La tête sur les épaules et la suite dans les idées, l’invité de Rewmi a du bagout. Acteur de sa vie, derrière le viseur des caméras, il acte les valeurs qui doivent être les nôtres. Aussi sert-il particulièrement des leçons de vie à nos filles, socle de la pérennité de nos sociétés. Homme de son temps, Doudou, de son vrai nom et Bouba au ciné, aime à encrer son ancrage religieux. C’est dire que le succès ne lui monte pas la tête. Intellectuel organique, il reste humain et se refuse de vivre sa vie en acteur mais en homme, en Sénégalais qui souhaite le meilleur à ses futurs pairs. Amine Talibé Cheikh !
Présentez-vous à nos lecteurs ?
El-Hadj Doudou Ndao de mon vrai nom, je suis natif de Keur Ndene Ndao (Kaolack), mais j’ai grandi à Saint-Louis, où j’ai obtenu mon bac. Par la suite, je suis venu à Dakar. Après une année à la faculté de droit à l’Université Cheikh Anta Diop, j’ai opté pour le marketing et la communication. La Licence en poche, j’ai intégré une grande boite de la place où j’ai officié pendant 8 ans en tant que commercial. J’ai fini par démissionner pour créer ma propre structure en relation avec le cinéma. Le public m’a découvert à travers la série « Pod et Marichou » et depuis, je fais mon petit bonhomme de chemin.
Au fait, comment s’est déroulé le casting ?
Disons que c’était sur un casting ciblé ! Pod de Marodi m’a contacté pour le rôle d’Edou, je n’avais aucune expérience et j’ai hésité, mais il a su me convaincre. Le public avait beaucoup apprécié. En plus de m’avoir donné du succès, ça m’a fait aimer le métier.
Qu’en est-il d’Infidèles ?
Rien de bien compliqué ! C’est une amie à moi qui parlait au producteur de la série, mon nom est sorti. Ce dernier m’a demandé de passer le voir et après discussions, nous sommes tombés d’accord. A vrai dire, mon profil l’intéressait beaucoup et le courant est super bien passé entre nous. C’est Infidèles et c’est Bouba, c’est comme ça ! (rire).
Comment trouvez-vous l’environnement cinématographique sénégalais ?
Le cinéma sénégalais a fait un très grand pas (il insiste). Nous avons des choses aujourd’hui qui n’existaient pas avant. Avant, il n’y avait pas beaucoup de sites internet. Les productions indiennes, les Novelas étaient prisées. Aujourd’hui, la donne a changé. Le cinéma sénégalais est apprécié. Les partenaires sont nombreux à se bousculer pour récupérer les contenus. Et pour le coup, ça vend la destination Sénégal, l’évolution est à saluer. Au niveau de la production également, les gens commencent à acheter du matériel, les acteurs font énormément d’ateliers, s’entraînent. Le Sénégal est vraiment en train de se positionner par rapport à ce nouveau métier qu’est le cinéma.
Ne trouvez-vous pas que nos téléfilms manquent d’originalité et singent trop la thématique occidentale ?
Je suis de ceux qui pensent qu’on peut joindre l’utile à l’agréable. Les acteurs sont de jeunes sénégalais qui travaillent et je trouve qu’il n’y a pas plus original que de travailler avec des acteurs sénégalais, de développer des thèmes d’actualités de notre société sénégalaise (polygamie, viol, infidélité…). Tous les thèmes que nous abordons sont liés à nos réalités et à travers ces derniers, nous en profitons pour faire connaître notre culture que je trouve magnifique d’ailleurs. A travers nos séries, nous montrons notre cher pays qu’est le Sénégal, nous le valorisons. Me concernant, je trouve que notre cinéma est très original et j’apprécie énormément le travail de nos producteurs.
Le cinéma sénégalais fait-il vivre son homme ?
Oui pour ne pas être trop négatif ! Comparé à ce qui se payait auparavant, il y a eu de l’évolution, même si ce n’est pas encore ce qu’on attend. J’aimerai bien que la future génération d’acteurs puisse mieux en profiter. A notre niveau, nous pouvons jouer notre partition pour que la génération future ne soit pas obligée de cumuler le cinéma avec d’autres boulots (Il précise qu’il ne généralise pas).
Quels rôles refuseriez- vous d’incarner et pourquoi ?
Difficile d’y répondre ! Après, je dirai que les producteurs sont assez conscients pour nous donner des projets contraires à nos convictions, nos valeurs. Les producteurs sont très réfléchis, ils savent ce qu’ils doivent faire ou pas.
De « Pod et Marichou » à « Infidèles », qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis lors ?
Il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie depuis « Pod et Marichou ». Mais c’est plus du point de vue de la forme, mis à part ça, je suis resté la même personne. Le cinéma m’a permis de mieux me connaître, de me rapprocher de ma famille. Quand il y a beaucoup de monde autour de toi, tu es obligé de te renfermer sur ta famille. Je sais reconnaître les loups déguisés en agneaux ou ceux qui seront toujours là pour toi. Mes premiers fans, c’est d’abord ma famille. Sinon je reste le même musulman, le même Talibé Cheikh. J’aime toujours autant ma famille. Le succès est éphémère donc autant rester soi-même.
« Edou » ou « Bouba » ? Pourquoi ?
« Edou » ou « Bouba », peu importe qui, c’est juste des rôles bien qu’ils aient eu plus de succès. Je préfère El-Hadj Doudou Ndao, je préfère ma personnalité, la personne qui me définit, le Talibé Cheikh que je suis, le musulman. Quand je suis moi-même, je me sens en Talibé Cheikh. Personne ne me fait, je suis au service de ma famille, de Dieu et de mon Marabout. Edou ou Bouba c’est juste le boulot.
On vous sent très à l’aise dans le rôle de Bouba. Était-ce difficile d’incarner un tel personnage ?
C’était très difficile (il insiste) et j’ai vraiment beaucoup travaillé ce personnage. Ce n’est pas la production qui m’a habillé, je me suis décarcassé pour trouver le style adapté à mon personnage. Le producteur de la série m’a vraiment « challengé » quand il me donnait ce rôle, son discours a fait comme qui dirait un effet sur moi et je me suis donné à fond. D’ailleurs, c’était le moment pour moi de montrer ce pourquoi on a cru en moi, il fallait que « j’explose ». Le rôle de Bouba a été créé par Ibou Gueye (le producteur) et je l’ai interprété. Mais ça a vraiment été un travail d’équipe. Ibou Gueye a été l’élément déclencheur qui m’a fait exploser. Il a su mettre sa main là où il fallait.
Un petit conseil aux filles pour échapper aux griffes des « Bouba »
Ben leur dire pour éviter de tomber dans les pièges des gars comme Bouba qu’une fille doit être prudente et ne pas être esclave de ses désirs qui souvent, ne sont les meilleures choses pour elle. De plus, il faut de la piété.
Des projets en vue ?
Oui bien sûr ! Pleins de projets mais bien que j’aime beaucoup mes followers, je ne les révélerai pas. Vous voyez un peu ? Ils ne seront pas déçus !
ANNA THIAW