Rallié aux sanctions contre Moscou en dépit de sa dépendance aux livraisons de gaz russe, le gouvernement de Mario Draghi est plus divisé sur la question des livraisons d’armes à Kiev pour le soutien militaire de l’opinion.
Toujours impeccable, souriant et cordial, l’ancien président du conseil Giuseppe Conte n’est pas, d’ordinaire, coutumier des coups de sang en public. Pourtant, jeudi après-midi, en plein direct sur Instagram, alors que le chef politique du Mouvement 5 étoiles (antisystème) était interrogé sur ses rapports avec son partenaire de coalition, le Parti démocrate (centre gauche) s’est soudain emporté : « Ça ne marche pas comme ça. Nous ne sommes la succursale d’aucun autre parti politique, nous ne sommes le succédané de personne ! »
Quelques heures plus tôt, le secrétaire du PD, Enrico Letta, avait qualifié d’« irresponsable » les réticences du M5S aux mesures devant porter les dépenses militaires italiennes à 2 % du PIB, en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine. « Penser que nous instrumentalisons cette question des dépenses militaires, c’est hors de toute logique (…), ça veut dire qu’on ne se connaît pas ! ». Finalement, après des jours de tension entre le M5S et le chef du gouvernement, Mario Draghi, un compromis a été trouvé afin d’éviter de mettre en danger le gouvernement lors du vote au Sénat du « décret Ukraine », qui a finalement été adopté jeudi à une large majorité (214 « oui » contre 35 « non »).
Mais, dans les faits, il est difficile de voir dans cet arbitrage autre chose qu’une reculade : alors que le texte initial prévoyait de porter l’effort militaire à 2 % du PIB d’ici à 2024, cette augmentation souhaitée par les alliés de l’Italie n’est plus définie que comme « graduelle » et l’échéance est reportée à 2028. Une éternité en ces temps de guerre à l’est de l’Europe. Malgré ce vote, qui offre à la majorité un peu de répit, la question est loin d’être réglée.