Avec la grâce accordée aux bourreaux de Bara Sow et d’Ababacar Diagne, des interrogations sont nourries sur cette pratique. Pour des juristes, ils sont éligibles à la grâce. Mais leurs familles sont les plus grandes perdantes.
Parmi les 824 prisonniers bénéficiaires de la grâce présidentielle à l’occasion de la fête de l’indépendance, figurent les 11 personnes condamnés en mai 2019 avec le défunt guide des Thiantacônes, Cheikh Béthio Thioune. Pour le Forum du justiciable, ils sont éligibles à la grâce présidentielle. Il s’agit de Mamadou Guèye, Aliou Diallo, Mouhamed Sène, Moussa Dièye, Adama Sow, Aly Diouf, Aly Diouf, Momar Talla Diop, Serigne Khadim Seck, Abdoulaye Diouf, et Cheikh Faye.
Dans cette affaire, le chambellan du défunt guide Cheikh Béthio Thioune ainsi que les autres codétenus étaient reconnus coupables de la mort de deux “Thiantacônes”, qui avaient été sauvagement tués et enterrés en catimini dans la forêt de Keur Samba Laobé, près de Mbour. Certains d’entre eux étaient dans la prison de Koutal à Kaolack et Cheikh Faye, le Chambellan de Cheikh Béthio Thioune, à Mbour. Les familles des victimes disent ne pas comprendre cette faveur pour des gens ayant commis un crime de sang. Selon Babacar Ba du Forum du justiciable, ils sont bel et bien éligibles à la grâce présidentielle. « Il faut préciser d’emblée qu’à l’état actuel de notre législation, la grâce concerne toutes les infractions et quelles que soient leurs natures.
Selon le législateur, chaque détenu a droit à une seconde chance. Mais alors que faire face à cette situation afin que la grâce ne fasse pas trop de désordre au sein même des familles des victimes ? Si des citoyens estiment que des personnes condamnées pour des crimes de sang ne doivent pas bénéficier de grâce, à partir de ce moment, il faudrait que l’on change les textes. “C’est vrai frustrant de voir la personne qui a tué son parent bénéficier d’une grâce et se pavaner dans les rues », ajoute Babacar Ba.
Du côté de l’association de soutien et de réinsertion sociale des détenus (ASRED), la grâce est prévue par la loi avec des modes d’aménagement des peines, dont des réductions, des libérations conditionnelles.
Ainsi, ces Thiantas recouvrent la liberté après 10 ans de prison et les familles de leurs victimes s’offusquent et se disent avoir perdu sur l’action civile. Les bourreaux de leurs fils n’ont pas encore payé les 100 millions qu’ils leur doivent.
MOMAR CISSÉ