Si les mutilations génitales féminines (MGF) étaient abandonnées maintenant, plus de 60% des 1,4 milliard de dollars par an de leur coût en matière de santé pourraient être économisés d’ici 2050, d’après le calculateur de coûts des MGF lancé cette année par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro pour les MGF.
Les données qui figurent dans ce nouvel outil, disponibles pour 27 des 30 pays où les MGF sont pratiquées, renforcent l’argument économique des militants communautaires, des décideurs politiques, des planificateurs de programmes et des donateurs, qui travaillent à mettre fin à cette violation des droits humains. « Plus de 200 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui ont été excisées dans 30 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie où les MGF sont concentrés. L’excision – ou les mutilations génitales féminines – comprend les procédures qui modifient ou endommagent intentionnellement les organes génitaux féminins pour des raisons non médicales », selon l’OMS. Elle souligne que cette pratique constitue une « forme extrême de discrimination fondée sur le sexe, elle est reconnue au niveau international comme une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes, notamment le droit à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, ainsi que le droit de ne pas être soumis à la torture ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
Des séquelles à vie avec une incidence économique importante
« Les MGF n’ont aucun effet bénéfique sur la santé et ne causent que des dommages », affirme l’OMS. Les femmes et les filles qui subissent des MGF risquent d’avoir des conséquences négatives sur leur santé à court et à long terme, sur leur bien-être physique, sexuel, mental et social. Le coût financier direct du traitement des complications sanitaires négatives causées par les MGF peut s’étendre sur plusieurs générations et commencent dès l’accouchement. Cela représente un fardeau économique important pour les systèmes de santé et les budgets nationaux, en particulier dans les pays où le taux d’excision féminine est supérieur à 10%. Jusqu’à présent, les données sur les coûts financiers associés aux MGF étaient limitées, ce qui rendait difficile la démonstration du rapport coût-efficacité des programmes et politiques visant à prévenir les MGF d’ici 2030, une priorité mondiale du Programme de développement durable. Le nouveau calculateur de coûts de l’OMS fournit désormais un argument économique qui peut être utilisé par ceux qui militent pour l’élimination des MGF.
Les utilisateurs de cet outil novateur peuvent choisir un pays et déterminer les coûts actuels du traitement des problèmes de santé causés par les MGF. Le calculateur est interactif et produit des graphiques sur mesure, montrant le montant potentiel des économies réalisées si les MGF sont évitées pour un pourcentage donné. Si aucune mesure n’est prise pour prévenir les mutilations génitales féminines, on estime que les coûts de santé liés à ces pratiques augmenteront de 50% d’ici 2050, en raison de l’augmentation de la population et du nombre de filles qui subissent cette procédure.
L’OMS souligne que les taux de MGF ont diminué au cours des 30 dernières années, « mais pas assez rapidement pour suivre la croissance démographique ». « Si la tendance se poursuit, le nombre de filles et de femmes subissant des mutilations génitales féminines augmentera considérablement au cours des 15 prochaines années, ce qui entraînera une hausse des coûts de santé nationaux liés à leur prise en charge », avertit l’OMS. Des ressources supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour intensifier les interventions susceptibles de prévenir les MGF à l’avenir et de réduire les complications sanitaires. « En fournissant pour la première fois des chiffres quantifiables sur le coût du traitement des problèmes de santé directement liés aux MGF, le calculateur de coûts des MGF peut être un outil crucial pour constituer un dossier d’investissement pour un avenir où aucune fille ou femme n’est excisée », fait valoir l’OMS.
NGOYA NDIAYE