Difficile d’exercer la profession à l’hôpital Aristide Le Dantec. Et pour cause, la structure sanitaire manque de tout. La commission médicale qui a fait face à la presse a tenu à alerter de cette situation catastrophique pour les patients. Selon Pr Alain Khassim Ndoye, l’hôpital doit être reconstruit. « Nous sommes confrontés à des infrastructures vétustes, une planification inadaptée des rénovations et un mauvais entretien qui n’ont jamais été inscrits dans la durée. Voilà les facteurs qui ont provoqué les grandes difficultés de prise en charge de nos patients souvent pauvres », regrette-t-il. Et de poursuivre : « Cet énorme retard dans le domaine des infrastructures et des équipements accentue la souffrance physique et psychologique des patients dont la vie est parfois menacée. Il s’y ajoute une conséquence négative directe dans la formation des apprenants (étudiants en médecine, médecins en spécialisation). (Bâtiments fissurés, régulièrement inondés, Problèmes d’électricité et de plomberie – Capacité d’accueil des patients dépassée, médecins sans bureau, absence de communication électronique et téléphonique entre les services, pas de possibilité de RV par appel téléphonique-Service des urgences inadapté etc…). Ces professionnels de la santé restent convaincus que l’hôpital doit être mieux géré sans interruption des soins. « Les patients paient à l’acte car la prise en charge des malades est souvent inadéquate car elle se fait régulièrement au comptant même pour les urgences et la réanimation. A la garde des urgences de l’hôpital A. Le Dantec, les médecins prescrivent tout, même les seringues, les solutés de perfusion et les bandes plâtrées (ordonnances à payer en dehors de l’hôpital) », soutient la commission médicale de l’hôpital. A l’en croire, tous les matins, en réanimation, les accompagnants doivent être présents pour prendre les ordonnances prescrites à leurs malades afin d’aller chercher et acheter les produits. A ces manquements s’ajoutent les ruptures de stock devenues la règle à l’hôpital aussi bien pour les consommables que pour les réactifs et certains médicaments avec des conséquences négatives directes sur l’état de santé des patients notamment les poursuites évolutives de leur maladie. Une situation qui est à l’origine de la reprogrammation des interventions chirurgicales au bloc opératoire avec de longs délais d’attente, recours à d’autres structures sanitaires surtout privées pour les analyses de laboratoire, les radios et les interventions chirurgicales avec comme conséquence l’augmentation du coût du diagnostic et des traitements, etc…).
Casse-tête dans l’archivage
En ce qui concerne l’archivage et la gestion des données médicales, ils sont archaïques. » L’absence d’informatisation du dossier médical fait que les données cliniques et paracliniques des patients sont consignées dans un fichier en papier que l’on partage entre les salles d’investigation, l’hospitalisation et les consultations. Et cela pose énormément de problèmes. On ne peut pas travailler sur un seul et même dossier plusieurs en même temps, et il n’est pas aisé de retrouver les résultats des examens et les protocoles de traitement précédents qui peuvent être perdus. La recherche du dossier dans les archives se fait sur la seule présentation du numéro attribué au patient que celui-ci peut perdre. De plus, le dépouillement régulier des archives pour la recherche (thèses, mémoires, publications scientifiques etc…) fait perdre des dossiers avec un impact négatif sur leur prise en charge et donc leur survie », tonne la commission médicale.
Elle regrette les lenteurs notées dans le projet de reconstruction depuis plus de dix ans. Elle rappelle que leur structure sanitaire a une longue expérience de formation de cadres de santé nationaux et internationaux depuis la période coloniale. « En effet l’HALD a fêté ses 100 ans en 2012. Il a toujours bénéficié de la confiance des populations, de par son expertise, sa place stratégique et son rôle primordial notamment, dans la prise en charge des urgences. Il reçoit une population de niveau socio-économique et d’origine diverse. L’HALD dispose d’une trentaine de spécialités (médicales, chirurgicales, et d’aide au diagnostic). Il possède l’un des plus gros potentiels de ressources humaines sur le plan médical de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Et paradoxalement, il est dans un état actuel de décrépitude avancé. L’HALD n’est plus en mesure de remplir ses missions d’hôpital universitaire (soins, enseignement, formation, recherche) », disent-ils. Ils font savoir que cette mise à jour du projet d’établissement coïncide avec un besoin croissant d’adapter les équipements médico-techniques aux progrès et innovations technologiques contemporains. Les objectifs restent le relèvement du plateau technique pour permettre aux praticiens d’exercer pleinement leur art et par ricochet réduire le coût excessif des évacuations sanitaires.