La maladie de la Covid-19 gagne du terrain au Sénégal avec une évolution en dent de scie mais surtout une tendance à la hausse notamment des cas dits communautaires.
Avec 274 décès et plus de 4 mille personnes sous traitement, l’après-tabaski a donné un visage hideux d’une maladie qui a surtout emporté beaucoup de personnalités.
Une situation qui a poussé les autorités étatiques à revoir leurs stratégies dans le sens du renforcement des contraintes pour le respect des mesures barrières.
Le souci a été surtout de pousser les populations à adhérer à cette politique, ce qui, jusqu’ici, fait largement défaut.
Heureusement, dans la dynamique de réussir une adhésion collective, les chefs religieux sont en première ligne pour appuyer les autorités.
C’est ainsi que le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Macké a fait annuler le magal des deux rakas, une institution chez les Mourides. Ce geste fait suite à celui, antérieur, d’allouer la somme de deux cent millions dans le cadre de la participation à l’effort de guerre.
Bien sûr, le rêve des autorités avait été justement de voir annuler le grand magal de Touba, ce que le Khalife n’a pas fait, mais il a beaucoup insisté sur le respect des mesures barrières.
Du côté de la tidjania, le khalife général, Serigne Babacar Sy vient de faire annuler, à son tour, le ziarra de la Achoura. Il a demandé qu’une journée de prière soit organisée en lieu et place.
D’ailleurs le marabout n’a jamais ordonné l’ouverture des lieux de culte et ne rate jamais l’occasion de faire pression sur les autorités pour qu’elles disent ‘’la vérité aux populations’’ à propos justement du danger que représente ce virus.
Il a créé les conditions d’un auto-confinement et pousse souvent les disciples à faire de même en ne jouant pas avec le danger.
L’Imam de Dakar est dans cette dynamique car les prières de vendredi ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre face à la menace que constitue le coronavirus.
Du côté de l’Eglise, le maître-mot est le respect des mesures barrières. Toutes les manifestations religieuses sont interdites et les fidèles sont conscientisés sur la nécessité de rester vigilants.
Et l’attitude adoptée par les fidèles chrétiens est un exemple patent d’une citoyenneté exemplaire parce que responsable.
C’est dire que les guides religieux au Sénégal sont les premiers alliés des autorités publiques dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.
Ils n’ont ménagé aucun effort pour apporter leurs soutiens dans la mesure de leurs possibilités. Car, ce sont des leaders d’opinion à la tête de nombreuses personnes dont des personnalités fortes et leurs tâches ne sont pas toujours faciles. Car, ils sont souvent obligés de ménager les susceptibilités des uns et des autres face à des situations difficiles où il faut parfois remettre en cause des convictions profondes et heurter même la sensibilité de certains.
En tout état de cause, ces efforts semblent porter leurs fruits. A Touba par exemple, si l’on en croit le bilan officiel, il y a de moins en moins de cas si l’on se réfère à la situation antérieure où la ville sainte venait en seconde position après Dakar.
Globalement si la situation est relativement sous contrôle dans notre pays, c’est que les guides religieux ont joué pleinement leur partition en s’inscrivant, dès le début, dans une dynamique de collaboration et non de défiance contre les autorités.
Les incompréhensions n’ont pas manqué notamment sur la question de l’ouverture des lieux de culte, mais elles ont été vite dissipées du fait justement de la bonne foi dont les religieux ont fait preuve.
Yoff, Kaolack, Pire et Ndiassane ont emboîté le pas à Touba, Tivaouane et à l’Eglise dans une collaboration qui a été bénéfique à la lutte.
Une collaboration dont il faut se féliciter mais qu’il faudra surtout encourager.
Car, la lutte ne saurait être gagnée que si tous les secteurs de la société sont mobilisés dans un élan solidaire et généreux. Car la bataille est loin d’être gagnée.
Assane Samb