La junte au pouvoir au Mali a annoncé lundi soir dénoncer les accords de défense avec la France et ses partenaires européens, fustigeant les « atteintes flagrantes » de la part des forces françaises présentes dans le pays à la souveraineté nationale
Cette dénonciation, mettant à exécution une menace agitée depuis des semaines, constitue une nouvelle manifestation de la dégradation des relations entre les autorités dominées par les militaires arrivés au pouvoir par la force en août 2020 et les anciens alliés du Mali dans le combat contre les jihadistes.
Les autorités maliennes rompent les Accords de statut des forces (Status of Force Agreements, ou Sofa) fixant le cadre juridique de la présence au Mali des forces française Barkhane et européenne Takuba, ainsi que le traité de coopération en matière de défense conclu en 2014 entre le Mali et la France, a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, sur la télévision nationale. « Depuis un certain temps le gouvernement de la République du Mali constate avec regret une détérioration profonde de la coopération militaire avec la France », a-t-il expliqué. Il a notamment cité « l’attitude unilatérale » de la France lors de la suspension en juin 2021 des opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes, l’annonce en février 2022, « encore sans aucune consultation de la partie malienne », du retrait des forces Barkhane et Takuba, et les « multiplies violations » de l’espace aérien malien par les appareils français malgré l’instauration par les autorités d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire.
La dénonciation de ces accords soulève des questions quant à ses répercussions sur le retrait en cours notamment de Barkhane, annoncé en février en point d’orgue à des mois d’escalade des tensions. Cette importante et dangereuse opération, après neuf ans d’engagement depuis 2013, est censé s’échelonner sur quatre à six mois.