Fonctionnaire au ministère des Finances et du Budget, A. Diop risque de perdre un immeuble d’une valeur de 250 millions FCFA qu’il a donné en gage pour garantir les prêts bancaires du commerçant, Modou Dieng.
A. Diop est dans le pétrin. Après avoir signé une convention d’ouverture d’une ligne de crédit pour une durée de 30 ans, il a retourné sa veste au bout d’une année. Sur demande de son ami, Mor Talla Diop, l’économiste avait donné en gage son immeuble R+5 d’une valeur de 250 millions FCFA pour garantir les prêts contractés par Modou Dieng auprès de la Bimao. Celui-ci s’active dans la vente de ciment et de fer. Pour ce qui est de la location de l’immeuble, sis à la Cité Keur Gorgui, Mor Tall Diop devait verser annuellement 12 millions FCFA à son ami. Mais, il utilisait une partie de l’argent à des fins personnelles. Se sentant dupé, A. Diop a saisi la justice pour escroquerie. Placés sous mandat de dépôt le 6 avril dernier, les mis en cause ont comparu hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Invité à donner sa version des faits, le fonctionnaire du ministère des Finances et du Budget déclare : « Mor Talla Diop m’avait fait croire qu’il avait une ligne de crédit entre la Sococim et Bimao. Sur ce, j’ai accepté de lui prêter mon titre foncier. J’ai vu Modou Dieng le jour où on s’était rendu chez le notaire, Me Aliou Kâ, pour la signature de la convention. Je voulais désister mais Mor Talla m’avait rassuré. Pour la location de l’immeuble, il devait me verser 12 millions de francs chaque année. Mais, il me donnait 1 million par-ci 1 million par-là. De février 2021 à mars 2022, je n’ai rien reçu. Je réclame mon titre foncier. Je ne savais pas que le gage allait durer 30 ans ».
Mor Talla Diop a reconnu avoir mis en relation le plaignant et Modou Dieng. Mais, il a battu en brèche l’accusation. « Il m’avait dit qu’il voulait investir dans le business du ciment et du fer », dit-il. Modou Dieng a informé que la banque lui a accordé un prêt de 250 millions de francs après la signature de la convention. « J’ai donné en gage le titre foncier de la partie civile pour une durée de 30 ans », indique-t-il.
Assurant la défense des intérêts de la partie civile, Me Ameth Fall a réclamé 300 millions FCFA, à titre de dommages et intérêts. « Il a donné l’immeuble en gage pour une période de 12 mois. S’il devait y avoir prolongation, la renégociation devait se faire devant le notaire. On a affaire à une bande d’escrocs », fulmine l’avocat. Le délégué du procureur a relevé que les actes notariés valent jusqu’à inscription de faux. Par conséquent, il a requis le renvoi des fins de la poursuite. Étant du même avis, Mes Idrissa Cissé et ses confrères ont plaidé la relaxe des prévenus. Rendant sa décision, le juge a relaxé le duo et débouté la partie civile de sa demande en réparation.