre efficacement la sécurité de ces pays en les mettant sous tutelle sécuritaire, ou l’Union africaine ou la CEDEAO mettent en place une Force de réaction rapide avec la bénédiction et le soutien de l’Onu.

Car, il est important de faire remarquer, comme l’a dit le Premier ministre français Edouard Philippe, que ces conflits ne sauraient avoir des solutions militaires définitives. Les questions sont complexes et il faudrait impliquer d’autres aspects ethniques, religieux, politiques pour arriver à des solutions définitives.

Penser que l’on peut faire face aux terroristes par une guerre conventionnelle, relève d’une forme de naïveté.

Les solutions  militaires sont certes inévitables, mais il faudra penser activer les mécanismes traditionnels africains de résolution des conflits et travailler à asseoir une vraie démocratie participative dans ces pays.

Mais pour le moment, il faut trouver une solution pour stopper la mort de militaires et de civils.


Assane Samb

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