Au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine reprenait la parole pour annoncer la mise en alerte de la « force de dissuasion » de l’armée russe. Une « force de dissuasion » qui comprend une composante nucléaire. Et notamment un missile redoutable surnommé Satan-2.
Son vrai nom militaire, c’est la RS-28 РС-28 Сармат SS-X-30. Mais il est surnommé Satan-2. Parce qu’il est réputé capable, grâce à une autonomie de quelque 18.000 kilomètres, « d’apporter l’enfer sur n’importe quelle région de la Terre ». C’est un missile balistique intercontinental développé depuis plus de 10 ans par la Russie. Un missile qui peut transporter jusqu’à 10 tonnes de charge utile. Comprenez, plusieurs têtes nucléaires. Et il est présenté comme « invulnérable ». Parce qu’il peut être lancé à une vitesse supersonique. Pour atteindre sa cible en quelques minutes seulement. Parce que sa longue portée lui permet de prendre des « raccourcis » par les pôles pour éviter les zones les mieux défendues avant de frapper sa cible.
Après les résultats positifs obtenus lors des essais d’éjection du missile, il y a quelques mois, le gouvernement russe avait annoncé être prêt à procéder à des essais en vol au troisième trimestre 2021. L’arme de plus de 200 tonnes ne devrait donc pas encore être prête à servir au combat avant quelques mois au moins. De là pourraient en revanche venir les images qui circulent actuellement beaucoup sur les réseaux sociaux de l’engin de mort sur les routes russes. Alors que Vladimir Poutine est apparu hier sur les écrans pour annoncer la mise en alerte de la « force de dissuasion » de l’armée russe. Comprenez que l’armée russe va procéder à des opérations qui lui permettront désormais d’être rapidement capable de recourir à l’usage de l’arme nucléaire.
Et c’est vrai. Selon les chiffres de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican), la Russie est aujourd’hui à la tête d’un arsenal de plus de 6.000 armes nucléaires — qui peuvent être lancées par des missiles, depuis des navires de surface ou des sous-marins ou larguées par des avions. C’est plus que les États-Unis qui en seraient à 5.600. Bien plus que la France qui en dispose moins de 300.
Un risque de guerre nucléaire ?
Rappelons que neuf pays au monde disposent d’armes nucléaires. Les États-Unis et la Russie, bien sûr. La France et le Royaume-Uni. L’Inde, la Chine et le Pakistan. Israël et la Corée du Nord, dernier État à avoir accédé au rang de puissance nucléaire. Mais seuls les deux premiers, les États-Unis et la Russie, sont équipés de toutes les armes nucléaires stratégiques qui existent. Et il va sans dire — même s’il est peut-être bon de le dire aujourd’hui — que le recours à seulement quelques-unes de ces armes entraînerait à coup sûr une catastrophe mondiale.
La plupart des 6.000 ogives nucléaires russes restent pour l’heure dans leurs réserves. Mais environ 1.600 sont déployées en permanence. Et il est à noter que si, au moment de l’effondrement de l’Union des républiques sociales soviétiques (URSS), des armes nucléaires étaient présentes sur le sol ukrainien, celles-ci ont été, depuis, rendues à la Russie.